LamĂšre d’un enfant de 33 ans est une Ă©leveuse d’insectes comestibles dans la campagne de l’est du Zimbabwe. Alors que les habitants de son village et d’ailleurs mangent depuis des gĂ©nĂ©rations des insectes et des vers qui se nourrissent dans la forĂȘt ou ramassĂ©s pendant les rĂ©coltes, la jeune entrepreneure a trouvĂ© un moyen de les Ă©lever toute l’annĂ©e et en

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Le Zimbabwe SI VOUS vous reportez Ă  la carte qui figure au dĂ©but de cet Annuaire, vous apercevrez dans la partie sud du continent africain un petit pays enfermĂ© dans les terres c’est le Zimbabwe anciennement la RhodĂ©sie du Sud et la RhodĂ©sie. Il s’étend entre deux fleuves, le Limpopo et le ZambĂšze. Au nord se trouve la Zambie, Ă  l’est le Mozambique, au sud l’Afrique du Sud et Ă  l’ouest le Botswana. Le Zimbabwe doit son nom Ă  plusieurs ensembles de ruines de pierre. La plupart d’entre eux avaient Ă©tĂ© bĂątis Ă  l’origine sans mortier, par des constructeurs trĂšs ingĂ©nieux Ă  l’évidence. Le nom Zimbabwe signifierait “lieu de pierre” ou “maisons vĂ©nĂ©rĂ©es”. Certains lui ont aussi donnĂ© le sens de “cour ou vaste lieu d’un chef”. Quelle qu’en soit la signification exacte, il a de toute façon un rapport Ă©troit avec des constructions imposantes en pierre, vestiges d’une sociĂ©tĂ© autrefois brillante. C’est aujourd’hui le nom officiel pour dĂ©signer la nation tout entiĂšre. La situation politique du pays a Ă©tĂ© le plus souvent trĂšs calme. Il y a toutefois eu une exception, et elle est de taille En effet, au cours des annĂ©es 1970 le Zimbabwe a connu une guerre meurtriĂšre qui a durĂ© presque une dĂ©cennie. L’enjeu du conflit le pouvoir majoritaire. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1920 jusqu’en 1965, le pays Ă©tait une colonie britannique autonome dirigĂ©e par une minoritĂ© blanche. Cependant, Ă  cause du refus de la Grande-Bretagne de continuer d’accorder l’indĂ©pendance Ă  cette colonie si la majoritĂ© ne prenait pas le pouvoir, le gouvernement a dĂ©clarĂ© unilatĂ©ralement son indĂ©pendance en 1965. Des graines de mĂ©contentement ont donc commencĂ© Ă  germer, et elles se sont dĂ©veloppĂ©es au point que l’opposition au pouvoir minoritaire a dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© en une guerre totale qui ne s’est pas achevĂ©e avant 1980. Cette annĂ©e-​lĂ , on a organisĂ© pour la premiĂšre fois des Ă©lections afin de porter la majoritĂ© au pouvoir. C’est Ă  la suite de ces Ă©lections que le pays a pris le nom de Zimbabwe. LES RESSOURCES NATURELLES Le Zimbabwe bĂ©nĂ©ficie d’un climat tempĂ©rĂ© et offre tout ce que l’on pourrait dĂ©sirer, si ce n’est davantage des pluies rafraĂźchissantes l’étĂ© et des journĂ©es chaudes et ensoleillĂ©es l’hiver. Les tempĂ©ratures sont presque idĂ©ales dans la plupart des rĂ©gions. À Harare anciennement Salisbury, la capitale, les tempĂ©ratures maximales sont en moyenne de 28 °C en Ă©tĂ© et de 18 °C en hiver. Ce climat a Ă©tĂ© trĂšs favorable au dĂ©veloppement d’une agriculture variĂ©e. Qu’est-​ce qui flattera le plus votre palais? Les fruits tropicaux doux et fondants, tels que les bananes, les papayes et les mangues? Ou bien des fruits plus juteux, comme les pommes, les poires, les pĂȘches et les nectarines? Vous trouverez tout cela au Zimbabwe. Pour le plaisir des yeux, le pays offre des panoramas magnifiques. À l’ouest vous dĂ©couvrirez les cĂ©lĂšbres chutes Victoria, une des sept merveilles du monde contemporain. À l’est vous pourrez admirer ces impressionnantes rĂ©gions montagneuses, les “Eastern Highlands”. En outre vous rencontrerez aussi, dispersĂ©es dans le pays, des rĂ©serves d’animaux sauvages. Toutefois, nous voulons vous entretenir de quelque chose de plus dĂ©sirable encore que tout cela. Il s’agit de ce que JĂ©hovah appelle “les choses dĂ©sirables de toutes les nations”. AggĂ©e 27. Oui, nous possĂ©dons Ă©galement au Zimbabwe ces “choses dĂ©sirables”, c’est-Ă -dire des personnes qui embrassent le vrai culte. Mais comment sont-​elles apparues dans ce pays? DE L’INTÉRÊT DÈS LE DÉBUT Il est trĂšs difficile de savoir Ă  quel moment prĂ©cis le message relatif au Royaume de Dieu a atteint pour la premiĂšre fois ce pays. Cependant, des rapports Ă©tablissent que vers 1910 de nombreux Ă©crits de la SociĂ©tĂ© en anglais circulaient dans le nord du Malawi Ă  l’époque le Nyasaland et en Afrique du Sud. Au plus tard au dĂ©but des annĂ©es 1920, le message renfermĂ© dans ces Ă©crits a pĂ©nĂ©trĂ© au Zimbabwe alors la RhodĂ©sie du Sud par l’intermĂ©diaire d’ouvriers itinĂ©rants. À partir de ce modeste dĂ©but, des groupes d’étude ont commencĂ© Ă  ĂȘtre formĂ©s en divers endroits, de Mutare, situĂ© Ă  la frontiĂšre du Mozambique, jusqu’à Hwange, une ville miniĂšre importante prĂšs des chutes Victoria, Ă  l’ouest. Hamilton Maseko est l’un de ceux qui ont connu la vĂ©ritĂ© au tout dĂ©but de l’Ɠuvre. Il sert toujours fidĂšlement comme ancien Ă  Pretoria, en Afrique du Sud. “En 1924, dit-​il, je me suis rendu du Nyasaland Ă  Bulawayo, oĂč j’ai commencĂ© Ă  frĂ©quenter les Étudiants de la Bible. Ce que ces gens-​lĂ  Ă©tudiaient avait un sens et me permettait de comprendre les promesses consignĂ©es dans la Bible.” Il est restĂ© dans cette ville pendant deux ans avant de se rendre en Afrique du Sud. Nason Mukaronda fait Ă©galement partie de ces premiers proclamateurs de la vĂ©ritĂ© divine au Zimbabwe. Il semble d’ailleurs qu’il ait Ă©tĂ© la premiĂšre personne Ă  se faire baptiser dans ce pays. Cela se passait en 1924. Il a entrepris le ministĂšre Ă  plein temps en 1947, puis il est devenu surveillant de circonscription l’annĂ©e suivante. À 82 ans, c’est encore un pionnier spĂ©cial plein de vigueur. L’ƒUVRE PROGRESSE SÉPARÉMENT À cause de circonstances particuliĂšres Ă  ce pays, l’intĂ©rĂȘt pour le message du Royaume s’est dĂ©veloppĂ© chez les Noirs et chez les Blancs selon deux chemins parallĂšles. Voyons d’abord les progrĂšs accomplis au dĂ©but de l’Ɠuvre dans le territoire africain. C’est en 1924 que la vĂ©ritĂ© aurait commencĂ© Ă  s’y implanter. Le premier Ă  connaĂźtre la vĂ©ritĂ© a Ă©tĂ© Nathan Muchinguri. Il se trouvait Ă  cette Ă©poque dans les districts de l’est. Voici ce qu’il dĂ©clare “Les deux hommes qui nous ont apportĂ© la vĂ©ritĂ© venaient du Nyasaland. Ils nous ont non seulement enseignĂ© les vĂ©ritĂ©s doctrinales, mais ils nous ont aussi montrĂ© que si nous voulions appartenir au peuple de Dieu nos cƓurs et nos actions devaient ĂȘtre purs.” Nathan Muchinguri a pris le baptĂȘme en cette annĂ©e 1924, et plus tard il a Ă©tĂ© le premier frĂšre Ă  ĂȘtre utilisĂ© par la SociĂ©tĂ© pour traduire des Ă©crits bibliques en chona, la langue parlĂ©e par la majoritĂ© de la population. Wilson Stima et Robin Manyochi sont deux autres frĂšres qui ont jouĂ© un rĂŽle important durant ces annĂ©es-​lĂ . FrĂšre Stima s’est d’abord intĂ©ressĂ© Ă  la vĂ©ritĂ© au Malawi, en 1925. Puis il s’est installĂ© au Zimbabwe, Ă  Mutare, oĂč il a Ă©tĂ© d’une grande aide pour le groupe nouvellement formĂ©. Il est ensuite parti pour Bulawayo, et en 1948 il est devenu un des premiers pionniers du pays. Depuis 1955, frĂšre Stima sert comme pionnier spĂ©cial. MalgrĂ© ses 76 ans, il persĂ©vĂšre dans ce service. Quant Ă  frĂšre Robin Manyochi, il a dĂ©butĂ© sa carriĂšre thĂ©ocratique en 1929 Ă  Bulawayo, la deuxiĂšme ville du Zimbabwe. Mais c’est Ă  Salisbury aujourd’hui Harare qu’il a Ă©tĂ© baptisĂ© en 1932. Quand il est arrivĂ© dans cette ville, il n’a pas tardĂ© Ă  se joindre Ă  Willie Kuchocha et aux quelques autres frĂšres qui composaient alors la seule congrĂ©gation de la rĂ©gion. Toutefois, frĂšres Manyochi et Kuchocha ont pris rapidement conscience que tous ceux qui frĂ©quentaient la congrĂ©gation n’étaient pas des TĂ©moins de JĂ©hovah sincĂšres. Mais laissons frĂšre Manyochi nous relater ce qui est arrivĂ© “En 1932 nous avons reçu une lettre de la filiale du Cap nous informant que nous devions commencer Ă  prĂȘcher de maison en maison, ce que nous n’avions pas fait jusqu’à prĂ©sent. De toute la congrĂ©gation, seuls frĂšre et sƓur Kaunda, Willie Kuchocha et moi avons pris Ă  cƓur de suivre ces instructions, ce qui nous a valu d’ĂȘtre exclus. MalgrĂ© tout, d’autres ont compris un peu plus tard que l’activitĂ© de maison en maison Ă©tait conforme aux Écritures, et ils nous ont donc accompagnĂ©s. Mais que sont devenus ceux qui s’opposaient Ă  cette façon de prĂȘcher? En 1933 les autoritĂ©s, que l’activitĂ© croissante des proclamateurs inquiĂ©tait, ont expulsĂ© l’ancien surveillant et son adjoint, pensant qu’ils Ă©taient encore les meneurs’ de la congrĂ©gation.” FrĂšre Manyochi a vĂ©cu des moments particuliĂšrement mĂ©morables durant les premiĂšres annĂ©es oĂč il a connu la vĂ©ritĂ©. Une fois on l’a amenĂ© devant le commissaire du district local parce qu’il prĂȘchait. Quand on lui a demandĂ© d’oĂč il tenait les choses qu’il enseignait, il a rĂ©pondu “Dans la Bible, le livre que vous nous avez apportĂ© en Afrique. Je ne fais qu’expliquer aux gens ce que j’apprends dans la Bible.” Robin Manyochi est aujourd’hui ĂągĂ© de 85 ans. Lui et sa femme Rosie ont passĂ© plusieurs annĂ©es dans le service de la circonscription et ils sont maintenant pionniers spĂ©ciaux. Un surveillant de circonscription a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© Ă  propos de frĂšre Manyochi “Ce frĂšre ĂągĂ© accomplit un travail extraordinaire. Il conduit de nombreuses Ă©tudes de la Bible. La plupart des proclamateurs comptent beaucoup sur lui.” LES DÉBUTS DANS LE TERRITOIRE ANGLAIS Tournons-​nous maintenant vers le territoire anglais. Curieusement, les graines de vĂ©ritĂ© ont commencĂ© Ă  ĂȘtre rĂ©pandues Ă  peu prĂšs Ă  la mĂȘme Ă©poque que dans le territoire indigĂšne, mais de façon diffĂ©rente. En 1921 trois frĂšres de la filiale d’Afrique du Sud, Henry Ancketill, P. de Jager et P. Williams, ont fait un voyage Ă©clair au Zimbabwe et ont prononcĂ© des discours Ă  Bulawayo et Ă  Salisbury. D’autres frĂšres ont suivi leur exemple en 1924 et en 1925. Leur objectif principal Ă©tait d’obtenir la reconnaissance de l’Ɠuvre dans le pays. Malheureusement, leurs dĂ©marches n’ont pas abouti. L’activitĂ© de ces TĂ©moins anglophones Ă©tait limitĂ©e. En effet, on leur avait interdit tout contact avec les Africains, qui composaient la grande majoritĂ© de la population. NĂ©anmoins, des graines de vĂ©ritĂ© ont pu ĂȘtre semĂ©es. Entre autres endroits oĂč la vĂ©ritĂ© a pris racine, il y avait un ranch trĂšs isolĂ© de 610 000 hectares, oĂč Jack McLuckie travaillait. C’était en 1928. La femme de Jack, Dorell, se trouvait en Afrique du Sud Ă  ce moment-​lĂ , et le frĂšre de Jack, Bert, lui a fait part du message du Royaume. À la suite de cela, Jack a reçu les sept volumes des Études des Écritures. Jack Ă©tait si enthousiasmĂ© par ce qu’il apprenait qu’immĂ©diatement il a eu l’immense dĂ©sir de faire connaĂźtre la bonne nouvelle Ă  ses amis. Mais ce n’était pas facile. En effet, le bureau de poste le plus proche se trouvait Ă  quelque 90 kilomĂštres. Quant aux voisins, ils Ă©taient peu nombreux et habitaient assez loin du ranch. En ce qui concerne les moyens de transport, ils se limitaient au mulet et au char Ă  bƓufs. Toutefois, ce n’est pas ce qui a arrĂȘtĂ© Jack. Il a Ă©crit Ă  la SociĂ©tĂ© pour demander des brochures afin de les distribuer. Lorsqu’il se rĂ©unissait avec des voisins Ă  la ferme, il saisissait toutes les occasions de rendre tĂ©moignage au Royaume. Du reste, Jack, son frĂšre Bert surnommĂ©s affectueusement “oncle Jack” et “oncle Bertie” et leur famille sont devenus si zĂ©lĂ©s que dans tout le sud du pays la vĂ©ritĂ© allait ĂȘtre connue comme “la religion des McLuckie”. DANS LES ANNÉES 1930 La filiale d’Afrique du Sud, rĂ©solue Ă  implanter solidement la vĂ©ritĂ© parmi toutes les races, a envoyĂ© au Zimbabwe en 1932 quatre pionniers, dont Robert Nisbet qui sert aujourd’hui en Australie. Mais leur voyage ne s’est pas dĂ©roulĂ© sans problĂšmes. Ils Ă©taient dans le pays depuis dix jours seulement que dĂ©jĂ  ils Ă©taient convoquĂ©s Ă  la police judiciaire. Quelques jours plus tard, on leur a intimĂ© l’ordre de quitter le pays dans les quarante-huit heures en leur disant qu’il n’était pas question pour eux de faire appel. MalgrĂ© tout, ils ont pu interjeter appel. FrĂšre Nisbet raconte “On nous a autorisĂ©s Ă  rester six mois de plus Ă  condition de ne pas dĂ©ployer notre activitĂ© parmi les Africains”, ce qui semblait ĂȘtre la grande crainte des autoritĂ©s en ce temps-​lĂ . Cette visite effectuĂ©e en 1932 a produit peu de rĂ©sultats. On en a cependant organisĂ© une autre en 1938, et celle-ci a portĂ© plus de fruits. À cette Ă©poque, les proclamateurs Ă©taient assez nombreux pour que l’on puisse former la premiĂšre congrĂ©gation d’expression anglaise. LA BARRIÈRE RACIALE Pendant ce temps, le Zimbabwe ouvrait ses portes Ă  un frĂšre qui devait faire beaucoup pour poser les fondements de l’Ɠuvre dans le pays, et plus particuliĂšrement dans le territoire de Bulawayo. Il s’agit de Willie McGregor. Bien qu’il soit maintenant ĂągĂ© de 80 ans, il sert toujours comme ancien dans une congrĂ©gation de Bulawayo. Ce frĂšre a Ă©tĂ© baptisĂ© en Écosse en 1924, puis il est venu au Zimbabwe en 1929 oĂč il a travaillĂ© comme employĂ© de banque. En 1933 il s’est installĂ© Ă  Bulawayo, et il a Ă©tĂ© d’une aide trĂšs prĂ©cieuse pour les frĂšres durant les annĂ©es difficiles. N’oubliez pas que pendant cette pĂ©riode le gouvernement ne se montrait guĂšre prĂȘt Ă  coopĂ©rer avec les TĂ©moins, notamment avec les frĂšres africains. Robert Nisbet reconnaĂźt que “l’opposition qui venait Ă  la fois du gouvernement et de nombreux RhodĂ©siens blancs a Ă©tĂ©, humainement parlant, trĂšs Ă©prouvante”. Les adversaires exerçaient de constantes pressions pour empĂȘcher le message de se rĂ©pandre dans le territoire indigĂšne. Ceci prĂ©sent Ă  l’esprit, il est intĂ©ressant de savoir comment s’est dĂ©roulĂ©e la premiĂšre Ă©tude de La Tour de Garde qui rĂ©unissait des frĂšres africains et anglais. Pour la circonstance, on avait demandĂ© l’aide de deux traducteurs. Mais Ă©coutons le rĂ©cit de Willie McGregor “L’étude avait commencĂ© depuis environ une demi-heure, quand nous avons vu s’approcher douze Ă  quinze policiers Ă  cheval. Cela a provoquĂ© une certaine tension. J’ai demandĂ© aux frĂšres de poursuivre l’étude comme si de rien n’était. Les policiers se sont avancĂ©s encore un peu plus afin de nous encercler l’étude se dĂ©roulait sous un arbre, en plein air. Ils s’étaient postĂ©s suffisamment prĂšs pour entendre ce qui Ă©tait dit et leurs chevaux Ă©taient tournĂ©s vers nous. Ils sont restĂ©s lĂ  jusqu’à la priĂšre finale. Au signal donnĂ©, ils ont fait demi-tour et sont partis.” Il n’y a eu aucune arrestation, aucune fouille. La barriĂšre qui empĂȘchait nos frĂšres noirs et nos frĂšres blancs de se rĂ©unir avait-​elle disparue? Pas exactement. Mais un pas avait Ă©tĂ© franchi vers sa suppression. DES BATAILLES JURIDIQUES N’ayant pu empĂȘcher la vĂ©ritĂ© de prendre racine au Zimbabwe, les autoritĂ©s ont utilisĂ© d’autres moyens pour s’opposer Ă  elle. De fait, l’annĂ©e 1936 a marquĂ© le dĂ©but d’une dĂ©cennie qui a vu la persĂ©cution officielle la plus intense jamais dirigĂ©e contre les TĂ©moins du Zimbabwe. Cette annĂ©e-​lĂ , le gouvernement a promulguĂ© la loi sur la sĂ©dition et a dĂ©crĂ©tĂ© que quatorze publications de la SociĂ©tĂ© Ă©taient sĂ©ditieuses. En 1937, l’affaire a Ă©tĂ© portĂ©e devant les tribunaux, et le verdict prononcĂ© devait faire jurisprudence. Voici comment Willie McGregor dĂ©crit ce qui s’est passĂ© “Les juges de Bulawayo ont estimĂ© que les publications de la SociĂ©tĂ© incitaient Ă  la rĂ©bellion. On a par consĂ©quent fait appel, et la Haute cour de Bulawayo a rendu son verdict Les publications n’étaient pas sĂ©ditieuses.” Montrant Ă  quel point il Ă©tait rĂ©solu Ă  interrompre la diffusion de nos Ă©crits bibliques, “le gouvernement a lui aussi formĂ© un pourvoi devant la division d’appel Ă  Bloemfontein, en Afrique du Sud. En mars 1938, celle-ci a confirmĂ© le jugement de la Haute cour de Bulawayo Les publications n’étaient pas sĂ©ditieuses. Elle a donc rejetĂ© l’appel et a condamnĂ© le gouvernement aux dĂ©pens”. Cette affaire a permis de donner un excellent tĂ©moignage. Le Chronicle de Bulawayo a publiĂ© tous les attendus du jugement. Au tribunal, George Phillips, membre de la filiale du Cap, Ă©tait assis Ă  cĂŽtĂ© de l’avocat de la SociĂ©tĂ©. Il l’aidait Ă  trouver des versets de la Bible appropriĂ©s et lui apportait son concours lorsqu’il fallait expliquer les extraits des publications jugĂ©es sĂ©ditieuses. Soit dit en passant, l’avocat de la SociĂ©tĂ©, M. Hugh Beadle, est devenu plus tard le prĂ©sident de la Cour suprĂȘme de RhodĂ©sie Zimbabwe. L’OPPOSITION S’ACCENTUE En 1939, les adversaires ont intensifiĂ© leurs efforts pour freiner les activitĂ©s de ce groupe de TĂ©moins zĂ©lĂ©s qui s’agrandissait, bien qu’il fĂ»t encore assez peu important. En ce temps-​lĂ , il y avait 477 proclamateurs dans le pays, dont 16 Ă©taient de race blanche. C’était surtout contre ces derniers que l’opposition Ă©tait dirigĂ©e. Cette mĂȘme annĂ©e, une famille se dĂ©plaçait au Zimbabwe, ce qui allait avoir une grande influence sur l’Ɠuvre du Royaume dans ce pays. Il s’agissait de Bert McLuckie, le frĂšre de Jack, de sa femme Carmen et de leurs enfants. Aujourd’hui encore Bert McLuckie, pourtant ĂągĂ© de 85 ans Ă  prĂ©sent, est connu pour la ferveur de ses discours et son zĂšle infatigable pour JĂ©hovah. Ce zĂšle devait l’amener, lui et sa famille, Ă  se trouver au cƓur de nombreux Ă©vĂ©nements passionnants, comme nous allons le voir. Durant l’annĂ©e 1940, les activitĂ©s du peuple de JĂ©hovah donnaient lieu Ă  maintes discussions et Ă  beaucoup d’inquiĂ©tude, surtout parmi les chefs religieux. Les journaux publiaient des lettres visant Ă  discrĂ©diter l’Ɠuvre de JĂ©hovah. En rĂ©ponse Ă  toutes ces attaques, la filiale du Cap avait imprimĂ© un tract intitulĂ© L’intolĂ©rance religieuse en RhodĂ©sie du Sud. Il Ă©tait destinĂ© Ă  “tous les habitants de la RhodĂ©sie respectueux de l’ordre”. Ce tract a Ă©tĂ© distribuĂ© dans tous les foyers, les bureaux et les quartiers d’affaires de Bulawayo et de la banlieue. En novembre 1940, le gouvernement a alors profitĂ© de l’hystĂ©rie de la guerre pour interdire l’importation et la diffusion de tous les Ă©crits de la SociĂ©tĂ©. La poignĂ©e de frĂšres, stimulĂ©s par le zĂšle de certains d’entre eux, comme Jack et Bert McLuckie et Willie McGregor, ont aussitĂŽt voulu savoir ce que valait une telle restriction. Ils sont partis dans le territoire avec des publications. La rĂ©action des autoritĂ©s ne s’est pas fait attendre! La police a procĂ©dĂ© Ă  des arrestations et une sĂ©rie de procĂšs ont suivi. Au dĂ©but, la plupart des frĂšres bĂ©nĂ©ficiaient d’un non-lieu et n’étaient pas jugĂ©s. Mais les choses devaient trĂšs vite changer. Peut-ĂȘtre aimeriez-​vous entendre une anecdote amusante. Un jour Bert et Jack McLuckie se sont retrouvĂ©s au tribunal. Jack n’était pas le genre de personne qui aurait aimĂ© ĂȘtre relĂąchĂ© pour une simple question de procĂ©dure; il aurait plutĂŽt prĂ©fĂ©rĂ© aller en prison. Laissons Bert nous faire part de ce qui est arrivĂ© “On m’a autorisĂ© Ă  interroger les tĂ©moins Ă  charge. Puisque Jack et moi nous nous ressemblons comme deux gouttes d’eau, je leur ai demandĂ© s’ils pouvaient dire avec certitude lequel de nous deux les avait abordĂ©s. Comme ils n’étaient pas affirmatifs, l’affaire a Ă©tĂ© classĂ©e, au grand dĂ©sappointement de Jack.” À cette mĂȘme Ă©poque, un grand nombre de frĂšres se sont retrouvĂ©s en prison, certains parce qu’ils avaient diffusĂ© des Ă©crits interdits, d’autres Ă  cause de leur neutralitĂ© chrĂ©tienne. Willie McGregor Ă©tait de ceux-lĂ . Il Ă©tait employĂ© de banque mais avait Ă©tĂ© renvoyĂ© de son travail. Voici ce qu’il explique Ă  propos de son emprisonnement “J’étais le seul dans cette prison pour EuropĂ©ens Ă  effectuer des tĂąches pĂ©nibles. Bien que les autres dĂ©tenus aient Ă©tĂ© condamnĂ©s pour meurtre, vol et violence de toutes sortes, ils passaient leur temps Ă  jouer aux Ă©checs ou aux dominos et Ă  lire des livres. Quant Ă  moi, je devais peindre les tuyaux et les boiseries Ă  l’extĂ©rieur du bĂątiment.” UN TOURNANT S’AMORCE Au dĂ©but des annĂ©es 1940, les autoritĂ©s n’ont pas modifiĂ© leur attitude Ă  l’égard de l’Ɠuvre du Royaume. En 1942 l’annĂ©e oĂč Bert McLuckie passa encore quatre mois et demi en prison, les frĂšres ont imprimĂ© une brochure qui contenait des extraits de l’Annuaire et qui Ă©tait intitulĂ©e Les TĂ©moins de JĂ©hovah Qui sont-​ils? En quoi consiste leur activitĂ©? Mais les arrestations ne faisaient que se multiplier, et cela bien que la brochure ne portĂąt plus le nom d’aucun proclamateur. Parmi ceux qui ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s figuraient Willie McGregor et Gerry Arsenis, un frĂšre grec baptisĂ© depuis peu qui vivait Ă  Salisbury aujourd’hui Harare. Toutefois, la situation devait s’apaiser progressivement. TĂ©moin cette longue lettre qu’une femme a adressĂ©e au Bulawayo Chronicle et dont voici le contenu “Un jour M. McLuckie est venu chez nous. Il Ă©tait trĂšs calme et tenait une Bible Ă  la main. Quand je suis allĂ©e ouvrir la porte, il m’a dit d’une façon courtoise Je vous apporte un message, aimeriez-​vous l’entendre?’ J’ai rĂ©pliquĂ© sĂšchement Vous n’avez pas encore retenu la leçon?’ Il m’a alors rĂ©pondu De quoi voulez-​vous parler? De notre sĂ©jour en prison?’ Oui’, lui ai-​je rĂ©torquĂ©. Sur quoi j’ai appelĂ© mon mari pour qu’il s’occupe de lui. Mais l’attitude de cet homme qui avait la Bible Ă  la main et qui se montrait poli Ă©tait irrĂ©prochable. On ne pouvait donc pas employer la violence pour le mettre Ă  la porte ni mĂȘme appeler la police. Nous n’avons pas su quoi lui dire et il est reparti aussi tranquillement qu’il Ă©tait venu.” Pendant la Seconde Guerre mondiale, le nombre des proclamateurs n’a cessĂ© d’augmenter pour atteindre finalement un maximum de 1 090 prĂ©dicateurs en 1943. L’annĂ©e suivante, en dĂ©pit des restrictions que connaissait l’Ɠuvre, deux assemblĂ©es ont Ă©tĂ© organisĂ©es pour les frĂšres qui parlaient la langue du pays, et une autre, plus petite, pour la congrĂ©gation d’expression anglaise. On a enregistrĂ© pour ces trois assemblĂ©es une assistance totale de 1 101 personnes. Durant cette pĂ©riode au cours de laquelle nos frĂšres blancs ont dĂ» affronter maintes difficultĂ©s, les TĂ©moins africains Ă©taient donc trĂšs actifs. LES RESTRICTIONS SONT LEVÉES Les frĂšres se sont vraiment rĂ©jouis d’apprendre en 1946 que le gouvernement ĂŽtait enfin les restrictions sur l’importation et la diffusion des Ă©crits de la SociĂ©tĂ©. Cependant, il allait y avoir un grand travail Ă  effectuer pour apprendre aux proclamateurs Ă  donner le tĂ©moignage de maison en maison. Il Ă©tait aussi indispensable d’avoir des frĂšres qui prennent la tĂȘte dans la prĂ©dication. Le 1er juillet 1947, un grand pas a Ă©tĂ© franchi pour combler ce besoin. À cette date, Bert McLuckie a Ă©tĂ© chargĂ© d’ouvrir un dĂ©pĂŽt pour la SociĂ©tĂ© Ă  Bulawayo, sous la direction de la filiale d’Afrique du Sud. DÉBUT DE L’ACTIVITÉ DES PIONNIERS Jusqu’en 1947 on n’avait pas beaucoup parlĂ© du service de pionnier. Mais Ă  partir de cette annĂ©e-​lĂ , on a mis l’accent sur cette forme de service. Auparavant, le Zimbabwe ne comptait que deux ou trois pionniers, et certaines annĂ©es il y en avait mĂȘme aucun. En 1947 nous avions 3 pionniers, dont Naso Mukaronda et Robin Manyochi. DĂšs lors, le service de pionnier a commencĂ© Ă  se dĂ©velopper rapidement. En 1949 nous avions une moyenne de 114 pionniers; en 1950 leur nombre a augmentĂ© de 156 pour cent et s’élevait Ă  292. C’est Ă©galement en 1949 que Zachariah Noah est devenu le premier pionnier spĂ©cial du pays. L’Ɠuvre prenait son essor. ORGANISÉS POUR ALLER DE L’AVANT Jusqu’alors c’était la filiale d’Afrique du Sud qui s’occupait de l’Ɠuvre au Zimbabwe. Mais en 1948 il s’est produit un changement qui devait avoir des effets d’une portĂ©e considĂ©rable. Au mois de janvier est arrivĂ© pour la premiĂšre fois un diplĂŽmĂ© de l’École de Galaad, Eric Cooke, que l’Annuaire appelait notre “don de Galaad”. Peu de temps aprĂšs, frĂšres N. Knorr et M. Henschel ont fait escale ici. Leur visite a marquĂ© une nouvelle Ă©tape importante dans l’amĂ©lioration apportĂ©e Ă  la surveillance et Ă  l’organisation des congrĂ©gations. Une filiale a donc Ă©tĂ© ouverte le 1er septembre 1948, et Eric Cooke a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© pour en ĂȘtre le surveillant. Il Ă©tait Ă©vident que l’activitĂ© avait besoin d’ĂȘtre mieux dirigĂ©e, car le nombre des proclamateurs avait dĂ©jĂ  dĂ©passĂ© le cap des 3 500, rĂ©partis dans 117 congrĂ©gations. Pour ce faire, en 1948 ces congrĂ©gations ont Ă©tĂ© regroupĂ©es en 5 circonscriptions. Imaginez la tĂąche de ces surveillants de circonscription ils Ă©taient 5 pour un pays d’à peu prĂšs 400 000 kilomĂštres carrĂ©s! Ils se dĂ©plaçaient parfois en autocar ou en train, mais le plus souvent ils devaient prendre la bicyclette! Ce n’était toutefois qu’un commencement. DU RENFORT DE GALAAD Vous vous rappelez que dĂšs le dĂ©but l’activitĂ© Ă©tait freinĂ©e parce que les frĂšres europĂ©ens ne pouvaient pas travailler dans les rĂ©gions oĂč vivaient les Africains. En effet, les frĂšres blancs n’étaient pas autorisĂ©s Ă  pĂ©nĂ©trer dans ce qu’on appelait les “rĂ©serves indigĂšnes”, mĂȘme pour surveiller l’Ɠuvre. C’est dans ce contexte-​lĂ  que sont arrivĂ©s en fĂ©vrier 1949 quatre diplĂŽmĂ©s de la dixiĂšme classe de Galaad George et Ruby Bradley, Myrtle Taylor et Phyllis Kite. Eric Cooke et Myrtle Taylor devaient se marier plus tard, et ils servent maintenant comme missionnaires en Afrique du Sud. On avait donnĂ© Ă  ces quatre missionnaires une autorisation de sĂ©jour dans le pays, mais seulement Ă  titre provisoire. Pourquoi? Parce que, selon le chef du service de l’immigration, les TĂ©moins de JĂ©hovah Ă©taient encore sur la “liste noire” des autoritĂ©s. Cependant, aprĂšs plusieurs mois d’activitĂ© parmi les Blancs Ă  Bulawayo, Eric Cooke a Ă©tĂ© convoquĂ© au service de l’immigration oĂč on l’a informĂ© que la pĂ©riode d’autorisation temporaire Ă©tait achevĂ©e et qu’elle devenait permanente pour les quatre missionnaires. Cette victoire allait permettre Ă  d’autres diplĂŽmĂ©s de Galaad de se rendre ultĂ©rieurement dans ce pays. L’ACCROISSEMENT SE POURSUIT Ce succĂšs n’a pas levĂ© pour autant les restrictions concernant l’activitĂ© des Blancs dans les endroits rĂ©servĂ©s aux Africains. Il a cependant jouĂ© un rĂŽle non nĂ©gligeable pour affermir la prĂ©dication du Royaume dans les rĂ©gions anglophones. Par exemple, Ă  Bulawayo, oĂč la filiale et la maison des missionnaires avaient Ă©tĂ© installĂ©es, la congrĂ©gation a connu en 1949 un accroissement de 54 pour cent du nombre des proclamateurs. Doren Kilgour, qui venait de cette congrĂ©gation, a Ă©tĂ© l’un de nos premiers pionniers Ă  se rendre Ă  l’École de Galaad, oĂč elle a reçu son diplĂŽme en 1956. AprĂšs quelques annĂ©es passĂ©es au Zimbabwe, elle a Ă©tĂ© envoyĂ©e en Afrique du Sud et y a servi en tant que missionnaire jusqu’en fĂ©vrier 1983. Puis elle a dĂ» revenir au Zimbabwe pour prendre soin de sa mĂšre ĂągĂ©e. Elle continue Ă  donner un bel exemple en tant que pionnier spĂ©cial. Pendant cette pĂ©riode, l’accroissement a Ă©tĂ© rapide. De 1948 Ă  1951, le maximum de proclamateurs est passĂ© de 4 232 Ă  9 088, les congrĂ©gations se sont accrues de 117 Ă  191 et les circonscriptions de cinq Ă  sept. L’annĂ©e de service 1951 a Ă©tĂ© trĂšs rĂ©jouissante. Il y a eu 37 pour cent d’accroissement sur la moyenne des proclamateurs. DE L’AIDE INATTENDUE ArrĂȘtons-​nous un moment sur les sentiments que bien des gens avaient dĂ©veloppĂ©s Ă  l’égard des TĂ©moins de JĂ©hovah, sentiments qui les amenaient Ă  suspecter les intentions des frĂšres. Pour illustrer cela, voyons ce qui est arrivĂ© Ă  George Bradley Ă  Salisbury, durant le mois de juin 1950, aprĂšs le transfert dans la capitale du bureau de la filiale et de la maison des missionnaires. Alors que frĂšre Bradley dĂ©ployait son activitĂ© dans les rues, un homme bien vĂȘtu, apparemment surpris de voir La Tour de Garde et RĂ©veillez-vous! prĂ©sentĂ©s au vu et au su de tous, s’est approchĂ© de lui et lui a demandĂ© “Est-​ce que c’est communiste?” RassurĂ© par la rĂ©ponse nĂ©gative du frĂšre, il a alors dĂ©clarĂ© “Je m’appelle Dendy-Young, je suis membre du Parlement, et je dois avouer que je ne connais absolument pas votre activitĂ©.” AprĂšs avoir acceptĂ© deux pĂ©riodiques, il a demandĂ© Ă  ĂȘtre visitĂ© Ă  son bureau le lendemain. Au cours de cet entretien, il a reconnu que les pĂ©riodiques Ă©taient tout Ă  fait inoffensifs et a demandĂ© qu’on lui fasse parvenir une lettre expliquant clairement le but de notre Ɠuvre. Pourquoi cela? Eh bien parce que le Parlement allait dĂ©battre la loi sur les activitĂ©s subversives, et M. Dendy-Young avait l’impression que les TĂ©moins de JĂ©hovah allaient aussi ĂȘtre en cause. Il voulait lire devant le Parlement une lettre qui exposerait les faits. Il a tenu parole et la lettre a Ă©tĂ© lue dans son entier. Quand le projet a eu force de loi, il n’a jamais Ă©tĂ© appliquĂ© Ă  l’Ɠuvre des TĂ©moins de JĂ©hovah. PROBLÈMES D’IMPORTATION Au dĂ©but des annĂ©es 1950, un important conflit a Ă©tĂ© engagĂ© Ă  propos de l’importation d’écrits bibliques dans le pays. Depuis qu’un dĂ©pĂŽt avait Ă©tĂ© ouvert en 1947, celle-ci nous Ă©tait accordĂ©e chaque annĂ©e contre une modique somme versĂ©e en dollars. Mais quand nous avons renouvelĂ© la demande au dĂ©but de 1950, on nous l’a refusĂ©e. MĂȘme lorsque la filiale a proposĂ© un accord sur la base d’un don volontaire, la rĂ©ponse a Ă©tĂ© nĂ©gative. Que devions-​nous faire? Nous n’avions pas le choix. Il fallait continuer Ă  demander, dans l’espoir que les autoritĂ©s reviendraient sur leur dĂ©cision. Enfin, en aoĂ»t 1951, on nous a donnĂ© l’autorisation d’importer des publications en tant que don. Ainsi aucune devise Ă©trangĂšre ne sortirait du pays et cela ne toucherait pas non plus les recettes extĂ©rieures du gouvernement. La premiĂšre fois, on nous a permis d’importer des Ă©crits pour une somme de 11 200 dollars environ 110 000 francs français. Nous avons cru Ă  une erreur. Aussi avions-​nous dĂ©cidĂ© d’en profiter au cas oĂč nous n’obtiendrions pas une nouvelle autorisation. Nous avons donc utilisĂ© la somme maximale et en retour nous avons reçu 32 000 exemplaires du livre La religion a-​t-​elle servi l’humanitĂ©? Nous sommes heureux que ce livre se soit rĂ©vĂ©lĂ© un prĂ©cieux ouvrage pour Ă©tudier la Bible, car nous avons continuĂ© Ă  l’offrir jusqu’en 1975, soit 24 ans plus tard. UNE MEILLEURE ORGANISATION POUR RÉPONDRE AUX BESOINS AprĂšs l’ouverture de la filiale en 1948, nous avons connu un accroissement trĂšs rapide. Les chiffres peuvent ne pas nous Ă©clairer beaucoup, mais parfois ils sont rĂ©vĂ©lateurs. Par exemple, en 1949 il y a eu 7 415 assistants et 647 baptĂȘmes aux cinq assemblĂ©es de circonscription. Dans les trois annĂ©es suivantes, 5 186 personnes ont Ă©tĂ© baptisĂ©es, soit 1 587 de plus que le nombre moyen de proclamateurs dans le pays l’annĂ©e oĂč la filiale a Ă©tĂ© ouverte. C’est alors qu’un autre Ă©vĂ©nement s’est produit. Au mois de dĂ©cembre 1952, frĂšres Knorr et Henschel nous ont rendu une autre visite. Cette fois-​ci, lors d’un congrĂšs en plein air qui se dĂ©roulait pendant la saison chaude et pluvieuse, ils se sont adressĂ©s Ă  15 000 personnes, soit une assistance deux fois plus nombreuse qu’en 1949. On a donc compris qu’une meilleure organisation Ă©tait indispensable. C’est ainsi qu’on a achetĂ© un bĂątiment dans le centre de la capitale. La maison des missionnaires et le bureau de la filiale allaient s’y installer pour les 20 annĂ©es Ă  venir. L’ACTIVITÉ DU DISTRICT APPORTE DES BIENFAITS Jusqu’en 1953, l’activitĂ© du surveillant de district Ă©tait dirigĂ©e Ă  partir de la filiale. Mais il devenait Ă©vident qu’un surveillant de district Ă  plein temps Ă©tait nĂ©cessaire, puisque les circonscriptions Ă©taient Ă  prĂ©sent au nombre de 13. Depuis lors, on a nommĂ© des surveillants de district Ă  temps complet, qui ont Ă©tĂ© surtout dans les annĂ©es suivantes des diplĂŽmĂ©s de Galaad. MĂȘme si les surveillants de district ne pouvaient pas encore se rendre dans certains endroits, leur activitĂ© a nĂ©anmoins apportĂ© beaucoup de bienfaits. Entre autres, elle a aidĂ© un grand nombre de fermiers et de mineurs Ă  se dĂ©faire de leurs prĂ©jugĂ©s concernant notre Ɠuvre. Voyons-​en un exemple. Un jour, on avait organisĂ© une assemblĂ©e de circonscription Ă  Mberengwa, petit village situĂ© au sud du pays dans une vaste rĂ©gion qui comprend beaucoup de fermes et de mines gĂ©rĂ©es par les EuropĂ©ens. Pendant que les prĂ©paratifs allaient bon train, Ruby Bradley Ă©tait allĂ© visiter un retraitĂ© qui habitait prĂšs de la mine. Cet homme avait beaucoup d’idĂ©es prĂ©conçues sur notre activitĂ©. Il Ă©tait profondĂ©ment inquiet des rĂ©percussions qu’elle pouvait avoir sur les Africains. AprĂšs qu’il eut fini de dire tout ce qu’il avait sur le cƓur, sƓur Bradley lui demanda “Voulez-​vous me donner une petite chance de vous montrer en quoi consiste notre Ɠuvre?” Il acquiesça. Ainsi, pendant les quelques minutes qui suivirent, elle lui expliqua le but de la prĂ©dication du Royaume. Elle lui dit aussi que des directeurs de grandes compagnies miniĂšres elle en connaissait un avaient remarquĂ© que les TĂ©moins africains Ă©taient honnĂȘtes et dignes de confiance. Cet homme fut si impressionnĂ© par ce qu’il entendit qu’il prit quatre livres et s’abonna Ă  La Tour de Garde et Ă  RĂ©veillez-vous! Cette visite s’avĂ©ra finalement trĂšs profitable. Nous savions que beaucoup s’opposaient Ă  notre assemblĂ©e et allaient tenter de l’interrompre. Mais cet homme sincĂšre prit sur lui de clarifier les choses. Il se rendit Ă  l’hĂŽtel du village, oĂč de nombreuses personnes s’étaient rassemblĂ©es, et il leur fit part de ce qu’il avait appris. Depuis, les assemblĂ©es n’ont plus jamais Ă©tĂ© perturbĂ©es dans cette rĂ©gion. À cette Ă©poque, l’intĂ©rĂȘt pour le message du Royaume Ă©tait remarquable dans ces endroits isolĂ©s. Il arrivait souvent que le surveillant de district et sa femme placent toutes leurs publications et qu’ils n’aient alors d’autre ressource que de proposer l’abonnement aux habitants du territoire. Le travail effectuĂ© dans le district a permis Ă©galement de faire connaĂźtre les films de la SociĂ©tĂ©. En 1954, au cours d’une assemblĂ©e de circonscription, on projeta le film intitulĂ© La SociĂ©tĂ© du Monde Nouveau en action. Il Ă©tait trĂšs rĂ©jouissant de voir 3 378 personnes assister Ă  la sĂ©ance, alors qu’il n’y avait que 700 proclamateurs environ dans la circonscription. D’autres films ont Ă©tĂ© projetĂ©s depuis cette Ă©poque et ont continuĂ© d’attirer des foules de personnes. Beaucoup Ă©taient Ă©tonnĂ©s lorsqu’ils voyaient que l’organisation de JĂ©hovah s’étendait sur toute la terre. LES CONGRÉGATIONS COMMENCENT À ÊTRE PURIFIÉES L’accroissement trĂšs rapide du dĂ©but des annĂ©es 1950 n’allait pas sans poser de problĂšmes. Il devint Ă©vident qu’un grand nombre de ceux qui avaient Ă©tĂ© baptisĂ©s n’avaient pas vraiment abandonnĂ© leurs pratiques et leurs habitudes mauvaises. Certains s’étaient fait baptiser simplement parce qu’ils assistaient aux assemblĂ©es de circonscription, et ils ne s’étaient pas entiĂšrement vouĂ©s Ă  JĂ©hovah. Pour d’autres, le baptĂȘme ne fut qu’un feu de paille ou l’attrait de quelque chose de nouveau. De plus, de nombreux mariages chrĂ©tiens n’avaient pas Ă©tĂ© enregistrĂ©s lĂ©galement. Avant que les Blancs n’arrivent au Zimbabwe, les mariages Ă©taient cĂ©lĂ©brĂ©s selon la tradition africaine. Par exemple, on recourait Ă  des intermĂ©diaires, ou bien la fiancĂ©e Ă©tait mise Ă  prix. Ces pratiques ont continuĂ© aprĂšs que le gouvernement a demandĂ© que les mariages soient reconnus par les autoritĂ©s civiles. Pour rĂ©gler cette question, le gouvernement a dĂ©cidĂ© de valider tous les mariages qui avaient Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©s selon les coutumes tribales avant le 1er janvier 1951. Depuis cette date, tous les mariages doivent ĂȘtre enregistrĂ©s lĂ©galement pour ĂȘtre reconnus par les autoritĂ©s. Mais les coutumes ancestrales sont profondĂ©ment ancrĂ©es dans la vie quotidienne et beaucoup de gens y sont restĂ©s attachĂ©s. La SociĂ©tĂ©, quant Ă  elle, ne pouvait Ă©videmment pas accepter les mariages cĂ©lĂ©brĂ©s selon les coutumes tribales aprĂšs le 1er janvier 1951, qui n’étaient plus reconnus par le gouvernement Rom. 131, 2; Luc 21-5. AprĂšs avoir examinĂ© la question sous tous les angles, elle a informĂ© les congrĂ©gations des exigences bibliques. Tous ceux qui n’étaient pas dans une situation matrimoniale lĂ©gale devaient la rĂ©gulariser dans les six mois. PassĂ© ce dĂ©lai, si rien n’avait Ă©tĂ© fait dans ce sens et s’il n’y avait aucune circonstance attĂ©nuante, ils Ă©taient exclus. Il est rĂ©jouissant de savoir que de nombreux TĂ©moins, par amour pour JĂ©hovah, ont fait sans tarder les dĂ©marches nĂ©cessaires. Mais ce n’était pas une mince affaire. Certains ont dĂ» se rendre dans des pays voisins ou faire venir des parents de ces pays avant de pouvoir entamer la procĂ©dure. Quelques centaines de frĂšres et sƓurs n’ont cependant pas voulu apporter les changements nĂ©cessaires pour vivre en harmonie avec les justes principes de JĂ©hovah et ont dĂ» ĂȘtre exclus au dĂ©but de 1955. Mais il est encourageant d’apprendre que rĂ©cemment, aprĂšs avoir rĂ©gularisĂ© leur situation, certains ont Ă©tĂ© rĂ©intĂ©grĂ©s et servent de nouveau JĂ©hovah joyeusement. LE NOMBRE DES PIONNIERS DIMINUE C’est en 1949 que le service de pionnier a commencĂ© Ă  se dĂ©velopper. Cette annĂ©e-​lĂ , 114 prĂ©dicateurs servaient dans les rangs des pionniers, et en 1952 leur nombre passait Ă  949, sans compter les 6 pionniers spĂ©ciaux. Quel merveilleux accroissement! Toutefois, au fil du temps on s’est aperçu qu’un trĂšs grand nombre de pionniers ne remplissaient pas leurs rapports avec exactitude. Beaucoup ne rapportaient pas les heures effectivement passĂ©es dans la prĂ©dication, mais ils se contentaient d’inscrire le minimum requis, qui Ă©tait de 100 heures. Quelle en Ă©tait la raison? QuantitĂ© de pionniers ne savaient ni lire ni Ă©crire. En 1955, le siĂšge mondial des TĂ©moins de JĂ©hovah informa alors la filiale que pour ĂȘtre sur la liste des pionniers, le frĂšre ou la sƓur devaient savoir lire et Ă©crire. Au fur et Ă  mesure que les surveillants de circonscription visitaient les congrĂ©gations oĂč servaient ces pionniers, le nombre de ceux-ci baissait. Mais nous sommes heureux de vous dire que, grĂące aux cours de lecture et d’écriture organisĂ©s dans les congrĂ©gations, certains de ces TĂ©moins ont repris le service de pionnier une quinzaine d’annĂ©es aprĂšs. LA LUTTE POUR LA RECONNAISSANCE LÉGALE Il convient maintenant de reparler du problĂšme de la surveillance des congrĂ©gations dans les territoires nationaux rĂ©servĂ©s aux Noirs. Jusqu’à prĂ©sent les surveillants de district, qui Ă©taient EuropĂ©ens, se voyaient refuser l’entrĂ©e dans ces rĂ©gions, soit dans presque la moitiĂ© du pays. Ils pouvaient collaborer avec les surveillants de circonscription et assister aux assemblĂ©es de circonscription mais uniquement en dehors de ces zones. Bien sĂ»r, cela entravait considĂ©rablement les efforts de la SociĂ©tĂ© pour fortifier ces congrĂ©gations. Mais d’oĂč venait le problĂšme? Notre religion n’était pas reconnue officiellement. Alors, que fallait-​il faire pour qu’elle le devienne? Lester Davey, qui Ă©tait venu de Galaad en 1959 et qui servait Ă  prĂ©sent comme surveillant de filiale, Ă©tait d’avis qu’un grand pas serait fait vers la reconnaissance de l’Ɠuvre si les TĂ©moins obtenaient le droit de cĂ©lĂ©brer des mariages. DĂ©jĂ  en 1949 une telle demande avait Ă©tĂ© adressĂ©e aux autoritĂ©s, mais elle n’avait pas Ă©tĂ© acceptĂ©e. Le fait que tous les TĂ©moins de JĂ©hovah soient des ministres Ă©tait l’un des principaux obstacles Ă  cette question. Le gouvernement faisait valoir que la loi sur le mariage permettait Ă  tout ministre d’une religion officiellement reconnue de cĂ©lĂ©brer un mariage, et que par consĂ©quent tous les TĂ©moins seraient Ă  mĂȘme d’unir deux personnes. La filiale s’est alors engagĂ©e Ă  ce que seuls des reprĂ©sentants spĂ©ciaux de la SociĂ©tĂ© ayant en leur possession un certificat d’ordination cĂ©lĂšbrent les mariages. Finalement les dĂ©marches allaient aboutir. Au mois de mai 1956, sept frĂšres choisis d’entre les diplĂŽmĂ©s de Galaad et les membres du BĂ©thel ont Ă©tĂ© nommĂ©s pour assumer cette responsabilitĂ©. Une Ă©tape dĂ©cisive vers la reconnaissance complĂšte de l’Ɠuvre avait Ă©tĂ© franchie. D’AUTRES VICTOIRES En juin 1956 Bud et Joan Miller, un couple amĂ©ricain, sont arrivĂ©s au Zimbabwe. AprĂšs avoir suivi les cours de l’École de Galaad, frĂšre Miller a Ă©tĂ© nommĂ© surveillant de la filiale. Lui aussi a poursuivi les dĂ©marches pour que des surveillants itinĂ©rants europĂ©ens puissent se rendre dans les rĂ©serves. C’est Ă  ce moment-​lĂ  que la dĂ©cision autorisant certains TĂ©moins Ă  cĂ©lĂ©brer les mariages s’est rĂ©vĂ©lĂ©e trĂšs utile. Voici quelques extraits de lettres du ministĂšre des Affaires indigĂšnes, avec lequel la SociĂ©tĂ© correspondait rĂ©guliĂšrement 27 septembre 1956 “Objet L’entrĂ©e des surveillants europĂ©ens dans les rĂ©serves. La question est Ă  l’étude.” 8 dĂ©cembre 1956 “Seuls les surveillants europĂ©ens qui ont Ă©tĂ© autorisĂ©s par le ministĂšre de la Justice et de l’IntĂ©rieur Ă  cĂ©lĂ©brer les mariages pourront se rendre dans les rĂ©serves.” 14 janvier 1957 “DorĂ©navant, il est permis Ă  ces personnes d’entrer dans les rĂ©serves.” Les surveillants de district et de circonscription avaient enfin l’autorisation de visiter les congrĂ©gations dans ces vastes rĂ©gions. Il va sans dire que JĂ©hovah dirigeait les Ă©vĂ©nements pour que sa volontĂ© se fasse dans tout le pays. LE NOMBRE DES PROCLAMATEURS DIMINUE D’autres raisons expliquent la lenteur de l’accroissement pendant une certaine pĂ©riode. En effet, pour s’assurer que tous remplissaient bien les conditions requises, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© que les candidats au baptĂȘme Ă©tudieraient certaines questions, semblables Ă  celles que l’on trouve maintenant dans le livre OrganisĂ©s pour bien remplir notre ministĂšre. Le surveillant de la congrĂ©gation devait ensuite donner son accord. En plus de tout cela, les candidats au baptĂȘme auraient un entretien avec le surveillant de district aux assemblĂ©es de circonscription et avec des reprĂ©sentants spĂ©ciaux de la SociĂ©tĂ© aux assemblĂ©es de district. Comme il fallait s’y attendre, le nombre des baptĂȘmes a baissĂ©. Par exemple en 1957, Ă  une assemblĂ©e oĂč l’on comptait 16 000 assistants, il n’y a eu que 100 baptĂȘmes. Ce nombre Ă©tait nettement infĂ©rieur Ă  ceux enregistrĂ©s lors des assemblĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Toutefois, grĂące Ă  cette disposition les congrĂ©gations Ă©taient spirituellement fortes. En effet, elles se composaient de chrĂ©tiens qui avaient reçu la connaissance exacte et revĂȘtu la nouvelle personnalitĂ©. — Col. 310. Si le nombre des proclamateurs n’augmentait pas rapidement, c’est aussi parce que beaucoup d’entre eux, Ă  l’instar des pionniers, ne reportaient pas correctement leur activitĂ©. Les consĂ©quences de tout cela sont Ă©videntes dans le rapport du pays De 1957 Ă  1962, il y a eu 3 600 baptĂȘmes, alors que le nombre des proclamateurs est restĂ© sensiblement le mĂȘme. Puis de 1962 Ă  1967, ce nombre n’a cessĂ© de baisser. Il a fallu attendre l’annĂ©e 1968 pour que celui-ci augmente de nouveau. LA RECONNAISSANCE COMPLÈTE EST ENCORE À VENIR Aussi curieux que cela puisse paraĂźtre, ce n’est pas parce que les ministĂšres de la Justice, de l’IntĂ©rieur et des Affaires indigĂšnes avaient reconnu officiellement les TĂ©moins de JĂ©hovah que les autres ministĂšres ont fait de mĂȘme. En effet, le ministĂšre de l’Éducation refusait de nous considĂ©rer comme une religion, ce qui nous valait bien des difficultĂ©s. En quel sens? Les organisations religieuses avaient le contrĂŽle de la plupart des Ă©coles en dehors des grandes villes. Toutefois, des arrĂȘtĂ©s officiels prĂ©cisaient que ces Ă©tablissements Ă©taient ouverts Ă  tous sans discrimination, et que les enfants ne recevraient pas une instruction religieuse autre que celle que leurs parents souhaitaient leur donner. Certaines organisations religieuses ont bien respectĂ© ces dispositions lĂ©gales. Mais d’autres n’ont pas voulu accepter les enfants des TĂ©moins de JĂ©hovah, Ă  moins qu’ils ne frĂ©quentent l’école du dimanche et suivent des cours d’instruction religieuse qui n’étaient pas au programme. Don Morrison, qui avec sa femme Marj Ă©tait venu de l’École de Galaad en 1955, servait Ă  cette Ă©poque dans le district. Il nous dit “Certaines organisations dĂ©claraient ouvertement que si les TĂ©moins de JĂ©hovah n’obĂ©issaient pas, ils seraient renvoyĂ©s et ne seraient pas acceptĂ©s l’annĂ©e suivante.” Chaque fois que l’affaire parvenait au ministĂšre de l’Éducation, les Ă©coles avaient l’habitude de dire qu’elles manquaient de place. Si elles ne pouvaient recevoir qu’un certain nombre d’élĂšves, elles s’assuraient toutefois que parmi eux il n’y avait pas d’enfants de TĂ©moins de JĂ©hovah. D’autres Ă©tablissements allĂ©guaient que les TĂ©moins faisaient preuve de “dĂ©sobĂ©issance”. En fait, ceux-ci refusaient simplement d’assister Ă  l’école du dimanche, ce qui n’était pas exigĂ© par le ministĂšre. À cause de tous ces problĂšmes, il Ă©tait nĂ©cessaire que les TĂ©moins soient reconnus par tous comme une religion officielle. DĂ©jĂ  en 1950 le ministĂšre de l’Éducation avait informĂ© les Ă©tablissements scolaires que les TĂ©moins de JĂ©hovah adultes ne pouvaient pas se rendre dans les Ă©coles pour y donner un enseignement religieux, mĂȘme aux enfants des TĂ©moins. En 1956 et en 1957 nous nous sommes vu opposer le mĂȘme refus. Voici la rĂ©ponse des autoritĂ©s “Nous avons le regret de vous informer que la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania n’est pas une organisation religieuse habilitĂ©e par le ministĂšre Ă  dispenser une instruction religieuse dans les Ă©coles.” Ce n’est que plusieurs annĂ©es aprĂšs que le ministĂšre de l’Éducation a modifiĂ© sa position. Mais nous en reparlerons plus tard. DES FRÈRES MÛRS APPORTENT LEUR AIDE Pour vous faire une idĂ©e de la valeur des missionnaires qui ont Ă©tĂ© envoyĂ©s au Zimbabwe, arrĂȘtons-​nous un instant sur deux couples, Ted et Joyce Buckingham ainsi que John et Val Miles. AprĂšs avoir reçu leur diplĂŽme de l’École de Galaad, Ted et Joyce Buckingham sont arrivĂ©s au Zimbabwe au mois de juin 1959. Ils ont servi dans la circonscription, en exerçant leur activitĂ© surtout dans les territoires anglophones, jusqu’au milieu des annĂ©es 1970, aprĂšs quoi ils ont Ă©tĂ© envoyĂ©s en Sierra Leone. Pendant plus de dix ans ils se sont dĂ©placĂ©s presque chaque semaine pour visiter les congrĂ©gations. Leur territoire couvrait tout le pays, qui n’était en fait qu’une seule circonscription. Ils ont quittĂ© la Sierra Leone lorsque frĂšre Buckingham est tombĂ© gravement malade, et ils sont venus servir Ă  la filiale de Londres. Les frĂšres du Zimbabwe Ă©prouvent toujours une chaude affection pour eux. John et Val Miles, d’origine amĂ©ricaine, ont quittĂ© la Zambie au mois de juin 1960, car il y avait besoin d’un surveillant de district au Zimbabwe. Ils ont vĂ©cu tant d’expĂ©riences et de mĂ©saventures qu’ils pourraient bien Ă©crire un livre. Voici un incident qui leur est arrivĂ© tandis qu’ils visitaient une petite congrĂ©gation situĂ©e prĂšs de la route principale. FrĂšre Miles raconte “Nous avions dĂ©cidĂ© de camper Ă  cĂŽtĂ© de la route, non loin de la Salle du Royaume. L’endroit Ă©tait retirĂ© et trĂšs agrĂ©able. Mais les frĂšres nous ont suggĂ©rĂ© d’aller nous installer un peu plus prĂšs de la salle. Bien que le lieu que nous avions choisi nous ait plu davantage, nous nous sommes dĂ©placĂ©s par souci de commoditĂ©. “Un soir au cours de la semaine, alors que nous prenions notre repas, nous avons tout Ă  coup entendu quelque chose qui ressemblait Ă  des coups de feu, mais nous n’y avons pas prĂȘtĂ© attention, pensant que c’était peut-ĂȘtre un camion qui pĂ©taradait. Le lendemain midi, la radio a annoncĂ© qu’il y avait eu une fusillade entre la police et des combattants de la liberté’ juste Ă  cĂŽtĂ© de l’endroit oĂč nous devions camper. Trois combattants de la liberté’ avaient Ă©tĂ© tuĂ©s et plusieurs policiers blessĂ©s. Inutile de vous dire ce que nous avons ressenti lorsque nous avons vu, plus tard, les impacts des balles dans la table de camping, les bancs et les arbres. Comme nous Ă©tions reconnaissants Ă  JĂ©hovah que l’on nous ait fait changer de place!” À prĂ©sent frĂšre et sƓur Miles servent fidĂšlement au Lesotho. LE SERVICE DU DISTRICT La vie des surveillants de district et de leurs femmes Ă©tait parfois mouvementĂ©e. Voudriez-​vous connaĂźtre quelques faits vĂ©cus par ces TĂ©moins zĂ©lĂ©s? Un jour, Don et Marj Morrison se trouvaient Ă  Kariba, dans l’ouest du pays. Don Ă©tait assis Ă  l’extĂ©rieur de la tente et tapait Ă  la machine, tandis que Marj Ă©tait allĂ©e se coucher. “J’étais allongĂ©e, dit-​elle, quand il s’est produit comme un Ă©trange sifflement. J’ai appelĂ© mon mari mais il ne m’a pas entendue. De nouveau, il y a eu le mĂȘme bruit. Cette fois-​ci je suis sortie pour avertir Don.” FrĂšre Morrison poursuit “J’ai pris la lampe de poche et je suis entrĂ© dans la tente. J’ai alors aperçu entre le bord de la tente et quelques publications un serpent plus gros que le poing, Ă  moitiĂ© cachĂ©. Je suis ressorti aussitĂŽt, j’ai saisi un tuyau en fer et j’ai fait le tour de la tente. J’ai vu la queue du serpent qui dĂ©passait, et je l’ai frappĂ©e avec mon arme de fortune. Tout Ă  coup la tĂȘte de l’animal a surgi et celui-ci s’est dressĂ© et a soufflĂ© dans ma direction. C’était une vipĂšre heurtante. Je l’avais dĂ©jĂ  blessĂ©e, il ne me restait plus qu’à l’achever.” Inutile de vous prĂ©ciser que sƓur Morrison n’a pas particuliĂšrement bien dormi cette nuit-​lĂ . De son cĂŽtĂ©, Ruby Bradley nous fait le rĂ©cit suivant “La premiĂšre fois que nous avons plantĂ© la tente lorsque nous Ă©tions dans le service du district, nous avons fait connaissance avec les scorpions. Nous nous apprĂȘtions Ă  aller nous coucher quand nous avons aperçu quelque chose ramper dans la tente. C’était un scorpion. Nous l’avons tuĂ© sur-le-champ. Mais bientĂŽt un deuxiĂšme est arrivĂ©, puis un troisiĂšme. AprĂšs avoir dĂ» en tuer quatre, nous nous sommes rendu compte que c’était notre lumiĂšre qui les attirait. Aussi avons-​nous dĂ©cidĂ© que la meilleure chose Ă  faire serait de tout Ă©teindre.” Au mois de mars 1962, un autre couple de missionnaires, John et Irene McBrine, sont arrivĂ©s au Zimbabwe. FrĂšre McBrine avait suivi un cours de dix mois Ă  Galaad, et il avait Ă©tĂ© envoyĂ© au Zimbabwe pour ĂȘtre surveillant de filiale. NĂ©anmoins, il a d’abord commencĂ© par servir comme surveillant de district pour se familiariser avec le territoire. Il nous explique ce qui lui est arrivĂ© “George Bradley, qui Ă©tait membre de la filiale, nous avait conduit, Irene et moi, Ă  une assemblĂ©e de circonscription qui se tenait dans la brousse, Ă  environ 90 kilomĂštres de la ville la plus proche. Il s’est trouvĂ© que nous avons pris la queue d’un ouragan, et il pleuvait Ă  seaux. “Pour se rendre sur les lieux de l’assemblĂ©e, il fallait traverser ordinairement un petit ruisseau. Mais Ă  prĂ©sent c’était un torrent furieux. L’assemblĂ©e n’a bien sĂ»r pas pu se dĂ©rouler ce jour-​lĂ , et les frĂšres africains ont dĂ» s’abriter comme ils ont pu. “Il n’y avait rien de mieux Ă  faire que d’attendre. DĂšs notre arrivĂ©e nous avions montĂ© la tente, mais, craignant qu’elle ne prenne l’eau, nous avons dĂ©cidĂ© de dormir dans le camion. George a essayĂ© de s’allonger en travers du siĂšge avant, tandis qu’Irene et moi nous nous sommes installĂ©s Ă  l’arriĂšre. Quelle nuit agitĂ©e! Le vent se dĂ©chaĂźnait de plus en plus et l’orage redoublait de violence. À un certain moment nous avons jetĂ© un coup d’Ɠil dans la tente. L’eau y avait atteint une hauteur de dix centimĂštres! Quelle bonne idĂ©e avions-​nous eue de dormir, ou plutĂŽt de tenter de dormir dans le camion! “La journĂ©e du lendemain allait ĂȘtre meilleure. La pluie avait cessĂ©. Les frĂšres locaux n’ont pas tardĂ© Ă  trouver une salle de classe, et l’assemblĂ©e a donc pu s’y dĂ©rouler. L’amour chaleureux de nos frĂšres qui ont traversĂ© de plus grandes difficultĂ©s que nous a largement compensĂ© nos petites misĂšres.” DES NUAGES À L’HORIZON À mesure que nous nous approchions du milieu des annĂ©es 1960, des nuages noirs se profilaient Ă  l’horizon. Autrefois les surveillants itinĂ©rants devaient se protĂ©ger contre les bĂȘtes sauvages. Pour ce faire, lorsqu’ils se dĂ©plaçaient de congrĂ©gation en congrĂ©gation, certains passaient mĂȘme la nuit perchĂ©s sur un arbre, liĂ©s aux branches, pour ĂȘtre Ă  l’abri des animaux maraudeurs. Cependant, le danger ne devait maintenant plus venir des bĂȘtes, mais des humains voir II Corinthiens 1123-27. En effet, les hommes politiques n’allaient pas tarder Ă  nous susciter des difficultĂ©s. Le 12 janvier 1965, Arimon Muringa, qui Ă©tait surveillant dans une congrĂ©gation de la capitale, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©. Pour quel motif? Certains auraient reconnu en lui “l’une des nombreuses personnes Ă  s’ĂȘtre rendues coupables d’actes de violence dans le passĂ©â€. C’était bien sĂ»r une fausse accusation. Toutefois, il a connu des moments trĂšs pĂ©nibles avant d’ĂȘtre disculpĂ© un mois plus tard. Sans mĂȘme ĂȘtre jugĂ©, frĂšre Muringa avait Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  90 jours d’emprisonnement. Il a voulu faire appel, mais il s’est vu opposer une fin de non-recevoir. John McBrine, en tant que reprĂ©sentant de la filiale, s’est alors adressĂ© directement au ministre de la Justice. Cette dĂ©marche, appuyĂ©e par l’employeur de frĂšre Muringa, devait permettre Ă  ce dernier d’ĂȘtre libĂ©rĂ© de prison au bout d’un mois. Voici en quels termes frĂšre Muringa nous dĂ©crit ses conditions de dĂ©tention “Les autoritĂ©s pĂ©nitentiaires m’ont bien traitĂ©, mais par contre certains prisonniers se comportaient comme de vĂ©ritables brutes avec moi. Par deux fois, je me suis Ă©vanoui sous leurs coups. Ils me battaient pour m’obliger Ă  adhĂ©rer Ă  leur parti politique. Ils se servaient d’un ceinturon pour frapper mon dos nu et se mettaient au moins Ă  neuf pour me gifler au visage.” Le bel exemple d’intĂ©gritĂ© de frĂšre Muringa a incitĂ© quelques-uns de ses anciens persĂ©cuteurs Ă  prendre sa dĂ©fense, vers la fin de son emprisonnement. Son attitude ferme s’est aussi avĂ©rĂ©e ĂȘtre par la suite un grand encouragement pour d’autres frĂšres. DES SURVEILLANTS DE DISTRICT LOCAUX Pendant de nombreuses annĂ©es, ce sont surtout les missionnaires qui se sont occupĂ©s de l’Ɠuvre au Zimbabwe. Cependant, au dĂ©but des annĂ©es 1960, il a semblĂ© plus judicieux d’utiliser davantage les capacitĂ©s des frĂšres locaux. Cette disposition allait d’ailleurs se rĂ©vĂ©ler trĂšs opportune. C’est ainsi qu’au mois de dĂ©cembre 1962, Isaac Chiadzwa et sa femme Yvy ont Ă©tĂ© les premiers TĂ©moins locaux Ă  entreprendre le service du district. Puis en 1966 frĂšre Sizulu Khumalo a Ă©galement Ă©tĂ© nommĂ© surveillant de district. Il a Ă©tĂ© d’un secours trĂšs prĂ©cieux pour les frĂšres durant les annĂ©es particuliĂšrement difficiles qui allaient suivre. La prĂ©sence de tels frĂšres comme surveillants de district Ă©tait vraiment trĂšs apprĂ©ciable. DĂ©jĂ , puisqu’ils connaissaient bien les coutumes et la langue du pays, ils pouvaient mieux cerner les problĂšmes des proclamateurs. De plus, il leur Ă©tait possible de se dĂ©placer plus facilement que les missionnaires. En effet, quand les difficultĂ©s ont surgi, tous les Ă©trangers sont devenus suspects aux yeux des indigĂšnes. Les Ă©vĂ©nements ultĂ©rieurs devaient fournir la preuve que les dispositions prises pour nommer des frĂšres locaux Ă  des fonctions de responsabilitĂ© venaient de JĂ©hovah. DES MESURES D’EXCEPTION Quand le gouvernement rhodĂ©sien proclama son indĂ©pendance le 11 novembre 1965, des mesures d’exception, qui allaient aussi toucher nos activitĂ©s, entrĂšrent en vigueur. D’abord le gouvernement exigea que la commission de censure reçoive un exemplaire de toutes les publications de la SociĂ©tĂ© qui entraient dans le pays, y compris les pĂ©riodiques. C’était plus une tracasserie administrative qu’autre chose, car pas une seule fois les autoritĂ©s n’ont trouvĂ© matiĂšre Ă  critique dans nos publications pour pouvoir les empĂȘcher de pĂ©nĂ©trer dans le pays. Par contre, les restrictions concernant les rĂ©unions publiques nous posĂšrent beaucoup plus de problĂšmes. Tout rassemblement de quelques personnes Ă©tait interdit, Ă  moins d’une autorisation officielle. Bien que thĂ©oriquement cela ne s’appliquĂąt pas aux rĂ©unions religieuses, dans les endroits oĂč des troubles Ă©clataient de tels rassemblements n’étaient pas autorisĂ©s. Presque chaque fois que la filiale demandait la permission de tenir une assemblĂ©e de circonscription, elle se voyait essuyer un refus. On a donc dĂ©cidĂ© de ne plus en organiser et de concentrer ses efforts sur la prĂ©paration des assemblĂ©es de district, qui se dĂ©rouleraient dans des rĂ©gions bien protĂ©gĂ©es. Vous imaginez alors notre Ă©tonnement quand un beau jour, en 1969, nous avons reçu de plusieurs congrĂ©gations de Bulawayo une lettre qui contenait un programme d’assemblĂ©e de circonscription! Les frĂšres avaient organisĂ© leur propre assemblĂ©e. Ils avaient prĂ©parĂ© leur programme, dĂ©signĂ© des orateurs et prĂ©vu une cafĂ©tĂ©ria. Il est vrai qu’ils n’auraient pas dĂ» agir ainsi, indĂ©pendamment. NĂ©anmoins les rĂ©sultats se sont avĂ©rĂ©s trĂšs positifs. Plusieurs centaines de frĂšres et de sƓurs Ă©taient prĂ©sents Ă  cette assemblĂ©e. Cette initiative nous a donnĂ© des idĂ©es. Au lieu que ce soit la SociĂ©tĂ© qui demande l’autorisation de tenir des assemblĂ©es de circonscription, pourquoi les frĂšres locaux n’en feraient-​ils pas la requĂȘte aux autoritĂ©s de l’endroit? C’est ainsi que des assemblĂ©es de circonscription ont Ă©tĂ© organisĂ©es de nouveau. Des frĂšres bien connus dans la rĂ©gion Ă©taient choisis pour s’adresser aux autoritĂ©s. À chaque fois nous obtenions le droit de nous rĂ©unir. Depuis ce temps-​lĂ , nous avons toujours pu organiser nos assemblĂ©es, mĂȘme lorsque nous Ă©tions soumis Ă  des restrictions. À l’évidence, JĂ©hovah dirigeait les choses. UNE QUESTION ENFIN TRANCHÉE Vous vous rappelez sans doute que les ministĂšres des Affaires indigĂšnes, de la Justice et de l’IntĂ©rieur avaient dĂ©jĂ  reconnu notre organisation, mais que le ministĂšre de l’Éducation ne l’avait pas fait. En fĂ©vrier 1966, la filiale abordait Ă  nouveau le problĂšme en envoyant une lettre dĂ©taillĂ©e au ministĂšre. Le 8 mars nous recevions la rĂ©ponse suivante “Je suis au regret de vous faire savoir qu’aprĂšs examen votre demande ne peut ĂȘtre acceptĂ©e.” Nous avons aussitĂŽt tĂ©lĂ©phonĂ© et, aprĂšs une longue discussion, nous avons rĂ©ussi Ă  prendre rendez-vous avec le ministre pour le 23 mars. Quatre mois aprĂšs cette date notre demande restait toujours sans Ă©cho. Puis le 21 juillet nous avons reçu une lettre du ministĂšre de l’Éducation. Voici ce qu’on y lisait “AprĂšs un examen approfondi de la question, nous vous informons que les TĂ©moins de JĂ©hovah seront inscrits sur la liste officielle des organisations religieuses reconnues par le ministĂšre de l’Éducation.” AprĂšs 16 ans de lutte, nous obtenions enfin une rĂ©ponse favorable! Non seulement cet arrĂȘtĂ© permettait aux TĂ©moins de JĂ©hovah de se rendre dans les Ă©coles pour dispenser une instruction religieuse, mais cela rĂ©solvait aussi le problĂšme des enfants de TĂ©moins qui Ă©taient expulsĂ©s des Ă©coles. Nous Ă©tions trĂšs reconnaissants Ă  JĂ©hovah pour ce qu’il venait de rĂ©aliser en notre faveur. DES MISSIONNAIRES ARRIVENT DU MALAWI En 1968 l’histoire de notre filiale allait ouvrir un nouveau chapitre. Nous avons dĂ» en effet nous occuper de l’Ɠuvre du Royaume au Malawi, car elle Ă©tait interdite depuis le mois d’octobre 1967. Au mois de novembre suivant, les missionnaires ont Ă©tĂ© expulsĂ©s du Malawi, et deux couples ont Ă©tĂ© nommĂ©s au Zimbabwe, Keith et Anne Eaton et Hal et Joyce Bentley. UN PRIVILÈGE UNIQUE FrĂšre et sƓur Bentley devaient servir au Mozambique, qui dĂ©pendait de la filiale du Malawi jusqu’à l’interdiction. Si vous regardez une carte d’Afrique, vous verrez que le Mozambique est un pays allongĂ©, assez Ă©troit, qui est situĂ© sur la cĂŽte est de l’Afrique. Au sud se trouve l’Afrique du Sud, Ă  l’est le Zimbabwe et au nord le Malawi. Le gouvernement du Mozambique n’a jamais reconnu officiellement les TĂ©moins de JĂ©hovah et tous les efforts entrepris dans ce sens ont Ă©tĂ© vains. Voici ce que nous relate frĂšre Bentley au sujet de leur arrivĂ©e dans le pays “Joyce et moi avons Ă©tĂ© nommĂ©s au Mozambique en fĂ©vrier 1942. Notre voyage s’est effectuĂ© en avion de Blantyre, au Malawi, jusqu’à Lourenço Marques aujourd’hui Maputo, la capitale du Mozambique. Nous y avons rencontrĂ© un petit groupe de personnes intĂ©ressĂ©es Ă  la vĂ©ritĂ© qui se rĂ©unissaient dans la maison d’un sergent, laquelle se trouvait Ă  l’intĂ©rieur de l’enceinte militaire. “Par la suite nous nous sommes dĂ©placĂ©s en fourgon Volkswagen, en emportant avec nous tout notre matĂ©riel de camping. Nous passions ainsi pour des touristes. Pour se rendre Ă  Beira en longeant la cĂŽte, nous devions parcourir environ 1 600 kilomĂštres, souvent en empruntant des routes gravillonnĂ©es et trĂšs bosselĂ©es.” À cause de la guerre, frĂšre et sƓur Bentley prĂ©fĂ©raient passer par Salisbury pour aller de Beira Ă  Lourenço Marques. Ils faisaient ce voyage de plus de 2 000 kilomĂštres tous les six mois. Cependant, leurs efforts Ă©taient rĂ©compensĂ©s, car le nombre des proclamateurs augmentait. Quelques annĂ©es aprĂšs, ils ont limitĂ© leurs dĂ©placements au nord du pays. À ce propos frĂšre Bentley dĂ©clare “C’était sans doute JĂ©hovah qui avait influencĂ© notre dĂ©cision, car nous avons appris plus tard que la police secrĂšte attendait notre prochaine visite Ă  Lourenço Marques pour nous arrĂȘter.” FrĂšre et sƓur Bentley ont connu parfois des aventures excitantes ils ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, en d’autres occasions Ă  deux doigts de l’ĂȘtre, et ils ont aussi Ă©tĂ© menacĂ©s d’expulsion. Mais ils ont accompli un excellent travail en aidant beaucoup de nouveaux proclamateurs et de personnes intĂ©ressĂ©es. SƓur Bentley nous raconte le fait suivant “À Beira vivait une jeune femme qui avait Ă©tudiĂ© la Bible au Portugal avant de s’installer au Mozambique. LĂ , elle a Ă©crit Ă  la SociĂ©tĂ© pour savoir si son Ă©tude pouvait se poursuivre. Quand nous avons sonnĂ© Ă  la porte, une femme est venue ouvrir. Nous lui avons demandĂ© Êtes-​vous Clotilde de Gomes?’ Je m’appelle bien Clotilde, a-​t-​elle rĂ©pondu, mais je ne suis pas Clotilde de Gomes. Mon nom est Clotilde de Almeida.’ Ne voulant surtout pas manquer l’occasion de rendre tĂ©moignage, nous lui avons expliquĂ© pourquoi nous avions demandĂ© l’autre personne.” Cette femme s’est alors empressĂ©e d’aller appeler un voisin. Plus tard, Clotilde de Gomes a elle aussi Ă©tĂ© visitĂ©e. Quel en a Ă©tĂ© le rĂ©sultat? SƓur Bentley poursuit “Clotilde de Gomes est maintenant un TĂ©moin baptisĂ©. Son mari est ancien, et ses cinq enfants, ses beaux-parents et son beau-frĂšre sont tous TĂ©moins. Clotilde de Almeida, ainsi que sa voisine, le mari et le fils de celle-ci, sont Ă©galement baptisĂ©s.” Quand on lui demande ce que lui et sa femme pensent de leur territoire, frĂšre Bentley rĂ©pond “Parfois il nous est arrivĂ© de souhaiter nous trouver dans des rĂ©gions moins chaudes, moins humides, et oĂč nous n’aurions pas Ă  craindre d’ĂȘtre arrĂȘtĂ©s Ă  tout instant. Mais lorsque nous faisons un rapide retour en arriĂšre, nous nous rendons compte que servir ici est un privilĂšge unique et que JĂ©hovah n’a jamais manquĂ© de nous protĂ©ger.” Ce couple de missionnaires a par la suite Ă©tĂ© envoyĂ© au Botswana, oĂč il continue Ă  donner un excellent exemple. LES PERSÉCUTIONS AU MALAWI En octobre 1967 l’Ɠuvre a Ă©tĂ© interdite au Malawi, et il en est rĂ©sultĂ© une vague de persĂ©cutions qu’un journal a prĂ©sentĂ©e comme “la plus brutale, la plus inhumaine des persĂ©cutions que les chrĂ©tiens du vingtiĂšme siĂšcle ont dĂ» subir. Pour retrouver dans l’Histoire des rĂ©cits de souffrances, de cruautĂ© et d’obscĂ©nitĂ©s aussi rĂ©voltants, il faut remonter au quinziĂšme et seiziĂšme siĂšcles, au moment de l’extermination des Vaudois dans le sud-est de la France et en Italie”. C’est Ă  cause de leur stricte neutralitĂ© vis-Ă -vis des affaires politiques que les TĂ©moins de JĂ©hovah ont Ă©tĂ© victimes de ces atrocitĂ©s. FrĂšre Justin Zacuruka a expliquĂ© pourquoi ils Ă©taient persĂ©cutĂ©s “Parce que nous refusions d’acheter la carte d’un parti politique.” Comme leurs frĂšres du monde entier, ces chrĂ©tiens se sont abstenus de violer leur neutralitĂ© chrĂ©tienne, mĂȘme au prix de traitements barbares. Du reste, certains ont dĂ» le payer de leur vie. FrĂšre Samson Khumbanyiwa, un frĂšre ĂągĂ© qui a tout perdu sa maison, ses meubles, ses vĂȘtements rĂ©sume bien la position de tous ceux qui sont restĂ©s fidĂšles “Je suis convaincu, dit-​il, que je ne suis jamais seul et que JĂ©hovah m’a toujours protĂ©gĂ©.” C’est ce que reconnaissait le psalmiste en dĂ©clarant “Nombreux sont les malheurs du juste, mais de tous JĂ©hovah le dĂ©livre.” — Ps. 3419. NOS FRÈRES REÇOIVENT DE L’AIDE Pour fuir les cruelles persĂ©cutions, des milliers de TĂ©moins du Malawi ont quittĂ© leur pays. Certains sont allĂ©s en Zambie, mais ils ont Ă©tĂ© aussitĂŽt refoulĂ©s au Malawi. Des milliers d’autres se sont rĂ©fugiĂ©s au Mozambique, Ă  Milange, de l’autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre du Malawi, oĂč ils sont restĂ©s jusqu’en 1970 avant de revenir par petits groupes dans leur pays d’origine. Au Mozambique, nos frĂšres n’étaient plus entre les mains de leurs persĂ©cuteurs. Cependant, ils devaient maintenant faire face Ă  d’autres problĂšmes. Comme ils avaient tout abandonnĂ© dans leur fuite, ils Ă©taient sans nourriture, sans vĂȘtements et sans abri. Qu’allaient-​ils faire? Par bonheur, bien que les TĂ©moins n’aient jamais Ă©tĂ© reconnus officiellement au Mozambique ces rĂ©fugiĂ©s Ă©taient l’objet de grandes attentions. Les autoritĂ©s ont mis des camions Ă  la disposition de nos frĂšres pour qu’ils puissent se rendre Ă  Mocuba, Ă  environ 160 kilomĂštres de la frontiĂšre du Malawi. LĂ , on leur a donnĂ© des terres, des abris, des houes, des haches et des semences. De plus, chaque jour on leur faisait parvenir des sacs de 90 kilogrammes de farine de maĂŻs pour leurs besoins en nourriture. Ainsi nos frĂšres ont reçu un soulagement Ă  leurs Ă©preuves et ils avaient le sentiment que JĂ©hovah prenait soin d’eux. Toutefois, les secours envoyĂ©s par le gouvernement du Mozambique ne suffisaient pas. Il y avait un besoin urgent de nourriture, de vĂȘtements, de couvertures et de mĂ©dicaments. Comment procurer ces nĂ©cessitĂ©s Ă  nos frĂšres? Le seul moyen permettant d’acheminer tout cela depuis le Zimbabwe Ă©tait la route... qui traversait le Malawi! AprĂšs ce qui venait de s’y passer, avait-​on une chance d’arriver Ă  bon port? UN VOYAGE PASSIONNANT C’est la question que se posaient John McBrine et Jim Mundell quand ils quittĂšrent Salisbury, le 22 fĂ©vrier 1968, avec un camion Volkswagen chargĂ© de vĂȘtements et de couvertures qui provenaient de dons. Jim Mundell Ă©tait un missionnaire qui, avec sa femme Kathy, venait d’ĂȘtre expulsĂ© de Zambie et se trouvait au Zimbabwe pour quelque temps. Avant leur dĂ©part, les deux frĂšres s’étaient dĂ©menĂ©s afin de se procurer tous les papiers nĂ©cessaires pour passer les diverses douanes, mais ils n’ont pu les recevoir en raison des mesures d’exception. Il ne leur restait plus qu’à se reposer entiĂšrement sur JĂ©hovah. Lorsqu’ils arrivaient Ă  un poste frontiĂšre, les frĂšres avaient une certaine apprĂ©hension, mais ils ont pu passer Ă  chaque fois sans difficultĂ©s. C’était comme si les anges les accompagnaient. Le voyage n’a pas Ă©tĂ© de tout repos. Une distance de 650 kilomĂštres sĂ©parait Salisbury de la frontiĂšre entre le Mozambique et le Malawi, Ă  l’est. La plupart des routes que nos frĂšres ont dĂ» emprunter Ă©taient trĂšs rocailleuses, et les 160 derniers kilomĂštres qui les menaient Ă  Mocuba ont Ă©tĂ© les plus difficiles. DES DÉCEPTIONS En arrivant, John McBrine et Jim Mundell ont tout d’abord cherchĂ© Ă  rencontrer les frĂšres qui avaient Ă©tĂ© rassemblĂ©s dans les deux camps. Le 24 fĂ©vrier au matin ils ont pris contact avec le responsable du camp. À leur plus grand dĂ©sappointement, celui-ci les a informĂ©s qu’il ne leur serait pas possible de visiter leurs compagnons, Ă©tant donnĂ© que la religion des TĂ©moins de JĂ©hovah n’était pas officiellement reconnue. Le responsable du camp, un homme trĂšs affable, a conseillĂ© aux frĂšres d’attendre qu’il soumette la question aux membres du gouvernement. Au bout de trois jours ils recevaient cette rĂ©ponse Il n’y a aucun TĂ©moin de JĂ©hovah au Mozambique, mais seulement des rĂ©fugiĂ©s que le gouvernement a aidĂ©s pour des raisons humanitaires. S’ils ont confiance dans le responsable du camp, ils peuvent lui laisser les vĂȘtements, sinon ils n’ont qu’à les remporter.’ Vous imaginez l’immense dĂ©ception des deux frĂšres qui Ă©taient venus de trĂšs loin pour voir leurs fidĂšles compagnons si durement Ă©prouvĂ©s! Malheureusement, ils ne pouvaient rien y changer. Quant Ă  leur chargement, ils devaient dĂ©cider ce qu’il fallait en faire. Ils ont choisi de le confier au responsable du camp. Évidemment, il n’y avait pas assez de couvertures et de vĂȘtements pour tous les TĂ©moins qui Ă©taient dans les camps. Mais John et Jim avaient aussi recueilli avant de partir des contributions qui Ă©taient destinĂ©es Ă  couvrir les besoins de ces TĂ©moins. Un accord Ă©crit a donc Ă©tĂ© conclu entre les deux frĂšres, le responsable du camp nommĂ© par le gouvernement et un commerçant indien. L’argent a Ă©tĂ© remis au responsable du camp, et une commande a Ă©tĂ© passĂ©e au commerçant, qui Ă©tait chargĂ© de fournir des jupes, des pantalons et des couvertures. Le responsable du camp devait remettre l’argent au commerçant et distribuer la marchandise reçue en Ă©change aux frĂšres et aux sƓurs qui se trouvaient dans les camps. UN HEUREUX DÉNOUEMENT Sur le chemin du retour, alors qu’ils se trouvaient encore au Mozambique, les deux frĂšres ont aperçu sur le bord de la route des Africains qui portaient de grosses couvertures sur leurs bicyclettes. Comme vous l’aviez devinĂ©, c’étaient des TĂ©moins. Nos deux voyageurs ont Ă©tĂ© soulagĂ©s de savoir que le responsable du camp avait tenu parole et qu’il avait fourni trĂšs rapidement les couvertures et les vĂȘtements aux frĂšres. Mais le fait d’avoir pu parler avec quelques-uns des frĂšres qui vivaient dans les camps leur a procurĂ© une joie beaucoup plus profonde encore. Du reste, il en est rĂ©sultĂ© un Ă©change d’encouragements qui a profitĂ© Ă  chacun. À partir de ce moment-​lĂ , la filiale du Zimbabwe s’est occupĂ©e de l’Ɠuvre au Malawi et au Mozambique. Le Malawi est restĂ© sous notre surveillance pendant plusieurs annĂ©es, et notre filiale dirige toujours l’Ɠuvre au Mozambique. LA SORCELLERIE — UNE AUTRE SOURCE D’ÉPREUVES À cette mĂȘme Ă©poque, beaucoup de frĂšres du Zimbabwe ont dĂ» faire face Ă  un autre problĂšme. Depuis des siĂšcles, la sorcellerie Ă©tait pratiquĂ©e dans ce pays. Mais vers 1969 elle a pris un tour qui devait la porter au premier plan. Pour mieux comprendre la situation dans laquelle les frĂšres allaient se trouver, il sera utile de faire un rapide retour en arriĂšre. Bien que la plupart des habitants se disent chrĂ©tiens seul un faible pourcentage de la population est musulman, la superstition et la sorcellerie sont encore largement rĂ©pandues au Zimbabwe. On peut y trouver ces fameux sorciers affublĂ©s d’os, portant peaux d’animaux et coiffure de plumes, et dĂ©bitant des incantations. On distingue deux sortes de sorciers le muroyi et le n’anga. Le muroyi pratique la magie noire. Il ensorcelle les gens et peut ĂȘtre responsable de leur mort prĂ©maturĂ©e. Il agit dans l’illĂ©galitĂ© et s’il est dĂ©couvert il peut ĂȘtre arrĂȘtĂ© et traduit en justice. Le n’anga est un guĂ©risseur, mais il lui arrive aussi de jeter des sorts qui peuvent entraĂźner la mort. On dit qu’il a assez de force pour neutraliser un sort jetĂ© par le muroyi. Il est officiellement reconnu par le gouvernement. Vers 1969 le n’anga a pris une grande importance, car on pensait qu’il avait le pouvoir de dĂ©couvrir toute personne qui pratique la sorcellerie. Il connaissait une certaine notoriĂ©tĂ© non seulement dans les territoires nationaux les rĂ©serves, mais aussi dans les fermes et les mines oĂč habitaient des centaines d’ouvriers et leurs familles. Voici comment les choses se passaient Quand on signalait un cas de sorcellerie, on appelait le n’anga et tout le village devait se prĂ©senter devant lui. AprĂšs avoir prononcĂ© quelques paroles magiques, le n’anga, accompagnĂ© par des incantateurs, invoquait les esprits pour qu’ils lui indiquent celui qui pratiquait la sorcellerie. Si le coupable Ă©tait “identifiĂ©â€, le chef du village le prĂ©sentait au tribunal oĂč il Ă©tait jugĂ© d’aprĂšs la loi sur la sorcellerie. Heureusement, il devait ĂȘtre aussi reconnu coupable selon la procĂ©dure normale. UNE ÉPREUVE POUR NOS FRÈRES En quoi tout cela concernait-​il les frĂšres? Bien qu’il soit considĂ©rĂ© comme un guĂ©risseur et un homme bon, le n’anga n’en faisait pas moins du spiritisme. C’est pourquoi nos frĂšres allaient rencontrer des problĂšmes. En effet, lorsque les habitants du village Ă©taient convoquĂ©s devant le n’anga, les frĂšres refusaient bien sĂ»r de se prĂ©senter devant lui. Toutefois, dans tous les cas le chef du village, le directeur de la mine ou de la ferme les y amenaient de force. La grande majoritĂ© des frĂšres sont restĂ©s intĂšgres, mais malheureusement, sous les pressions, quelques-uns ont fait des compromis. Plus tard, certains de ces derniers se sont sincĂšrement repentis, et ils servent de nouveau JĂ©hovah avec joie. On peut se faire une idĂ©e du comportement de l’ensemble de nos frĂšres en considĂ©rant l’exemple de Paul Ndlovu, un pionnier spĂ©cial. Il avait alors 67 ans et une attaque d’apoplexie l’avait rendu infirme. AprĂšs l’avoir conduit de force devant le chef du village, on lui ordonna de s’agenouiller devant le n’anga, comme les autres l’avaient fait. Sa rĂ©ponse fut claire et nette “Je ne m’inclinerai devant aucun homme quel qu’il soit, ce serait de l’idolĂątrie. Vous savez bien que je suis TĂ©moin de JĂ©hovah et que je ne peux pas obĂ©ir Ă  votre ordre.” Rendu furieux par l’attitude dĂ©terminĂ©e du frĂšre, le chef du village appela quatre policiers pour qu’ils lui passent les menottes et l’obligent Ă  pĂ©nĂ©trer dans la piĂšce oĂč se trouvait le n’anga. FrĂšre Ndlovu poursuit “Je me suis retrouvĂ© entourĂ© d’incantateurs qui m’ont accueilli avec leurs chants rituels comme le veut la tradition. Je leur ai dit que je ne m’associerai pas au dĂ©monisme et que je ne m’agenouillerai jamais devant eux parce que j’étais TĂ©moin de JĂ©hovah.” La prise de position trĂšs ferme de notre frĂšre fut largement rĂ©compensĂ©e Le n’anga accepta un livre VĂ©ritĂ© et il remit mĂȘme la contribution volontaire! LE VRAI CULTE SORT VAINQUEUR Cette façon de faire ne tarda pas Ă  se gĂ©nĂ©raliser dans le pays, ce qui ajouta aux Ă©preuves des fidĂšles TĂ©moins de JĂ©hovah. Un fait vĂ©cu par une congrĂ©gation situĂ©e prĂšs d’une mine dans le nord du pays va nous montrer jusqu’oĂč certains Ă©taient prĂȘts Ă  aller pour briser l’intĂ©gritĂ© du peuple de Dieu. Un jour, des cas de sorcellerie ont Ă©tĂ© signalĂ©s Ă  la mine, et les employĂ©s les plus anciens ont demandĂ© qu’un n’anga soit engagĂ©. Voici le contenu du rapport de police “Le directeur de la mine a accĂ©dĂ© Ă  la requĂȘte des ouvriers aprĂšs avoir vĂ©rifiĂ© les piĂšces d’identitĂ© du Nganga maintenant appelĂ© n’anga et constatĂ© qu’elles Ă©taient en bonne et due forme. Il a toutefois posĂ© une condition, que les employĂ©s ont acceptĂ©e Tous c’est nous qui soulignons ceux qui demeuraient dans l’enceinte de la mine devaient ĂȘtre prĂ©sents Ă  la cĂ©rĂ©monie. “Le jour oĂč le Nganga devait exĂ©cuter son rituel magique, tout le monde s’est prĂ©sentĂ© devant lui, sauf les TĂ©moins de JĂ©hovah. Les employĂ©s se sont heurtĂ©s Ă  un refus des membres de la secte. Ces derniers ont Ă©tĂ© amenĂ©s devant le directeur de la mine qui n’a pas eu plus de succĂšs. Ils lui ont mĂȘme dĂ©clarĂ© qu’ils prĂ©fĂ©raient quitter leur emploi plutĂŽt que de se prĂ©senter devant le Nganga.” C’est exactement ce qui s’est passĂ©. Tous nos frĂšres ont Ă©tĂ© renvoyĂ©s. Mais que sont-​ils devenus? Ils ont tous retrouvĂ© un emploi dans une autre mine. C’est ainsi que la congrĂ©gation entiĂšre s’est dĂ©placĂ©e, y compris le pionnier et les frĂšres qui avaient des responsabilitĂ©s. De plus, il s’est avĂ©rĂ© que cette mine se trouvait dans un territoire non attribuĂ©, qui de ce fait allait devenir l’objet des soins d’une congrĂ©gation bien organisĂ©e. Celle-ci n’a mĂȘme pas eu Ă  changer de nom, puisqu’elle a quittĂ© une mine de chrome pour une autre. Elle est toujours dĂ©nommĂ©e congrĂ©gation de Chrome. Quant au directeur de la mine, il commençait Ă  regretter de s’ĂȘtre sĂ©parĂ© de ses meilleurs ouvriers. D’ailleurs, il devait par la suite rĂ©embaucher certains des TĂ©moins qu’il avait licenciĂ©s. Il a un jour fait cette remarque au surveillant de district “Ce sont mes meilleurs ouvriers que j’ai renvoyĂ©s.” Un excellent tĂ©moignage a pu ĂȘtre donnĂ© grĂące Ă  la fidĂ©litĂ© de nos frĂšres. DANS LES ANNÉES 1970 En 1960, la moyenne du nombre des proclamateurs a Ă©tĂ© la plus Ă©levĂ©e jamais enregistrĂ©e. Elle Ă©tait de 12 487, et il y a eu un maximum de 13 493 proclamateurs. Mais de 1960 Ă  1967 elle a baissĂ© pour atteindre le chiffre le plus bas depuis 1952, savoir 9 384 proclamateurs. Cela s’explique en grande partie par l’épuration qui a eu lieu au sein de l’organisation, laquelle s’est dĂ©tachĂ©e des personnes qui n’étaient pas des vrais TĂ©moins de JĂ©hovah. Puis Ă  partir de 1967 le nombre des proclamateurs a de nouveau commencĂ© Ă  augmenter. En 1971 ils Ă©taient en moyenne 11 430 Ă  prĂȘcher le Royaume, avec un maximum de 12 456. Cette augmentation s’est poursuivie jusqu’en 1976, mais une fois de plus le nombre des proclamateurs s’est mis Ă  baisser. Pour quelle raison? C’est Ă  partir de ce moment-​lĂ  que le pays a traversĂ© les annĂ©es les plus sombres de son histoire. Mais pour se rendre compte dans quelle mesure cela a touchĂ© nos frĂšres, revenons au dĂ©but des annĂ©es 1970. Durant cette dĂ©cennie, le peuple de JĂ©hovah a dĂ» faire face Ă  de nombreuses difficultĂ©s. Parmi celles-ci citons le problĂšme de l’emploi, la question de la neutralitĂ©, la guerre et ses consĂ©quences, Ă  savoir la destruction de maisons, la perte de bĂ©tail et de champs, la persĂ©cution et mĂȘme la mort. Nos adversaires ont mĂȘme exercĂ© des pressions sur le gouvernement pour qu’il interdise l’Ɠuvre du Royaume. Cela n’est pas sans nous rappeler les paroles de l’apĂŽtre Paul qui a dĂ©clarĂ©, aprĂšs avoir Ă©tĂ© lapidĂ© et laissĂ© pour mort en dehors de Lystres “Il nous faut entrer dans le royaume de Dieu Ă  travers beaucoup de tribulations.” — Actes 1422. DE L’AIDE VENANT DE JÉHOVAH JĂ©hovah n’allait pas manquer de prĂ©parer son peuple pour affronter toutes ces difficultĂ©s. Il l’a fait de deux maniĂšres. Tout d’abord, en 1972, les congrĂ©gations allaient avoir Ă  leur tĂȘte des anciens et des serviteurs ministĂ©riels nommĂ©s par le CollĂšge central. Cette disposition venait Ă  point nommĂ©. Il Ă©tait trĂšs rĂ©jouissant de voir la rĂ©action des frĂšres lorsque le CollĂšge central a donnĂ© cette instruction fondĂ©e sur la Bible. Tandis qu’elles examinaient les exigences des Écritures Ă  ce propos, certaines congrĂ©gations se sont rendu compte qu’elles ne pouvaient nommer aucun ancien ou serviteur ministĂ©riel. Une congrĂ©gation a Ă©crit “Quand nous avons examinĂ© les conditions requises des anciens et des serviteurs ministĂ©riels avec le surveillant de circonscription, nous nous sommes aperçus que personne ne les remplissait. Mais nous Ă©tions rĂ©solus Ă  satisfaire Ă  ces exigences l’annĂ©e suivante.” James Mubata, un membre du ComitĂ© de la filiale qui sert au BĂ©thel depuis 1966, a fait rĂ©cemment ce commentaire Ă  propos de l’effet quasi immĂ©diat qu’a eu la nomination des anciens dans les congrĂ©gations “Non seulement les congrĂ©gations ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un plus grand nombre de frĂšres qualifiĂ©s pour enseigner, mais ceux qui servaient dĂ©jĂ  comme enseignants ont continuĂ© de progresser dans ce domaine. De plus, on a veillĂ© davantage Ă  la puretĂ© des congrĂ©gations. En effet, avant 1972 dans de nombreuses congrĂ©gations les serviteurs ne s’occupaient pas rapidement des cas d’impuretĂ©. Mais presque aussitĂŽt aprĂšs la mise en place des collĂšges d’anciens, toute l’attention nĂ©cessaire a Ă©tĂ© accordĂ©e Ă  ces problĂšmes. Tant et si bien qu’ici, au BĂ©thel, pendant quelque temps nous avons Ă©tĂ© occupĂ©s comme jamais auparavant par ces affaires judiciaires.” GrĂące Ă  toutes ces dispositions, les congrĂ©gations devenaient beaucoup plus fortes spirituellement. Les frĂšres qui avaient Ă©tĂ© dĂ©mis de leurs fonctions parce qu’ils ne prĂ©sidaient pas leur famille d’une bonne maniĂšre ont pris conscience qu’ils devaient mettre en pratique les conseils des Écritures dans le cercle familial. D’autres frĂšres, Ă  qui l’on n’avait pas donnĂ© auparavant la possibilitĂ© d’utiliser leurs capacitĂ©s et leurs progrĂšs spirituels Ă©taient maintenant mis Ă  contribution dans les congrĂ©gations. L’organisation Ă©tait ainsi beaucoup plus forte et mieux Ă©quipĂ©e pour aider les frĂšres Ă  affronter les Ă©vĂ©nements futurs. DE NOUVEAUX LOCAUX POUR LA FILIALE Voyons maintenant la deuxiĂšme façon, trĂšs opportune, dont JĂ©hovah a aidĂ© son peuple. Nous voulons parler de la construction d’un nouveau BĂ©thel de deux Ă©tages. Lors de la visite qu’il effectua en 1971, frĂšre Knorr se pencha longuement sur la nĂ©cessitĂ© pour notre filiale d’avoir un bĂątiment plus spacieux. À cette Ă©poque, plusieurs membres de la famille du BĂ©thel logeaient dans des appartements voisins, et les locaux oĂč se trouvaient les bureaux et le service de l’expĂ©dition Ă©taient trop exigus. Depuis 1953 nous occupions une maison de plain-pied qui comptait seulement cinq chambres. Et encore, au moment de la visite de frĂšre Knorr trois de ces chambres avaient Ă©tĂ© transformĂ©es en bureaux. On a donc dĂ©cidĂ© de chercher de nouveaux locaux pour notre filiale. À plusieurs reprises nous avons essayĂ© d’obtenir l’autorisation de construire un bĂątiment dans un autre endroit, mais en vain. Nous avons alors rĂ©solu de dĂ©molir la maison que nous occupions et de construire un nouveau bĂątiment Ă  la mĂȘme place. Ce projet fut mis en Ɠuvre au mois de dĂ©cembre 1972. Dix mois plus tard, nous prenions possession des lieux. Quel Ă©vĂ©nement mĂ©morable! Bien que cette construction ne soit en rien comparable au prodige des Salles du Royaume bĂąties en deux jours, elle a cependant permis de donner un bon tĂ©moignage aux autoritĂ©s locales et aux habitants du quartier. Des centaines de personnes, des hommes et des femmes de tout Ăąge, ont participĂ© d’une façon ou d’une autre Ă  cette rĂ©alisation, ce qui n’est pas passĂ© inaperçu. Parmi ceux qui ont fait des commentaires favorables sur la construction, on pourrait citer cet inspecteur des travaux publics. Quoiqu’un peu distant au dĂ©but, il est devenu petit Ă  petit plus chaleureux en voyant l’amabilitĂ© de chacun. Voici la remarque qu’il a faite “Vous avancez vite. Vous avez d’excellents ouvriers. Et je suis sĂ»r que si vous aviez payĂ© la main-d’Ɠuvre d’une entreprise, vous n’auriez pas eu de si bons rĂ©sultats.” Un entrepreneur qui travaillait de l’autre cĂŽtĂ© de la route a dit “Il est rĂ©confortant de savoir qu’il y a encore des gens qui ont des convictions assez profondes pour accomplir un tel travail.” Notre bĂątiment a Ă©tĂ© presque entiĂšrement construit par des volontaires ou sous la direction de ceux-ci. Il serait bien sĂ»r impossible de mentionner par leur nom tous ceux qui ont manifestĂ© tant de bonne volontĂ© et un tel esprit de sacrifice, mais nous pourrions nĂ©anmoins parler de quelques travailleurs reprĂ©sentatifs de l’ensemble. Peter Drewett, par exemple, a quittĂ© son emploi profane pour se rendre avec sa femme et sa fille dans la ville oĂč devait ĂȘtre construit le nouveau BĂ©thel. Ils ont logĂ© dans une caravane pendant toute la durĂ©e de la construction. Noel Ellerman, sa femme et ses deux enfants ont installĂ© leur petite caravane sur le chantier poussiĂ©reux. Durant huit mois environ ils ont habitĂ© lĂ . Quant Ă  Eric Cargill, entrepreneur de son Ă©tat, il a non seulement fourni l’outillage indispensable et une partie de la main-d’Ɠuvre qu’il emploie ordinairement, mais il a aussi consacrĂ© la moitiĂ© de ses journĂ©es Ă  la construction jusqu’à l’achĂšvement complet des travaux. LA QUESTION DU TABAC Comme nous l’avons dĂ©jĂ  dit, au dĂ©but des annĂ©es 1970 nos frĂšres ont dĂ» faire face Ă  un certain nombre de difficultĂ©s. Parmi celles-ci il y avait le problĂšme du tabac. En effet, certains TĂ©moins travaillaient dans des plantations ou des manufactures de tabac. Le problĂšme Ă©tait d’autant plus dĂ©licat au Zimbabwe que le tabac est l’une des principales sources de revenus du pays. C’est le produit le plus exportĂ©, celui qui fait entrer de nombreuses devises Ă©trangĂšres dont le Zimbabwe a tant besoin. DĂ©jĂ  en 1972 les frĂšres qui occupaient ce genre d’emploi se sont demandĂ© si celui-ci Ă©tait en accord avec les principes des Écritures. D’ailleurs, quelques-uns d’entre eux qui avaient Ă©tĂ© recommandĂ©s comme anciens ou serviteurs ministĂ©riels avaient refusĂ© leurs privilĂšges Ă  cause de leurs scrupules de conscience. Un surveillant itinĂ©rant a fait cette remarque “De nombreux TĂ©moins qui avaient une belle conduite et qui remplissaient les conditions requises ont demandĂ©, Ă  cause de leur conscience, Ă  ne pas ĂȘtre recommandĂ©s comme anciens ou serviteurs ministĂ©riels Ă©tant donnĂ© qu’ils travaillaient dans une ferme oĂč l’on produisait et mettait en balle du tabac.” Parmi ceux qui cultivaient du tabac, certains n’ont pas tardĂ© Ă  laisser leur travail tandis que d’autres envisageaient de faire de mĂȘme. Voici ce qu’un frĂšre a dĂ©clarĂ© “Quand nous avons compris le point de vue de Dieu sur le mariage, beaucoup d’entre nous ont renvoyĂ© leur seconde femme. DĂšs lors, ne nous sera-​t-​il pas plus facile de cesser de cultiver du tabac?” LES FRÈRES RESTENT FIDÈLES Il Ă©tait bien que les frĂšres tiennent ce raisonnement dĂšs cette Ă©poque, car ainsi il leur serait plus facile de se conformer aux instructions que la SociĂ©tĂ© allait donner deux ans plus tard. Au dĂ©but de 1974, le MinistĂšre du Royaume a publiĂ© un supplĂ©ment intitulĂ© “Votre emploi et l’amour du prochain’”. Celui-ci exposait clairement le point de vue des Écritures sur la question. Fumer est une souillure de la chair et un motif d’exclusion, selon ce qui est rapportĂ© en II Corinthiens 71. Par consĂ©quent, serait-​il convenable pour un chrĂ©tien de cultiver, de manufacturer ou de vendre du tabac? D’aprĂšs les Écritures, il est Ă©vident que non. On ne peut pas continuer Ă  faire cela et prĂ©tendre aimer son prochain. C’était lĂ  le raisonnement exposĂ© dans le supplĂ©ment. Les frĂšres ont rĂ©agi de façon remarquable. Essayez de vous mettre dans leur situation. Vous avez de hautes responsabilitĂ©s dans une plantation de tabac, vous possĂ©dez une maison qui dĂ©pend de cette plantation et Ă©ventuellement une parcelle de terre oĂč vous pouvez faire paĂźtre votre bĂ©tail. Et soudain voilĂ  que vous devez prendre une dĂ©cision lourde de consĂ©quences Votre employeur vous dit que si vous ne voulez pas travailler Ă  la production du tabac, vous n’avez qu’à trouver du travail ailleurs. Vous avez peut-ĂȘtre des enfants en bas Ăąge. Alors, qu’allez-​vous faire? Eh bien, nos frĂšres ont prĂ©fĂ©rĂ© renoncer Ă  tout cela plutĂŽt que d’ĂȘtre sĂ©parĂ©s de l’organisation de JĂ©hovah. Beaucoup ont subi des prĂ©judices financiers considĂ©rables. Toutefois, ils ont gardĂ© la faveur de JĂ©hovah. Nous pouvons compter sur les doigts de la main ceux qui ont dĂ» ĂȘtre exclus. Nous avons de tout cƓur soutenu nos compagnons qui sont restĂ©s indĂ©fectiblement attachĂ©s Ă  la justice de Dieu. DES RÉACTIONS PARTAGÉES Bien Ă©videmment, la prise de position adoptĂ©e par nos frĂšres a provoquĂ© bien des rĂ©actions, le plus souvent hostiles. Les journaux ont publiĂ© de nombreux articles et reçu un abondant courrier Ă  ce sujet. Des membres du Parlement, tant Ă  l’extĂ©rieur qu’à l’intĂ©rieur de celui-ci, ont Ă©mis des critiques, parfois virulentes, Ă  l’égard des TĂ©moins. Une remarque parue dans un mensuel va nous donner une idĂ©e de l’ampleur des rĂ©actions. Voici ce qu’on y lisait “Les TĂ©moins de JĂ©hovah ont Ă©tĂ© trĂšs sĂ©vĂšrement critiquĂ©s, Ă  l’intĂ©rieur comme Ă  l’extĂ©rieur du Parlement. ... Selon la nouvelle lĂ©gislation en vigueur, on peut dorĂ©navant les priver de leurs droits civiques et les expulser.” Le journaliste a comparĂ© les rĂ©actions suscitĂ©es Ă  “une tempĂȘte dans un verre d’eau”. Les fermiers ont aussi eu des rĂ©actions partagĂ©es. Certains se sont montrĂ©s mĂ©chants. D’autres ont Ă©crit ou tĂ©lĂ©phonĂ© Ă  la SociĂ©tĂ© pour lui dire ce qu’ils pensaient des TĂ©moins de JĂ©hovah. Cependant, ils auraient aimĂ© continuer de confier Ă  ceux-ci des postes de responsabilitĂ© dans leurs exploitations. Ainsi, plusieurs fermiers ont fait de gros efforts pour trouver un accord avec les frĂšres. Ils Ă©taient disposĂ©s Ă  leur proposer un travail qui n’aurait rien Ă  voir avec le tabac plutĂŽt que de perdre des ouvriers dignes de confiance. Les TĂ©moins ont bien sĂ»r apprĂ©ciĂ© leur geste. On pourrait aussi parler de ce frĂšre qui vendait du tabac et qui un jour a pris conscience qu’il ne pouvait pas continuer ainsi. Il a donc prĂ©sentĂ© sa dĂ©mission, mais son patron ne l’a pas acceptĂ©e. MalgrĂ© cela, notre frĂšre n’est pas retournĂ© au travail. Quand son patron est venu le voir chez lui pour lui demander des explications, le frĂšre lui a exposĂ© son problĂšme. L’employeur l’a fĂ©licitĂ© pour sa franchise et a insistĂ© pour le garder. Profitant de l’occasion, notre frĂšre a posĂ© ses conditions il voulait un travail qui n’ait pas de rapport avec le tabac et qui lui permette d’assister Ă  toutes les rĂ©unions. L’employeur a donnĂ© son accord, bien que cela ait reprĂ©sentĂ© une diminution de salaire pour le TĂ©moin. Celui-ci tire cette conclusion de son expĂ©rience “Elle m’a appris que nous serons bĂ©nis aussi longtemps que nous tiendrons fermes face aux problĂšmes que nous rencontrons dans notre travail profane. D’autre part, il nous faut ĂȘtre dĂ©sireux de continuer Ă  progresser spirituellement avec l’organisation de JĂ©hovah.” Ce frĂšre est maintenant ancien dans sa congrĂ©gation. LA BONNE NOUVELLE SE RÉPAND MALGRÉ DES CONDITIONS DÉFAVORABLES Le fait que tous ces frĂšres ont changĂ© de travail a favorisĂ© la diffusion de la bonne nouvelle du Royaume. De nouvelles congrĂ©gations ont mĂȘme Ă©tĂ© formĂ©es dans des territoires isolĂ©s. Par exemple, un frĂšre qui possĂ©dait une mine dans un de ces territoires et qui avait besoin d’ouvriers a bien voulu embaucher ceux qui avaient perdu leur emploi. BientĂŽt, 20 frĂšres travaillaient dans sa mine. Une congrĂ©gation composĂ©e de ces frĂšres et de leur famille a vu le jour, et elle existe encore aujourd’hui. D’autres TĂ©moins ont Ă©galement Ă©tĂ© prompts Ă  apporter leur aide. Certains de ceux qui se sont retrouvĂ©s sans emploi sont retournĂ©s chez eux, oĂč souvent il n’y avait pas de congrĂ©gation. Ainsi la Parole de JĂ©hovah Ă©tait prĂȘchĂ©e lĂ  oĂč elle ne l’avait jamais Ă©tĂ© auparavant. Mais comment tous ces problĂšmes se sont-​ils terminĂ©s? Assez curieusement, c’est l’Association des planteurs de tabac qui a mis un point final Ă  cette question en faisant paraĂźtre dans son bulletin mensuel un communiquĂ© de son prĂ©sident. Celui-ci disait que tout cela Ă©tait un problĂšme religieux qui concernait les TĂ©moins et qu’il ne fallait pas en faire un sujet de controverse. Le Rhodesia Tobacco Forum, dans son numĂ©ro de juin 1974, Ă  la page 27, faisait cette remarque intĂ©ressante Ă  propos des TĂ©moins de JĂ©hovah “Dans le mĂȘme article [d’un journal], il Ă©tait rapportĂ© que le ministre de l’Agriculture ... aurait dĂ©crit cette attitude comme ce qui semble ĂȘtre une entreprise dĂ©libĂ©rĂ©e pour ruiner l’économie’. Toutefois, si l’on en juge par le nombre de personnes concernĂ©es, cette hypothĂšse est difficilement recevable.” Ce commentaire venant de l’Association rhodĂ©sienne des planteurs de tabac a apparemment rĂ©ussi Ă  calmer les esprits, de sorte que les frĂšres n’ont plus Ă©tĂ© harcelĂ©s par la suite. Un excellent tĂ©moignage a Ă©tĂ© rendu Ă  la fidĂ©litĂ© du peuple de JĂ©hovah. LA QUESTION DE LA NEUTRALITÉ Alors que la question du tabac touchait nos frĂšres africains, toujours en 1972 un autre problĂšme allait surgir qui ne concernerait que nos frĂšres blancs, du moins dans un premier temps. Il s’agirait du problĂšme de la neutralitĂ© chrĂ©tienne vis-Ă -vis des affaires de ce monde. Ce problĂšme n’a pas pris de grandes proportions tout d’abord, jusqu’au moment oĂč a dĂ©butĂ© ce qui a Ă©tĂ© appelĂ© “la lutte pour la libĂ©ration”, ou pour reprendre l’expression utilisĂ©e par certains “la guerre terroriste”. Bien entendu, les difficultĂ©s ont commencĂ© lorsque le service militaire est devenu obligatoire pour les Blancs. Au fur et Ă  mesure que les combats s’intensifiaient, surtout aux frontiĂšres, on a essayĂ© d’enrĂŽler la population tout entiĂšre dans cet effort de dĂ©fense. Toutefois, la conscription s’est d’abord limitĂ©e aux Blancs. De nombreux jeunes TĂ©moins ont donc Ă©tĂ© emprisonnĂ©s, certains d’entre eux Ă  plusieurs reprises, parce qu’ils restaient neutres. Au cours de l’annĂ©e, les appelĂ©s devaient faire un certain nombre de pĂ©riodes. AprĂšs chacune d’elles ils retournaient travailler pour leur employeur. Un frĂšre pouvait passer devant le tribunal Ă  chaque fois qu’il refusait, par motif de conscience, de faire une pĂ©riode, et par consĂ©quent il pouvait purger plusieurs peines de prison les unes Ă  la suite des autres. Du reste, il est arrivĂ© que quelques-uns reçoivent leur convocation pour une pĂ©riode alors qu’ils Ă©taient encore incarcĂ©rĂ©s. Pour les jeunes pĂšres de famille, cette situation Ă©tait particuliĂšrement pĂ©nible. Non seulement ils devaient laisser leur famille derriĂšre eux, mais en allant en prison ils perdaient souvent leur travail. Lorsqu’ils Ă©taient libĂ©rĂ©s, ils devaient en chercher un autre. À ce moment-​lĂ  on leur demandait les papiers militaires, et quand l’employeur Ă©ventuel Ă©tait mis au courant de la situation, il rĂ©pondait frĂ©quemment “Je suis dĂ©solĂ©. J’aurais aimĂ© vous embaucher, mais je ne peux pas parce que vous n’avez pas fait votre service militaire.” Pour certains, ce problĂšme a pris des proportions Ă©normes. UN EXEMPLE D’INTÉGRITÉ Bob Hawkes a Ă©tĂ© l’un des premiers Ă  endurer ces Ă©preuves. Il avait dĂ©jĂ  accompli son service militaire quand il a commencĂ© Ă  Ă©tudier la Bible avec les TĂ©moins de JĂ©hovah. Il n’étudiait que depuis six mois lorsqu’il a Ă©tĂ© appelĂ© pour faire une pĂ©riode en janvier 1973. Mais laissons-​le nous raconter son expĂ©rience “En raison de ce que j’avais appris dans la Bible, j’ai dĂ©cidĂ© de ne pas me rendre Ă  la convocation. Molly, ma femme, Ă©tait enceinte de deux mois.” Comment les choses se sont-​elles passĂ©es ensuite? “On m’a convoquĂ© au tribunal; j’ai Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  30 jours de prison ferme et Ă  trois mois avec sursis.” Cela lui a-​t-​il paru difficile Ă  supporter? “C’était trĂšs dur en effet, dit-​il. Je n’étais mĂȘme pas baptisĂ©, et me voilĂ  derriĂšre les barreaux. Je me suis retrouvĂ© tout seul, dans un monde trĂšs Ă©trange. J’étais complĂštement perdu. C’est alors que Molly s’est fĂąchĂ©e et m’a Ă©crit pour m’annoncer qu’elle allait me quitter. Et pour couronner le tout, mon pĂšre est venu me voir pour m’apporter plusieurs Ă©crits qui diffamaient les TĂ©moins. Je lui ai fait savoir que, quoi qu’il arrive, j’étais rĂ©solu Ă  rester sur ma position. Prier JĂ©hovah Ă©tait mon seul rĂ©confort.” D’AUTRES DIFFICULTÉS Quand il a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© de prison, Bob Hawkes devait s’apercevoir que d’autres problĂšmes l’attendaient. Lorsqu’il est rentrĂ© chez lui, Molly lui a prĂ©sentĂ© un uniforme et l’a invitĂ© Ă  aller dans la “brousse”, sur le lieu des combats. Bob explique “Je lui ai dit de ne plus jamais me forcer Ă  aller lĂ -bas et de ne mĂȘme pas m’en parler.” Bob est alors retournĂ© Ă  son travail, seulement pour s’entendre dire qu’il Ă©tait renvoyĂ© sur-le-champ. “Je n’en reviens pas que ma femme soit restĂ©e avec moi lorsqu’elle a su la nouvelle, car elle s’était toujours opposĂ©e Ă  la vĂ©ritĂ©.” Peu aprĂšs, Bob a pris le baptĂȘme. Il a dĂ» ensuite regagner la prison, cette fois pour six mois, auxquels se sont ajoutĂ©s les trois mois de sursis qui se sont transformĂ©s en prison ferme. Au total il est allĂ© trois fois en prison, la derniĂšre fois pour huit mois. QU’EN EST-​IL DE MOLLY? Sans doute voulons-​nous savoir quelle a Ă©tĂ© la rĂ©action de Molly. “Quand on Ă©tudiait, dit-​elle, la vĂ©ritĂ© n’avait pas beaucoup de signification pour moi. Pour Bob c’était diffĂ©rent. DĂšs qu’il apprenait quelque chose, il opĂ©rait les changements nĂ©cessaires. Il a cessĂ© de fumer, n’a plus assistĂ© aux rĂ©ceptions et a abandonnĂ© d’autres pratiques encore. Puis je suis devenue enceinte, et je me tracassais Ă  cause de la question du sang. La vĂ©ritĂ© commençait Ă  influer sur toute notre vie. “Ensuite Bob est allĂ© en prison. Je trouvais cela terrible. Comment pouvait-​il agir ainsi envers nous? C’est alors que j’ai dĂ©cidĂ© de lui adresser un ultimatum. Je lui ai donc Ă©crit et je l’ai menacĂ© de le quitter. Mais au fond de moi, je savais que je ne pourrais jamais faire cela.” Qu’est-​ce qui a amenĂ© Molly Ă  accepter la vĂ©ritĂ©? “En grande partie, c’est la bontĂ© que me tĂ©moignaient les sƓurs. Elles m’apportaient diverses denrĂ©es alimentaires, de la viande, du pain, et elles m’aidaient matĂ©riellement d’autres façons. Mais en plus, il y avait la sollicitude pleine d’amour des frĂšres et des sƓurs, qui ne manquaient pas de me fortifier spirituellement. Progressivement, cela m’a influencĂ©e et m’a fait rĂ©flĂ©chir. J’ai donc commencĂ© Ă  me prĂ©parer en vue du baptĂȘme. J’ai Ă©tĂ© baptisĂ©e peu aprĂšs que Bob est sorti de prison pour la derniĂšre fois.” Quelque temps plus tard, frĂšre Hawkes a de nouveau Ă©tĂ© appelĂ© pour faire une pĂ©riode. Cependant, cette fois on ne l’a pas emprisonnĂ© parce qu’il projetait d’accepter du travail dans un autre pays. Ce fait illustre bien ce que plusieurs de nos frĂšres ont endurĂ©. D’ailleurs, quand l’ñge limite de la conscription a Ă©tĂ© portĂ© Ă  50 ans et finalement Ă  60 ans, beaucoup de frĂšres se sont trouvĂ©s concernĂ©s. Mais nous parlerons davantage de cela par la suite. L’OPPOSITION SE MANIFESTE Étant donnĂ© la publicitĂ© accordĂ©e Ă  la question du tabac et Ă  celle de la neutralitĂ© chrĂ©tienne, on comprend aisĂ©ment que les TĂ©moins dĂ©frayaient la chronique. EncouragĂ©s sans doute par certaines personnes qui Ă©taient irritĂ©es par la neutralitĂ© des frĂšres, plusieurs membres du Parlement ont fait pression sur le gouvernement pour qu’il mette un frein Ă  l’Ɠuvre de prĂ©dication. De plus, comme les TĂ©moins Ă©taient l’objet de critiques et d’attaques de la part des media, ils sont aussi devenus un sujet de discussion courant lors des dĂ©bats parlementaires. Cela a Ă©tĂ© particuliĂšrement vrai le 4 dĂ©cembre 1973, quand le Parlement discutait les amendements Ă  la loi sur la dĂ©fense et Ă  la loi sur la citoyennetĂ©. Voici quelques extraits de ces dĂ©bats “Les croyances de cette secte [les TĂ©moins de JĂ©hovah] sont l’antithĂšse des enseignements des Églises Ă©tablies et estimĂ©es.” — Le ministre de la DĂ©fense. “En bref, nous suggĂ©rons ... qu’un TĂ©moin de JĂ©hovah condamnĂ© Ă  six mois d’emprisonnement ou plus, sans substitution d’amende, pour un refus d’obĂ©issance Ă  cause de sa conscience religieuse, pourra ĂȘtre privĂ© de sa citoyennetĂ© et, dans le cas d’un Ă©tranger, pourra ĂȘtre expulsĂ©.” — Le ministre de la DĂ©fense. “Ces convictions [celles des objecteurs de conscience en gĂ©nĂ©ral] ont le plus souvent trait Ă  la suppression des vies humaines. Un moyen de conciliation consiste Ă  affecter l’individu Ă  une unitĂ© non-combattante. ... Cependant, ce moyen n’est pas acceptĂ© ... par le culte ou la secte des TĂ©moins de JĂ©hovah qui, Ă  mon avis, est une organisation pernicieuse dont l’attitude Ă  l’égard du service militaire n’a aucun fondement et ne peut se justifier.” — Un membre du Parlement. “Nous cherchons Ă  nous assurer que les TĂ©moins de JĂ©hovah n’influencent pas les futurs conscrits et ceux qui effectuent leur service militaire.” — Le ministre de la DĂ©fense. Il semble que la prise de position courageuse des frĂšres a eu plus d’une consĂ©quence. LA TENSION MONTE Vers la fin de 1974, on sentait la tension monter. C’est ce que faisait remarquer la filiale du Zimbabwe au siĂšge mondial de la SociĂ©tĂ© dans une lettre datĂ©e du 8 octobre 1974. Celle-ci faisait Ă©tat d’une rumeur selon laquelle notre organisation serait l’objet d’une “enquĂȘte approfondie”. Elle disait ensuite “Au moment oĂč nous rĂ©digeons ces lignes, nous ne savons rien de plus et nous n’avons pas non plus Ă©tĂ© contactĂ©s par les autoritĂ©s. Le bruit court que certaines mesures seront prises en dĂ©cembre, mais nous ne pouvons rien confirmer. “Dans tout le pays, beaucoup de gens sont trĂšs hostiles Ă  nos activitĂ©s, surtout au ministĂšre de maison en maison.” Un peu partout sont apparus des Ă©criteaux portant l’inscription “Dehors les TĂ©moins de JĂ©hovah.” Une personne entreprenante a mĂȘme commencĂ© Ă  en vendre de porte en porte. Pendant un moment elle a fait de bonnes affaires. PROPOSITION D’UNE ACTION CONTRE LES TÉMOINS DE JÉHOVAH Au dĂ©but de fĂ©vrier 1975, la filiale est entrĂ©e en possession du compte rendu d’une rĂ©union trĂšs significative. C’était celle du bureau du Front rhodĂ©sien, le parti au pouvoir. La quasi-totalitĂ© du programme de cette rĂ©union tenue le 31 janvier 1975 Ă©tait consacrĂ©e aux TĂ©moins de JĂ©hovah. On prĂ©senta un certain nombre d’arguments montrant pourquoi il fallait entreprendre une action contre eux. Vous imaginez sans peine les sentiments qui Ă©taient les nĂŽtres en ce temps-​lĂ . Qu’allait-​il se passer? Les TĂ©moins de JĂ©hovah seraient-​ils interdits? Allait-​on expulser les missionnaires? Nous ne savions pas Ă  quoi nous attendre. Bien que ceux qui donnaient ces suggestions au gouvernement soient des membres du parti au pouvoir, et certains d’entre eux des membres du Parlement, le gouvernement lui-​mĂȘme adoptait manifestement un point de vue plus raisonnable. En effet, ni Ă  cette Ă©poque ni plus tard il n’a entrepris une action officielle contre l’Ɠuvre de prĂ©dication ou contre l’organisation. Nous en Ă©tions trĂšs reconnaissants Ă  JĂ©hovah. LA NEUTRALITÉ DANS LES RÉGIONS “CHAUDES” Ce n’est pas seulement en rapport avec la question du service militaire que les frĂšres devaient montrer rĂ©solument qu’ils Ă©taient sĂ©parĂ©s du monde. Ils allaient devoir faire connaĂźtre clairement leur position en d’autres circonstances Jean 1519. Par exemple, frĂšre Will Vosloo possĂ©dait une ferme qui, pendant la guerre, se trouvait dans ce que l’on peut appeler Ă  juste titre une zone “chaude”. Cette ferme Ă©tait distante d’environ 62 kilomĂštres de la congrĂ©gation oĂč il servait en tant qu’ancien. Un peu plus loin Ă©tait situĂ©e une place forte des “combattants de la libertĂ©â€, et c’est lĂ  que de nombreux affrontements opposaient ceux-ci aux forces de sĂ©curitĂ© du gouvernement. Un jour, peu aprĂšs son baptĂȘme, frĂšre Vosloo et sa femme Gisela Ă©taient assis chez eux en train de lire la Bible au Psaume 1127, oĂč il est dit “Il n’aura pas peur de mauvaises nouvelles. Son cƓur est ferme, confiant en JĂ©hovah.” Moins d’une heure plus tard, un policier vint avertir les Vosloo et leurs voisins qu’il y avait des “terroristes” dans la rĂ©gion. Il insista pour que les fermiers s’arment afin de pouvoir se dĂ©fendre. FrĂšre Vosloo refusa. Il explique “À partir de ce moment-​lĂ , on exerça sur moi des pressions de plus en plus fortes pour que je participe Ă  la protection de la communautĂ©. Mes voisins ne comprenaient rien Ă  mon attitude. Ils me prenaient pour un lĂąche. Tandis que j’étais en prĂ©dication, un homme me dit Vous serez le premier Ă  vous sauver quand ça ira vraiment mal.’ Il avait tort. Aujourd’hui je suis encore dans ma ferme, mais eux, ils sont tous partis.” LA NEUTRALITÉ EST UNE PROTECTION Alors qu’ils Ă©taient harcelĂ©s par les fermiers des alentours, frĂšre Vosloo et sa famille furent rĂ©confortĂ©s de façon inattendue. Un jour, un surveillant de circonscription leur rendit visite et leur dĂ©clara “Je viens de l’autre cĂŽtĂ© de l’Umfuli. Vous ne devez pas vous inquiĂ©ter. Ici les gens savent que vous ĂȘtes neutres. Vous serez en sĂ©curitĂ©.” Ces mots se sont rĂ©vĂ©lĂ©s exacts. Quelques jours plus tard, les conducteurs de tracteurs de frĂšre Vosloo qui travaillaient dans les champs furent soudain accostĂ©s par une bande de guĂ©rilleros. Ceux-ci dirent “Nous connaissons cet homme, nous ne voulons pas brĂ»ler ses tracteurs.” Et effectivement, alors que les tracteurs des autres fermiers furent brĂ»lĂ©s et leurs pompes dĂ©truites, le matĂ©riel de notre frĂšre resta intact. Peu de temps aprĂšs, pendant que lui et sa famille Ă©taient en vacances, plusieurs fermes des environs furent dĂ©molies, mais on ne toucha pas Ă  sa maison. Tout cela parce que l’on connaissait sa neutralitĂ© en ce qui concerne les affaires politiques. Cette situation dura quelques annĂ©es, en rĂ©alitĂ© jusqu’à la fin de la guerre. La communautĂ© envoya mĂȘme des dĂ©lĂ©gations chez les Vosloo pour faire pression sur eux et leur faire honte, afin qu’ils consentent Ă  s’armer pour leur protection et celle des autres. Chacun dans la rĂ©gion se dĂ©plaçait armĂ© jusqu’aux dents, exceptĂ© frĂšre Vosloo qui citait les paroles prononcĂ©es par Gisela, inflexible “Pas de revolver et pas de fusil.” Les choses allaient de mal en pis On brĂ»lait les magasins et on minait les routes. À cause du couvre-feu, il Ă©tait extrĂȘmement difficile pour les enfants de se rendre Ă  l’école. Finalement, frĂšre Vosloo dĂ©cida de louer une maison en ville pour sa famille, tandis que lui-​mĂȘme continuerait Ă  travailler Ă  la ferme. Mais au milieu de tous ces Ă©vĂ©nements, il sentait que sa meilleure protection Ă©tait sa neutralitĂ© et sa totale confiance en JĂ©hovah, ainsi qu’il est Ă©crit “Quand tu te coucheras, tu ne ressentiras aucun effroi; et assurĂ©ment tu te coucheras, et ton sommeil devra ĂȘtre agrĂ©able. Tu n’auras pas Ă  craindre une chose redoutable et soudaine .... Car JĂ©hovah lui-​mĂȘme sera vraiment ton assurance, et, Ă  coup sĂ»r, il gardera ton pied de la capture.” — Prov. 324-26. UN PARADOXE Chose vraiment Ă©trange, une mĂȘme attitude valait Ă  nos jeunes frĂšres blancs de se retrouver en prison et donnait Ă  nos frĂšres africains une libertĂ© dont souvent les autres organisations, religieuses ou non, ne jouissaient pas. Comme l’activitĂ© des guĂ©rilleros s’intensifiait dans certaines rĂ©gions, les mesures de sĂ©curitĂ© ont Ă©tĂ© renforcĂ©es. Tous les rassemblements ont Ă©tĂ© interdits et les Ă©coles et les magasins ont Ă©tĂ© contraints de fermer. Les frĂšres devaient ĂȘtre particuliĂšrement prudents en ce qui concerne la prĂ©dication et les rĂ©unions chrĂ©tiennes. On avait prĂ©vu de tenir une assemblĂ©e dans une de ces rĂ©gions en fĂ©vrier 1973. Aurions-​nous la permission de le faire? Avec une foi totale dans la direction de JĂ©hovah, les frĂšres de l’endroit se sont rendus chez le chef du village pour lui donner une lettre Ă  remettre au commissaire de district. Comme il ne comptait pas remettre cette lettre immĂ©diatement, le chef a autorisĂ© les frĂšres Ă  commencer les prĂ©paratifs. Plus tard, lorsque le surveillant de district, Isaac Chiadzwa, est arrivĂ©, il est allĂ© au bureau du commissaire de district pour signaler sa prĂ©sence et solliciter la permission de pĂ©nĂ©trer dans la rĂ©gion afin d’assister Ă  une assemblĂ©e de circonscription. “Quand j’ai demandĂ© l’autorisation de me rendre dans la rĂ©gion de Dotito, rapporte frĂšre Chiadzwa, tout le monde dans le bureau s’est mis Ă  rire. Ils pensaient que j’étais fou. Ils ont Ă©tĂ© trĂšs surpris en entendant un des fonctionnaires dire Nous connaissons bien votre groupement. Nous savons quelle est votre position Ă  l’égard des conditions actuelles.’” Naturellement nous avons pu avoir notre assemblĂ©e. La seule restriction que l’on nous imposait Ă©tait de ne pas tenir de sessions le soir. MĂȘme le chef Ă©tait surpris et impressionnĂ©. FrĂšre Chiadzwa explique que lors de ses dĂ©placements en tant que surveillant de district, il rencontrait souvent des barrages sur les routes. “On me laissait toujours passer, dit-​il, parce que j’étais TĂ©moin de JĂ©hovah. Un jour, Ă  un barrage, chacun a reçu l’ordre de dĂ©charger son vĂ©hicule pour l’inspection. DĂšs que j’ai sautĂ© de la camionnette, un policier a vu ma serviette. AprĂšs l’avoir ouverte, il m’a demandĂ© qui j’étais et ce que je faisais. Je lui ai rĂ©pondu que j’étais TĂ©moin de JĂ©hovah, et aussitĂŽt il m’a dit de ne pas dĂ©charger ma camionnette, laquelle Ă©tait d’ailleurs remplie de publications et contenait tout notre matĂ©riel. Quand un autre policier a voulu savoir la raison de cette exception, j’ai entendu le premier dĂ©clarer C’est un TĂ©moin de JĂ©hovah. Nous n’avons pas de problĂšmes avec ces gens-​lĂ .’” D’aprĂšs ce que le surveillant de district rapporte, les frĂšres de cette rĂ©gion avaient toujours sur eux des publications de la SociĂ©tĂ©, mĂȘme lorsqu’ils travaillaient dans les champs. Bien des fois, cela leur a Ă©vitĂ© d’ĂȘtre battus ou de subir d’autres mauvais traitements. Il est vraiment Ă©trange qu’un mĂȘme groupe de personnes puisse dans un certain cas ĂȘtre frappĂ© d’anathĂšme par les autoritĂ©s, et dans un autre ĂȘtre tellement favorisĂ©. Mais nous parlerons davantage de cela plus tard. À prĂ©sent, retournons au Malawi. LA PERSÉCUTION AU MALAWI La derniĂšre fois que nous avons parlĂ© des frĂšres du Malawi, ils avaient dĂ» fuir leur pays et s’étaient rendus Ă  Milange, au Mozambique, Ă  l’est du Malawi. Vers 1970 beaucoup d’entre eux ont commencĂ© Ă  regagner furtivement leur pays oĂč ils ont essayĂ© de se rĂ©installer. Mais cette situation n’a pas durĂ© longtemps. En 1972, une autre vague de persĂ©cution s’est abattue sur nos frĂšres, ce que le San Francisco Examiner a appelĂ© une “guerre religieuse”. Ce journal dĂ©clarait “C’est vraiment une guerre Ă  sens unique, opposant la force Ă  la foi.” Les choses se sont passĂ©es Ă  peu prĂšs comme en 1967, mais cette fois la persĂ©cution Ă©tait beaucoup plus intense. La Ligue de la jeunesse et le Mouvement des jeunes pionniers ont pris la tĂȘte dans cette “guerre”. “Ils s’organisĂšrent en bandes groupant de douze Ă  une centaine de jeunes gens. Puis ils sont allĂ©s de village en village, armĂ©s de gourdins, de massues, de pangas et de haches, recherchant les tĂ©moins de JĂ©hovah, les attaquant et dĂ©truisant leurs biens.” — RĂ©veillez-vous! du 8 fĂ©vrier 1973. Ils battaient leurs victimes avec des planches hĂ©rissĂ©es de clous et violaient nos sƓurs. Un frĂšre a Ă©tĂ© couvert d’herbes sĂšches auxquelles ses bourreaux ont mis le feu. Il a Ă©tĂ© brĂ»lĂ© vif. FrĂšre Michael Yadanga et sa famille ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s au milieu d’une rĂ©serve d’animaux sauvages. Ils ont dĂ» parcourir plusieurs kilomĂštres avant de trouver un autobus. Quand ils sont rentrĂ©s chez eux, on a de nouveau essayĂ©, en usant de menaces, de leur faire acheter la carte du parti. Voici ce que frĂšre Yadanga a rĂ©pondu “J’ai perdu mes dents parce que je ne voulais pas acheter une carte. J’ai perdu mon emploi parce que je ne voulais pas acheter une carte. J’ai Ă©tĂ© cruellement battu, mes biens ont Ă©tĂ© dĂ©truits et j’ai Ă©tĂ© forcĂ© de fuir en Zambie, tout cela parce que je n’ai pas voulu acheter une carte. Je ne vais pas en acheter une maintenant.” Plus tard, frĂšre Yadanga a Ă©tĂ© averti par un des membres de la Ligue de la jeunesse bien disposĂ© Ă  son Ă©gard qu’il allait de nouveau recevoir leur visite. Il s’est donc enfui avec sa famille au Mozambique. Outre ces mauvais traitements, les TĂ©moins se sont vu priver de leur gagne-pain. Leurs magasins ont Ă©tĂ© fermĂ©s, leurs comptes en banque gelĂ©s, leurs biens confisquĂ©s et leurs rĂ©coltes dĂ©truites ou volĂ©es. Il ne leur restait qu’une chose Ă  faire s’enfuir du pays. Cette fois, la plupart sont allĂ©s en Zambie. Plus de 19 000 d’entre eux ont Ă©tabli un camp de rĂ©fugiĂ©s Ă  Sinda Misale. DE L’AIDE DU MONDE ENTIER Ces frĂšres ont reçu de l’aide rapidement. Les secours sont arrivĂ©s du monde entier sous forme d’argent, de vĂȘtements et de denrĂ©es alimentaires notamment. Sans tarder, les frĂšres de Zambie ont envoyĂ©, entre autres, de la nourriture, du matĂ©riel de couchage et des outils de jardinage. Quant aux frĂšres d’Afrique du Sud, ils ont parcouru 2 400 kilomĂštres pour apporter Ă  Sinda Misale des camions chargĂ©s de toile goudronnĂ©e, de couvertures, de feuilles de plastique, de pelles, de haches, et de divers autres objets. MalgrĂ© les difficultĂ©s qu’ils ont rencontrĂ©es, ils ont pu livrer toutes ces marchandises grĂące Ă  la direction pleine d’amour de JĂ©hovah. En tout, les frĂšres de Sinda Misale ont reçu de nombreuses tonnes de nourriture, de vĂȘtements et de mĂ©dicaments. DE NOUVEAU OBLIGÉS DE PARTIR Malheureusement, ce rĂ©pit n’a Ă©tĂ© que temporaire. Sous prĂ©texte de conduire ces frĂšres dans un autre endroit, le gouvernement zambien les a en fait renvoyĂ©s au Malawi. LĂ , les persĂ©cutions ont repris de plus belle. De nouveau les frĂšres ont dĂ» fuir leur pays. Cette fois, ils sont allĂ©s au Mlangeni, au Mozambique, dans la partie situĂ©e Ă  l’ouest du Malawi. BientĂŽt 12 camps de rĂ©fugiĂ©s Ă©taient Ă©tablis au Mozambique, lesquels ont pu recevoir un maximum de 34 000 personnes. Plus tard, en 1975, le gouvernement du Mozambique a rapatriĂ© nos frĂšres de force, mais la plupart se sont de nouveau enfuis vers l’est du Mozambique, et bon nombre d’entre eux y sont encore. À prĂ©sent, nous sommes persuadĂ©s que vous lirez avec intĂ©rĂȘt les rĂ©cits relatĂ©s par Cyril et Ina Long. Ces derniers vivaient Ă  Blantyre, au Malawi, quand la persĂ©cution a repris en 1972. Voici ce qu’ils racontent “Une famille traversait un pont qui enjambait une riviĂšre en crue, lorsqu’elle fut accostĂ©e par des individus qui lui demandĂšrent les cartes du parti. Quand les parents expliquĂšrent pourquoi ils n’en avaient pas, on lança les enfants dans les eaux furieuses. L’un des enfants Ă©tait un bĂ©bĂ© de six mois. Heureusement, les plus ĂągĂ©s purent le sauver. GrĂące Ă  la protection de JĂ©hovah, tous Ă©chappĂšrent Ă  la mort. “Un autre frĂšre fut battu au point de perdre connaissance. On l’arrosa d’essence et on y mit le feu. Il fut brĂ»lĂ© vif sous les yeux de sa femme, qui Ă©tait enceinte, et de ses six enfants. Ceux-ci furent forcĂ©s Ă  regarder cette scĂšne cruelle.” NOS FRÈRES PERSÉCUTÉS REÇOIVENT DE L’AIDE FrĂšre Long se rendait compte qu’il fallait faire quelque chose pour aider les frĂšres victimes de vols et de mauvais traitements. SecrĂštement il convint avec eux d’un lieu de rendez-vous oĂč il pourrait les prendre pour les conduire Ă  la frontiĂšre. La premiĂšre fois, une trentaine de TĂ©moins furent rĂ©partis dans deux camionnettes Volkswagen. Plusieurs d’entre eux Ă©taient venus avec leurs bicyclettes, mais quand ils comprirent qu’ils ne pourraient les emporter ils les abandonnĂšrent dans la brousse sur le bord du chemin. Ils savaient qu’ils ne les retrouveraient jamais. “Tout le long de la route, dit Ina, il y avait des barrages. Les frĂšres et les sƓurs devaient s’aplatir sur le plancher de la camionnette et se cacher sous des couvertures. Cyril Ă©tant blanc et le seul qui Ă©tait visible, on lui faisait signe de passer. À trois heures du matin, tous sont arrivĂ©s sains et saufs au camp de rĂ©fugiĂ©s au Mozambique. “Quelques jours plus tard, un surveillant de circonscription est venu nous dire qu’il y avait un urgent besoin de mĂ©dicaments et de couvertures pour les 12 000 sans–abri qui se trouvaient dans le camp en Zambie. C’était l’hiver et beaucoup souffraient de rhume, de diarrhĂ©e, de maux de gorge. En outre, plusieurs avaient subi des mauvais traitements et leur corps Ă©tait marquĂ© par des coupures, des meurtrissures ou des brĂ»lures graves. Que pouvait-​on faire pour les aider? “AprĂšs avoir priĂ© JĂ©hovah avec ferveur, nous avons dĂ©cidĂ© de nous rendre chez un pharmacien pour lui demander de nous vendre des mĂ©dicaments. C’était une dĂ©marche dangereuse, car il pouvait facilement nous dĂ©noncer aux autoritĂ©s. NĂ©anmoins, nous sommes allĂ©s le trouver et nous lui avons expliquĂ© la situation. “Il s’est avĂ©rĂ© que ce pharmacien Ă©tait furieux contre le gouvernement, qui l’avait obligĂ© Ă  licencier un de ses employĂ©s les plus dignes de confiance parce que ce dernier Ă©tait TĂ©moin de JĂ©hovah. Aussi, loin de nous dĂ©noncer, il Ă©tait trĂšs heureux de nous rendre service.” Imaginez la surprise et la joie de Cyril et Ina Long qui Ă©taient venus prendre leur commande le lendemain, quand ils se virent remettre gratuitement deux grands cartons de produits pharmaceutiques pour les frĂšres qui se trouvaient dans le camp de rĂ©fugiĂ©s! Ils insistĂšrent pour payer, mais le pharmacien leur dit “C’est le moins que je puisse faire pour des gens aussi loyaux qui sont traitĂ©s de façon aussi scandaleuse.” Peu aprĂšs, Cyril Long et un autre frĂšre firent un nouveau voyage jusqu’au camp, cette fois la nuit et avec un chargement de couvertures. FrĂšre Long raconte “Les larmes nous venaient aux yeux devant le spectacle qui s’offrait Ă  nous une famille de six personnes blotties sous une seule couverture, essayant de se rĂ©chauffer les uns les autres; une sƓur qui avait Ă©tĂ© si cruellement battue et brĂ»lĂ©e avec des bĂ»ches incandescentes qu’elle ne pouvait se coucher. Il fallait la soutenir avec des bottes d’herbe.” Pour terminer ce rĂ©cit, nous voulons vous faire part d’une anecdote qui a beaucoup Ă©mu sƓur Long. Puisque le gouvernement avait gelĂ© tous les comptes en banque des TĂ©moins, ceux-ci n’avaient pas pu retirer d’argent pour payer les transports publics et fuir. Notre sƓur raconte “Deux frĂšres sont venus nous trouver pour nous dire Nous avons pu retirer nos Ă©conomies Ă  temps. Nous avons achetĂ© des tickets d’autobus pour nos familles et il nous reste cet argent. Pouvez-​vous le donner Ă  d’autres qui en ont besoin?’ Bien que ces frĂšres aient perdu leur emploi, leur amour chrĂ©tien les poussait Ă  partager ce qui leur restait, sachant que JĂ©hovah pourvoirait.” Il ne fait pas de doute que lorsque Cyril et Ina Long repensent Ă  cet incident, leur foi dans la sollicitude affectueuse de JĂ©hovah s’en trouve fortifiĂ©e. UN VOYAGE AU MOZAMBIQUE C’est en 1975, alors que les camps de rĂ©fugiĂ©s existaient encore au Mozambique, Ă  l’ouest du Malawi, qu’un problĂšme a surgi, semblable Ă  celui qu’avait connu la congrĂ©gation chrĂ©tienne au premier siĂšcle Actes 61-6. Il s’agissait de la distribution des secours. On pensait que la visite d’un membre de la filiale en personne contribuerait beaucoup Ă  rĂ©gler cette question. C’est ainsi qu’en fĂ©vrier 1975, Keith Eaton, du ComitĂ© de la filiale, s’est mis en route pour les camps. Ce n’était pas une mince affaire. Il s’est dĂ©placĂ© en avion et a dĂ» faire plusieurs escales. Il s’est rendu de Salisbury Ă  Beira, sur la cĂŽte est du Mozambique, oĂč il a passĂ© la nuit et visitĂ© quelques frĂšres qui habitaient lĂ . Puis il est allĂ© Ă  Tete, sur le ZambĂšze, et enfin Ă  Vila Coutinho Ă  prĂ©sent Ulongue oĂč il y avait six camps de rĂ©fugiĂ©s. L’une des raisons pour lesquelles il Ă©tait difficile de parvenir Ă  cette destination, c’est que le Mozambique Ă©tait en pleine pĂ©riode de transition. La minoritĂ© portugaise blanche devait cĂ©der le pouvoir Ă  la majoritĂ© noire. Traverser la frontiĂšre n’était donc pas simple, surtout pour des Ă©trangers. Cependant, avec l’aide des TĂ©moins qui l’avaient rejoint Ă  l’aĂ©roport de Vila Coutinho, Keith Eaton a pu visiter les camps. LĂ , il a discutĂ© avec les frĂšres de leurs problĂšmes, Ă©coutĂ© leurs rapports dĂ©chirants et donnĂ© des suggestions utiles. Nul doute que ce contact personnel avec un reprĂ©sentant de la SociĂ©tĂ© a beaucoup encouragĂ© les frĂšres. L’APOSTASIE DANS LES CAMPS Finalement les frĂšres ont rĂ©ussi Ă  s’installer Ă  peu prĂšs correctement dans les camps de Milange, au Mozambique, Ă  l’est du Malawi. Cependant, avec le temps d’autres problĂšmes devaient surgir. En 1976, certains ont soudain commencĂ© Ă  se prĂ©tendre oints et Ă  tenir des rĂ©unions spĂ©ciales, sĂ©parĂ©ment des rĂ©unions de la congrĂ©gation. Ils professaient des enseignements non bibliques. Ils soutenaient qu’ils Ă©taient oints et que depuis 1975 JĂ©hovah ne traitait plus avec les congrĂ©gations par l’intermĂ©diaire des anciens, mais par leur intermĂ©diaire. Un jour, la police a trouvĂ© l’un des meneurs complĂštement nu prĂšs du mont Mlanje, Ă  la frontiĂšre du Mozambique. Cet homme a dĂ©clarĂ© Ă  ses adeptes que, comme MoĂŻse, il avait obĂ©i Ă  JĂ©hovah qui l’appelait au sommet de la montagne pour lui donner des instructions. Ces faux enseignants qui se prĂ©tendaient oints ont malheureusement attirĂ© Ă  leur suite beaucoup de disciples. L’apostasie n’a cessĂ© que quand 500 personnes ont Ă©tĂ© exclues. Cependant, bon nombre d’entre elles ont finalement reconnu leur erreur, se sont repenties et ont Ă©tĂ© rĂ©intĂ©grĂ©es. Nous sommes trĂšs heureux que deux des frĂšres responsables de l’Ɠuvre au Mozambique aient pu aller Ă  Galaad pour y suivre un cours de cinq semaines Ă  l’intention des membres des ComitĂ©s de filiale. Cela a contribuĂ© dans une large mesure Ă  assurer une bonne surveillance thĂ©ocratique de l’Ɠuvre dans ce pays. LA GUERRE APPORTE D’AUTRES PROBLÈMES Revenons maintenant au Zimbabwe. À mesure que la guerre se faisait plus violente, les problĂšmes de nos frĂšres s’aggravaient. Ils menaient une vie trĂšs mouvementĂ©e. Dans bien des endroits, il n’était plus question d’avoir une vie normale. Beaucoup ne savaient pas ce que le lendemain leur apporterait. Essayez de vous mettre Ă  la place de la famille de ce frĂšre qui a envoyĂ© cette lettre Ă  la SociĂ©tĂ© “Je vous Ă©cris pour vous raconter ce qui est arrivĂ© Ă  ma femme et Ă  mes cinq enfants. Ils ont Ă©chappĂ© de justesse Ă  la mort alors qu’ils travaillaient dans notre champ de maĂŻs. Des soldats appartenant aux deux camps ont commencĂ© Ă  se tirer dessus. Ils s’étaient placĂ©s de chaque cĂŽtĂ© du champ. Ma femme et mes enfants Ă©taient couchĂ©s Ă  plat ventre sur le sol tandis que les balles sifflaient au-dessus de leurs tĂȘtes. Des obus de mortier ont explosĂ© Ă  10 mĂštres d’eux. Ils se trouvaient littĂ©ralement entre deux feux, et pourtant ils s’en sont sortis indemnes. Je suis persuadĂ© que c’est grĂące Ă  la protection de JĂ©hovah. Les arbres autour de notre maison ont Ă©tĂ© fortement endommagĂ©s par les bazookas, mais la maison elle-​mĂȘme est restĂ©e intacte.” Ce frĂšre parle ensuite d’une autre sorte de problĂšme “Des soldats sont venus chez nous dans la soirĂ©e. Ils m’ont posĂ© plusieurs questions, et je leur ai dit que j’étais TĂ©moin de JĂ©hovah. Ils voulaient emmener mes filles pour la nuit, mais de leur propre initiative elles ont refusĂ©. MĂȘme des menaces de mort ne les ont pas fait changer d’avis. Elles se rappelaient ce que JĂ©sus a dit en Matthieu 1028 et en RĂ©vĂ©lation 210, textes dont nous avions discutĂ© quelque temps auparavant lors de notre Ă©tude familiale. Finalement, les hommes ont dĂ©cidĂ© de les laisser tranquilles. “Les jeunes filles du monde qui ont acceptĂ© d’accompagner les soldats ont Ă©tĂ© violĂ©es. Nous sommes reconnaissants Ă  JĂ©hovah qui continue de prendre soin de nous dans ces temps pĂ©rilleux.” Malheureusement, toutes nos jeunes sƓurs n’ont pas Ă©chappĂ© aussi facilement. MichaĂ«l Chikara, un surveillant itinĂ©rant, raconte ce qu’a subi une jeune chrĂ©tienne. D’abord elle a Ă©tĂ© frappĂ©e au menton. Puis, “comme elle se remettait de cette blessure, un groupe d’hommes l’ont maĂźtrisĂ©e et l’ont violĂ©e elle se retrouve Ă  prĂ©sent avec un enfant”. FrĂšre Chikara nous rapporte aussi ce qu’une jeune sƓur de 17 ans lui a dĂ©clarĂ©. Voici la triste histoire qu’elle lui a confiĂ©e “J’ai Ă©tĂ© emmenĂ©e de force par des soldats et j’ai Ă©tĂ© battue Ă  quatre occasions diffĂ©rentes, deux fois par des soldats d’un camp et deux fois par ceux de l’autre camp. “La premiĂšre fois que j’ai Ă©tĂ© battue, je me demandais mĂȘme si je survivrais. J’étais en train de guĂ©rir de mes blessures lorsque des soldats de l’autre camp sont arrivĂ©s dans la rĂ©gion. Ils ont rassemblĂ© toutes les jeunes filles et les ont obligĂ©es Ă  assister Ă  leurs rĂ©unions. “À cette occasion, un homme a exigĂ© que j’étende une couverture par terre et a insistĂ© pour que je couche avec lui. Je me suis sauvĂ©e en pleurant, mais il m’a suivie. Un autre homme s’est joint Ă  lui pour me forcer Ă  commettre un acte immoral. J’ai reçu un coup de crosse qui m’a renversĂ©e, mais en tombant j’ai criĂ© si fort que finalement ils m’ont laissĂ©e. Je me suis mĂȘlĂ©e Ă  la foule trĂšs dense et par la suite on m’a aidĂ©e Ă  rentrer chez moi dans l’obscuritĂ©, Ă  l’insu de ceux qui m’avaient agressĂ©e. “Quelques mois plus tard, une autre troupe de soldats sont arrivĂ©s dans la rĂ©gion. Ils m’ont emmenĂ©e avec eux et ont aussi pris neuf autres jeunes filles, en prĂ©tendant que nous avions Ă©tĂ© les amies des soldats de la faction opposĂ©e. Naturellement, en ce qui me concerne ce n’était pas vrai. Nous avons Ă©tĂ© battues au point de ne plus pouvoir bouger pendant des semaines. En tout, j’ai Ă©tĂ© battue quatre fois.” Cette jeune sƓur remarquable est restĂ©e forte spirituellement, bien qu’elle soit la seule de sa famille Ă  ĂȘtre dans la vĂ©ritĂ©. LES ENLÈVEMENTS — UNE PRATIQUE COURANTE Les enlĂšvements d’adolescents sont devenus chose courante. Des troupes de soldats arrivaient dans les petits villages et faisaient sortir tout le monde. Alors que les adultes Ă©taient forcĂ©s Ă  chanter, les soldats choisissaient des adolescents, garçons et filles. Leur but Ă©tait de former les garçons pour en faire des soldats, et les filles pour qu’elles leur servent de cuisiniĂšres et de maĂźtresses. Certains parents n’ont jamais revu leurs enfants. MĂȘme nos frĂšres ont parfois Ă©prouvĂ© cette terrible douleur. Un pionnier a Ă©crit ce qui suit Ă  la SociĂ©tĂ© “Ma fille et cinq autres jeunes ont Ă©tĂ© enlevĂ©s. Tous les six Ă©taient des TĂ©moins de JĂ©hovah baptisĂ©s.” Quelques-uns de nos frĂšres chrĂ©tiens ont eu le chagrin de voir revenir leurs enfants, non plus en tant que TĂ©moins, mais en tant que soldats, entraĂźnĂ©s Ă  l’art de la guerre. Cependant, ces cas ont Ă©tĂ© trĂšs rares. UNE JEUNE CHRÉTIENNE COURAGEUSE Voici l’histoire Ă©mouvante de Catherine Mbona, une jeune sƓur de 14 ans qui habitait dans les districts de l’est et qui avait Ă©tĂ© enlevĂ©e. Ses parents son pĂšre, MichaĂ«l, est pionnier depuis de nombreuses annĂ©es se demandaient s’ils la reverraient jamais. Imaginez leur joie et leur soulagement quand elle est revenue au village quelques jours plus tard, saine et sauve. “Qu’est-​ce qu’ils t’ont fait?” ont-​ils demandĂ© Ă  Catherine. “Rien”, a-​t-​elle rĂ©pondu. “Qu’est-​ce que tu faisais alors pendant tout ce temps?” “Je leur parlais de JĂ©hovah. Je leur donnais le tĂ©moignage.” Quelque temps aprĂšs, le chef de la troupe de soldats est arrivĂ© au village et a voulu voir les parents de la jeune fille. Ceux-ci se demandaient avec apprĂ©hension quelle Ă©tait la raison de sa visite. En fait, cet homme Ă©tait venu spĂ©cialement les fĂ©liciter d’avoir aussi bien Ă©levĂ© leur enfant. LES VILLAGES PROTÉGÉS Étant donnĂ© que de plus en plus de villages devenaient des zones “chaudes” et que certains d’entre eux servaient Ă  prĂ©sent de lieux de refuge et de places fortes pour les guĂ©rilleros, le gouvernement a commencĂ© Ă  en Ă©vacuer les habitants. On a conduit ceux-ci dans des zones clĂŽturĂ©es, ou villages protĂ©gĂ©s, qu’on appelait “les donjons”. Il s’agissait bien sĂ»r d’une mesure de protection. N’empĂȘche que ces gens avaient dĂ» quitter leur maison, leurs biens, leur bĂ©tail et leurs cultures. Ils n’avaient pu prendre avec eux que ce qu’ils pouvaient porter. DĂ©jĂ  en 1973 un surveillant de circonscription, Reuben Mpedza, faisait le rapport suivant “En ce qui concerne les congrĂ©gations de Mukumbura, de Musingwa et de Chiutsi, les habitants de ces rĂ©gions ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s par le gouvernement, qui les a dirigĂ©s vers d’autres endroits. À cause de cette mesure, certains de nos frĂšres n’ont plus de foyer.” Imaginez que vous et votre famille, vous vous retrouviez soudain dans une zone clĂŽturĂ©e avec presque rien. Ni maison ni installation sanitaire, juste le sol nu pour dormir. Comment nos frĂšres qui se sont trouvĂ©s dans cette situation ont-​ils rĂ©agi? Le surveillant de circonscription poursuivait “Il est quand mĂȘme rĂ©jouissant de voir que malgrĂ© ces obstacles les frĂšres prĂȘchent avec zĂšle le Royaume de JĂ©hovah comme le seul espoir de l’humanitĂ© en dĂ©tresse.” On notera avec intĂ©rĂȘt combien l’attitude des gens en gĂ©nĂ©ral envers ces “donjons” Ă©tait diffĂ©rente de celle des TĂ©moins de JĂ©hovah. Alors que la plupart se lamentaient sur leurs pertes matĂ©rielles, les TĂ©moins, eux, s’occupaient activement pour s’adapter Ă  cette nouvelle situation. Du fait que les gens se trouvaient trĂšs prĂšs les uns des autres, les frĂšres pouvaient les atteindre plus facilement pour leur prĂȘcher le Royaume. Dans un pareil endroit, du reste, les sƓurs ĂągĂ©es Ă©taient trĂšs heureuses. Auparavant, elles ne pouvaient ĂȘtre pionniers auxiliaires Ă  cause du couvre-feu et parce que dans le territoire de leur congrĂ©gation les gens Ă©taient trĂšs dispersĂ©s. “À prĂ©sent, disaient-​elles, tous les gens sont proches les uns des autres, et il nous sera facile de servir comme pionniers auxiliaires.” Naturellement, ce dĂ©placement de population a eu pour effet d’interrompre la surveillance de certaines congrĂ©gations. Souvent les surveillants de circonscription ne savaient mĂȘme pas si la congrĂ©gation qu’ils allaient visiter serait lĂ  ou non. NĂ©anmoins, quand les villages protĂ©gĂ©s ont disparu Ă  la fin de la guerre, les frĂšres sont retournĂ©s progressivement chez eux, essayant de retrouver leur mode de vie antĂ©rieur. Certaines congrĂ©gations qui n’avaient plus Ă©tĂ© visitĂ©es par un surveillant itinĂ©rant depuis deux ou trois ans ont Ă©tĂ© de nouveau en mesure de bĂ©nĂ©ficier de sa visite. ORGANISÉS POUR FAIRE FACE À LA SITUATION Il est Ă©vident que pendant la guerre il a fallu s’adapter Ă  diffĂ©rentes circonstances. Pour aider les anciens, on avait prĂ©vu, entre autres, de tenir tous les ans une rĂ©union spĂ©ciale dans chaque circonscription. Les surveillants de circonscription et de district la dirigeaient suivant un programme Ă©tabli par la filiale. Ce programme Ă©tait conçu en fonction des besoins des frĂšres en cette Ă©poque particuliĂšre. Les anciens ont beaucoup apprĂ©ciĂ© cette disposition qui, comme ils le disaient, Ă©tait exactement ce qu’il leur fallait pour les aider Ă  accomplir leur Ɠuvre de berger dans des conditions aussi dĂ©favorables. Non seulement les anciens eux-​mĂȘmes, mais plusieurs autres frĂšres ont fait savoir Ă  la SociĂ©tĂ© qu’ils avaient tirĂ© un grand profit de cette formation reçue par les anciens. Il n’y a aucun doute que cette disposition, ainsi que la formation rĂ©guliĂšre des anciens par le moyen de l’École du ministĂšre du Royaume et des rĂ©unions spĂ©ciales lors des assemblĂ©es de circonscription, ont beaucoup contribuĂ© Ă  l’unitĂ© des frĂšres pendant toute la guerre. “LIONS-​LE À UN ARBRE ET LAISSONS-​LE MOURIR” C’est juste aprĂšs avoir assistĂ© Ă  une de ces rĂ©unions pour les anciens que Jeremiah Chesa, un frĂšre d’un certain Ăąge, a connu une Ă©preuve dont il nous fait le rĂ©cit. FrĂšre Chesa habite une rĂ©gion rurale. Voici ce qu’il raconte “Une troupe de soldats sont venus Ă  mon domicile la nuit et m’ont emmenĂ© dans la brousse. LĂ  ils m’ont demandĂ© OĂč Ă©tais-​tu samedi et dimanche?’ Je leur ai rĂ©pondu que j’étais allĂ© Ă  une rĂ©union religieuse. Sais-​tu, vieil homme, que tu es arrivĂ© Ă  la fin de ta vie? Nous avons dĂ©jĂ  tuĂ© des gens plus importants qu’un pauvre chien comme toi.’ Ils ont alors criĂ© Tuons-​le!’ “Cependant, l’un d’eux a dĂ©clarĂ© Lions-​lui plutĂŽt les mains et les jambes, puis attachons-​le Ă  un arbre et laissons-​le mourir lĂ .’ AprĂšs avoir Ă©tĂ© chercher une corde, ils m’ont dit Maintenant choisis tu meurs ou tu cesses d’adorer ton Dieu.’ “Franchement, ai-​je rĂ©pondu, je ne veux pas vous tromper en disant que je vais cesser d’adorer mon Dieu. Je l’adore jour et nuit.’ “Furieux, l’un d’eux s’est Ă©criĂ© Lions-​le Ă  un arbre et laissons-​le mourir.’ Je suis donc restĂ© toute la nuit attachĂ© Ă  un arbre.” Le jour suivant, aux environs de midi, un chasseur est passĂ© par lĂ  et a aperçu frĂšre Chesa liĂ© Ă  l’arbre. Bien qu’indignĂ© et un peu effrayĂ© par ce qu’il voyait, il a quand mĂȘme eu le courage de dĂ©livrer notre frĂšre, qui est retournĂ© chez lui. Qu’est-​il arrivĂ© ensuite? FrĂšre Chesa poursuit “Quelques jours plus tard, les soldats sont revenus chez moi et ont voulu savoir comment j’avais Ă©tĂ© dĂ©tachĂ© de l’arbre. Ils m’ont emmenĂ© dans la brousse et m’ont demandĂ© qui m’avait dĂ©livrĂ©. Je leur ai dit que la rĂ©ponse se trouvait dans la Bible en Psaume 1465-7. Quelqu’un a ordonnĂ© qu’on lise ces versets. “Cinq hommes Ă  qui l’on avait commandĂ© de relire le passage ont Ă©tĂ© battus parce que les chefs pensaient qu’ils ne lisaient pas correctement. Il Ă©tait intĂ©ressant d’écouter leur conversation. Qui exactement l’a dĂ©livrĂ©?’ Nous ferions mieux de le laisser tranquille.’ Tu as de la chance, vieil homme.’” Pourquoi ces assassins en puissance ont-​ils soudain changĂ© d’avis? Le passage des Écritures qu’ils avaient lu disait entre autres “Heureux celui ... dont l’espoir est en JĂ©hovah son Dieu. ... JĂ©hovah met en libertĂ© ceux qui sont liĂ©s.” FrĂšre Chesa a pu retourner chez lui librement. “JÉHOVAH ... EST TOUJOURS AVEC VOUS” C’est ce qu’a dit une femme qui n’était pas TĂ©moin Ă  l’une de nos sƓurs fidĂšles. Dans quelles circonstances a-​t-​elle prononcĂ© ces paroles? FrĂšre Tauzen Chawanda nous raconte l’épreuve que lui et sa femme ont vĂ©cue alors qu’ils travaillaient dans une plantation de thĂ© dans les districts de l’est. “Le 23 dĂ©cembre 1976, une troupe de soldats ont pĂ©nĂ©trĂ© dans l’enceinte du village et sont venus chez moi. Quelques-uns des soldats ont Ă©tĂ© envoyĂ©s dans toutes les maisons pour rassembler la population. Puis on nous a emmenĂ©s lĂ  oĂč se trouvait la fabrique et l’on nous a demandĂ© de nous asseoir en cercle. Ma femme et moi Ă©tions les seuls TĂ©moins. “Ensuite ils ont ordonnĂ© Ă  toutes les femmes de reculer et de regarder comment leurs maris allaient ĂȘtre tuĂ©s. Tout haut, nous avons alors priĂ© JĂ©hovah de nous protĂ©ger. Tandis que ma femme s’éloignait, une autre lui a dit Pour vous, cela ira mieux, car JĂ©hovah est votre Sauveur et il est toujours avec vous.’ “Quand les femmes ont Ă©tĂ© hors du chemin, les soldats ont dĂ©clarĂ© aux hommes Nous vous avions dit de ne pas travailler, mais vous avez continuĂ© Ă  le faire.’ Sur ce, deux soldats armĂ©s de mitraillettes ont fait feu sur le groupe d’hommes, puis tous se sont sauvĂ©s rapidement. “AussitĂŽt les femmes ont accouru auprĂšs de leurs maris ne sachant s’ils Ă©taient morts ou non. Lorsque ma femme a voulu me relever, je lui ai assurĂ© que j’allais trĂšs bien, mais tout d’abord elle ne m’a pas cru. Tous les autres hommes avaient Ă©tĂ© tuĂ©s, et les femmes sont retournĂ©es dans l’enceinte du village. Lorsque plus tard je m’y suis rendu aussi, je me suis aperçu qu’elles Ă©taient toutes rassemblĂ©es prĂšs de notre maison. “Tandis que je m’approchais, celle qui avait parlĂ© de la protection de JĂ©hovah dĂ©clarait Ă  ma femme Je vous l’avais dit, JĂ©hovah est avec votre mari. Vous voyez, il est vivant grĂące Ă  la protection de Dieu.’” NOS FRÈRES SE RÉUNISSENT MALGRÉ LES DIFFICULTÉS Nous sommes heureux de vous faire savoir que pendant toute cette pĂ©riode critique nous avons pu tenir nos assemblĂ©es de district et de circonscription. Si cela a Ă©tĂ© possible, c’est surtout parce qu’elles avaient lieu dans les rĂ©gions les plus sĂ»res du pays. Quelquefois, les frĂšres faisant partie de circonscriptions situĂ©es dans des rĂ©gions dangereuses ont dĂ» se rendre dans une autre circonscription pour se rĂ©unir avec leurs compagnons chrĂ©tiens. Mais au moins ils ont pu bĂ©nĂ©ficier du programme et rester forts spirituellement. Dans beaucoup d’endroits, cependant, il n’était pas facile de tenir les rĂ©unions de la congrĂ©gation, principalement Ă  cause du couvre-feu qui limitait les dĂ©placements. C’était le cas en particulier pour la cĂ©lĂ©bration du MĂ©morial, qui doit avoir lieu le soir. Habituellement le couvre-feu allait du crĂ©puscule jusqu’à l’aube. NĂ©anmoins, il commençait parfois Ă  16 heures et se terminait Ă  9 heures le lendemain. Une excellente disposition a Ă©tĂ© prise pour rĂ©soudre ce problĂšme le soir du MĂ©morial, spĂ©cialement dans les petites congrĂ©gations rurales. Tous les frĂšres se rendaient au domicile d’un TĂ©moin, et lĂ  ils pouvaient commĂ©morer la mort du Christ au moment convenable. Évidemment, aprĂšs avoir cĂ©lĂ©brĂ© le MĂ©morial il leur Ă©tait impossible de rentrer chez eux, Ă©tant donnĂ© que durant le couvre-feu il ne leur Ă©tait pas permis de s’éloigner de plus de quelques mĂštres du lieu oĂč ils se trouvaient. Alors ils passaient la soirĂ©e Ă  chanter des cantiques du Royaume et Ă  relater des faits de prĂ©dication. Le lendemain matin ils retournaient chez eux, heureux d’avoir pu se rĂ©unir, conformĂ©ment au commandement de JĂ©sus, pour commĂ©morer cet Ă©vĂ©nement si important. — I Cor. 1123, 24. DE L’AIDE POUR LES NOUVEAUX En rĂ©alitĂ©, ces dispositions spĂ©ciales qui avaient Ă©tĂ© prises pour le MĂ©morial et les autres rĂ©unions de la congrĂ©gation ont Ă©tĂ© d’une grande aide pour les frĂšres et aussi pour toutes les personnes nouvellement intĂ©ressĂ©es Ă  la vĂ©ritĂ©. Par crainte des coups ou d’autres mauvais traitements, ces derniĂšres hĂ©sitaient Ă  assister aux rĂ©unions ouvertement. Mais cette idĂ©e de passer la nuit chez un TĂ©moin semblait leur donner du courage. Un frĂšre appartenant Ă  une congrĂ©gation qui compte 13 TĂ©moins a Ă©crit Ă  la filiale pour exprimer la joie que tous avaient ressentie en voyant 106 personnes prĂ©sentes Ă  la cĂ©lĂ©bration du MĂ©morial, soit quelque 90 de plus que le nombre de proclamateurs. Un autre frĂšre, MichaĂ«l Mafara, qui servait en tant que pionnier spĂ©cial Ă  l’époque, avait trouvĂ© un moyen original de rĂ©soudre le problĂšme posĂ© par le couvre-feu et en mĂȘme temps d’aider les personnes qui s’intĂ©ressaient Ă  la vĂ©ritĂ©. Dans cette rĂ©gion le couvre-feu Ă©tait trĂšs astreignant. On ne pouvait circuler que de midi Ă  14 heures. Dans la congrĂ©gation, les frĂšres Ă©taient rĂ©partis en trois groupes, et le seul moyen de dĂ©placement Ă©tait la marche. Que faire? FrĂšre Mafara eut une idĂ©e. Il dĂ©signa trois foyers oĂč l’on pourrait tenir les rĂ©unions. Ainsi, durant les deux heures au cours desquelles on pouvait se dĂ©placer, tous les frĂšres et les sƓurs se rendaient dans l’un de ces trois foyers. Ils restaient lĂ  jusqu’au lendemain midi, puis ils rentraient chez eux. Pour la rĂ©union suivante, tout le monde se rendait dans un autre des trois foyers, et ainsi de suite. De cette façon, on avait largement le temps de tenir les rĂ©unions et de jouir de la compagnie des frĂšres et des sƓurs, ce qui permettait de se fortifier spirituellement. Quant aux rĂ©sultats, voici ce qu’écrit frĂšre Mafara “En visitant ces groupes, j’ai remarquĂ© que mĂȘme les personnes qui s’intĂ©ressaient depuis peu Ă  la vĂ©ritĂ© venaient et passaient la nuit dans ces foyers pour pouvoir assister aux rĂ©unions. Bien qu’il n’y ait que 13 proclamateurs dans cette congrĂ©gation, Ă  l’époque oĂč le couvre-feu Ă©tait en vigueur il y avait jusqu’à 21 personnes qui assistaient aux rĂ©unions. Auparavant, il n’y avait jamais eu une telle assistance.” “COMME UNE CACHETTE CONTRE LE VENT” Le prophĂšte ÉsaĂŻe avait parlĂ© de ceux qui serviraient comme bergers et surveillants dans l’organisation visible de JĂ©hovah. Il les avait comparĂ©s Ă  “une cachette contre le vent et une retraite contre la tempĂȘte de pluie”. És. 322. C’est bien ce que nos fidĂšles surveillants itinĂ©rants se sont rĂ©vĂ©lĂ©s ĂȘtre pendant les annĂ©es de guerre. Courageusement ils ont endurĂ© toutes sortes d’épreuves pour aider leurs frĂšres. Certains marchaient durant des jours dans la brousse, gravissaient des montagnes, traversaient de dangereuses riviĂšres, dormaient Ă  la belle Ă©toile, tout cela pour visiter des congrĂ©gations et des proclamateurs isolĂ©s afin de les encourager Ă  rester fermes dans la foi. Pour vous donner un aperçu de ce qu’ils devaient affronter, nous voudrions vous relater un fait vĂ©cu par un surveillant de circonscription, Isaiah Makore. Avec un autre frĂšre, Obet Sose, il parcourait Ă  bicyclette les quelque 130 kilomĂštres qui le sĂ©paraient d’une partie du pays Ă©loignĂ©e et dangereuse pour y visiter trois petites congrĂ©gations. Sur le chemin du retour ils ont Ă©tĂ© accostĂ©s par des “combattants de la libertĂ©â€. Mais laissons le surveillant de circonscription nous relater les faits “Nous avions parcouru Ă  peu prĂšs 15 kilomĂštres quand soudain nous avons vu dans la brousse des hommes armĂ©s de fusils qui nous appelaient. Nous nous sommes dirigĂ©s vers eux avec nos bicyclettes. AussitĂŽt ils nous ont dĂ©pouillĂ©s de notre argent, de nos montres, toutes neuves, et d’autres objets personnels. Parmi l’argent il y avait les dons que m’avaient remis les congrĂ©gations que nous avions visitĂ©es et que je devais envoyer Ă  la SociĂ©tĂ© en leur nom. “Pendant ce temps, on nous a demandĂ© qui nous Ă©tions et ce que nous faisions. Il semble que ces hommes nous suspectaient d’ĂȘtre des agents ou des employĂ©s du gouvernement. Ne sachant pas ce qui allait nous arriver, je me suis mis Ă  prier silencieusement JĂ©hovah pour qu’il nous protĂšge, et surtout pour qu’il nous aide Ă  ne pas faire de compromis. Plus tard, frĂšre Sose m’a dit qu’il avait fait de mĂȘme. “Finalement, nous sommes parvenus Ă  convaincre ces hommes que nous Ă©tions TĂ©moins de JĂ©hovah et ministres religieux. J’ai Ă©tĂ© vraiment surpris quand ils nous ont remis l’argent qu’ils nous avaient pris. NĂ©anmoins ils ont gardĂ© nos montres et un ou deux autres objets. “Ils nous ont ensuite permis de nous en aller, mais comme nous nous apprĂȘtions Ă  partir nous avons entendu un vĂ©hicule de l’armĂ©e qui s’approchait. Une bataille s’est dĂ©clenchĂ©e. Nous nous sommes jetĂ©s Ă  plat ventre sur le sol tandis qu’au-dessus de nous les balles sifflaient. Heureusement, nous sommes sortis de lĂ  sans une Ă©gratignure et nous avons parcouru Ă  vĂ©lo les 115 kilomĂštres qui nous restaient Ă  faire.” ILS ENDURENT LA TORTURE Certains de nos surveillants itinĂ©rants, de mĂȘme que d’autres frĂšres et sƓurs, ont subi de cruelles tortures. Prenons l’exemple de John Hunguka. GĂ©nĂ©ralement, on connaissait et respectait la neutralitĂ© des TĂ©moins de JĂ©hovah. Dans le cas prĂ©sent, cependant, la prise de position ferme de John en tant que TĂ©moin de JĂ©hovah semble avoir Ă©tĂ© Ă  l’origine du terrible traitement qu’il a subi. Voici ce qu’il a racontĂ© “Je marchais en direction de la congrĂ©gation suivante et j’avais rendez-vous avec un frĂšre qui allait m’accompagner. Juste au moment oĂč nous nous sommes rencontrĂ©s, nous avons Ă©tĂ© entourĂ©s de soldats. Ils possĂ©daient un appareil Ă©lectrique dont ils se servaient pour torturer tous ceux qui Ă©taient susceptibles de leur donner des informations sur le camp opposĂ©. “C’est frĂšre Mukwambo qui a subi le premier ce genre de torture. À plusieurs reprises, on a fait passer Ă  travers son corps des dĂ©charges Ă©lectriques pour le forcer Ă  donner des renseignements, qu’il n’avait d’ailleurs pas. Pendant ce temps, on m’a ordonnĂ© de m’asseoir le dos tournĂ© vers les soldats de sorte que je ne voyais pas ce qu’il se passait. J’ai alors priĂ© JĂ©hovah silencieusement pour qu’il nous aide Ă  maintenir ferme notre foi. FrĂšre Mukwambo a finalement perdu connaissance. “AprĂšs cela, on m’a interrogĂ©. Quand les soldats ont appris que j’étais TĂ©moin de JĂ©hovah, l’un d’eux m’a envoyĂ© des dĂ©charges Ă©lectriques dans le corps jusqu’à ce que je m’évanouisse. Lorsque je suis revenu Ă  moi, ils ont recommencĂ© Ă  me questionner. Je leur ai expliquĂ© de nouveau que j’étais neutre. Il semble que chaque fois que je mentionnais l’expression TĂ©moin de JĂ©hovah, leur colĂšre redoublait. “Ils m’ont alors obligĂ© Ă  me dĂ©shabiller, puis ils ont attachĂ© leur appareil Ă  mes parties intimes et m’ont envoyĂ© des dĂ©charges Ă©lectriques. AprĂšs m’avoir menacĂ© de mort si je racontais ce qu’ils m’avaient fait, ils m’ont laissĂ© partir. Avec l’aide de frĂšre Mukwambo, j’ai pu arriver jusque chez lui. Le lendemain, les frĂšres m’ont mis dans un autobus qui allait Ă  Mutare, oĂč j’ai pu recevoir un traitement mĂ©dical.” Que pense John Hunguka de cette Ă©preuve? “Je suis convaincu que JĂ©hovah m’a accordĂ© sa protection pendant cette persĂ©cution. Je me sentais plus proche de lui que jamais auparavant. J’étais dĂ©terminĂ© Ă  continuer Ă  visiter les frĂšres dans ces rĂ©gions, malgrĂ© les problĂšmes.” Et c’est exactement ce qu’il a fait, puisque la semaine suivante il se trouvait de nouveau dans la mĂȘme rĂ©gion afin de poursuivre son service en tant que surveillant de circonscription. DE NOUVEAU LA QUESTION DE LA NEUTRALITÉ Alors que nos frĂšres africains, surtout dans les rĂ©gions rurales, voyaient leur foi fortement mise Ă  l’épreuve, plusieurs frĂšres de race blanche devaient encore dĂ©fendre leur foi devant les tribunaux. En rĂ©alitĂ©, beaucoup plus de frĂšres se trouvaient dans ce cas du fait que l’ñge limite de la conscription avait Ă©tĂ© portĂ© Ă  50 ans. Cette situation avait un aspect positif, car ces TĂ©moins plus ĂągĂ©s, dont bon nombre servaient comme anciens, Ă©taient mieux Ă  mĂȘme de parler avec hardiesse de leur fidĂ©litĂ© envers le Royaume messianique. Il en est rĂ©sultĂ© un puissant tĂ©moignage. Par exemple, voici ce que Gordon Hein a dit au conseil de rĂ©vision, sur un ton aimable mais ferme “Vous pouvez me mettre contre ce mur et me fusiller, mais rien ne me fera changer d’avis Je resterai fidĂšle Ă  JĂ©hovah et Ă  son Royaume.” Un autre frĂšre a eu l’occasion de donner un excellent tĂ©moignage devant le conseil de rĂ©vision. Il s’agit de Koos deWet. Bien que celui-ci ait expliquĂ© sa position trĂšs clairement et avec force, sa demande d’exemption a Ă©tĂ© rejetĂ©e. FrĂšre deWet nous explique ce qui s’est passĂ© ensuite “AprĂšs qu’ils ont dĂ©cidĂ© de ne pas m’accorder d’exemption, le chef des effectifs de rĂ©serve est venu m’informer en privĂ© de cette dĂ©cision. Dans le cours de la discussion, j’ai attirĂ© son attention sur le fait que pas un seul TĂ©moin de JĂ©hovah ne se trouvait parmi ceux qui luttaient contre le pays. Il m’a rĂ©pondu qu’il le savait. Et comment le savez-​vous?’ lui ai-​je dit. J’ai ajoutĂ© Parce que dans tous les pays qui nous entourent les TĂ©moins de JĂ©hovah adoptent la mĂȘme position que celle que j’ai adoptĂ©e devant vous aujourd’hui.’ “Il a reconnu que s’il avait dans le passĂ© considĂ©rĂ© les TĂ©moins comme un flĂ©au, il s’était rendu compte au cours des annĂ©es qu’ils avaient la meilleure religion.” NOTRE NEUTRALITÉ DEVIENT NOTOIRE À prĂ©sent, il Ă©tait clair dans tout le pays que les TĂ©moins de JĂ©hovah n’appartenaient ni Ă  un camp ni Ă  l’autre. Les frĂšres qui vivaient dans les territoires nationaux Ă©taient bien placĂ©s pour en tĂ©moigner. Le fait suivant a eu lieu en 1978. On avait annoncĂ© l’assemblĂ©e de district “La foi victorieuse”. Les frĂšres de la rĂ©gion de Hurungwe voulaient y assister et pour cela ils devaient louer un autocar. Mais laissons David Mupfururirwa nous raconter ce qui s’est passĂ©. À l’époque il Ă©tait surveillant de district, et actuellement il sert comme pionnier spĂ©cial avec sa femme Betty. Il raconte “Les combattants de la liberté’ contrĂŽlaient cette rĂ©gion, ce qui voulait dire qu’ils contrĂŽlaient aussi l’utilisation des autocars qui y venaient et en partaient. Personne ne pouvait louer un autocar ou mĂȘme quitter la rĂ©gion sans leur permission. Et encore avait-​on des ennuis. En effet, Ă  un moment donnĂ© on se trouvait bloquĂ© Ă  un barrage dressĂ© par les forces de sĂ©curitĂ© du gouvernement. Celles-ci savaient qu’un autocar ne pouvait partir qu’avec l’autorisation des guĂ©rilleros. Aussi le tenaient-​elles pour suspect. Il Ă©tait donc soigneusement fouillĂ©, ainsi que les bagages et les paquets, au cas oĂč des bombes et d’autres armes y seraient dissimulĂ©es. “Or, un jour le bruit parvint au chef des combattants de la liberté’ que les TĂ©moins essayaient de louer un autocar. Certains hommes furent alors envoyĂ©s chez le propriĂ©taire des autocars pour savoir ce qu’il en Ă©tait. Ce dernier leur dĂ©clara que c’étaient les TĂ©moins de JĂ©hovah qui voulaient louer un vĂ©hicule, mais qu’il ne leur avait pas encore donnĂ© son accord. On transmit cette information au chef. D’aprĂšs ce qui fut rapportĂ© aux frĂšres, la conversation se dĂ©roula Ă  peu prĂšs comme suit “Chef, saviez-​vous que les gens qui veulent louer un autocar sont des TĂ©moins de JĂ©hovah?’ Oui.’ Pourquoi ne l’avez-​vous pas dit plus tĂŽt? Nous n’aurions pas perdu notre temps Ă  prendre des renseignements Ă  leur sujet. Vous savez qu’ils sont neutres. Ils ne sont pas une menace pour nous. Je me sens mĂȘme beaucoup mieux quand je suis parmi eux que quand nous sommes entre nous. Nous allons leur permettre de louer l’autocar.’ “Plus tard, le chauffeur de l’autocar dĂ©clara aux frĂšres Vous, vous avez le soutien de JĂ©hovah. D’autres Églises ont essayĂ© de louer un autocar, mais ni les “combattants de la libertĂ©â€ ni les forces de sĂ©curitĂ© ne leur en ont donnĂ© l’autorisation.’” UN AUTRE OBSTACLE À SURMONTER Les frĂšres se dirigĂšrent donc vers Chinhoyi oĂč devait avoir lieu l’assemblĂ©e de district. Mais ils arrivĂšrent Ă  un barrage. Cette fois ils avaient affaire aux forces de sĂ©curitĂ©. Chacun reçut l’ordre de descendre et d’ouvrir ses bagages et ses paquets. Comme les frĂšres commençaient Ă  s’exĂ©cuter, un soldat demanda d’oĂč ils venaient et oĂč ils allaient. Un frĂšre dit “Nous sommes des TĂ©moins de JĂ©hovah et nous allons Ă  Chinhoyi pour assister Ă  notre assemblĂ©e religieuse.” “Vous ĂȘtes tous TĂ©moins de JĂ©hovah?” demanda le soldat. “Oui, Monsieur.” “Alors, remettez vos bagages en place et allez Ă  votre assemblĂ©e.” Comme les frĂšres remontaient dans l’autocar, ils entendirent la conversation suivante entre deux soldats “Eh bien, pourquoi le laisses-​tu partir?” “Ce sont des TĂ©moins de JĂ©hovah, les citoyens les plus paisibles qui soient. Inutile de perdre notre temps avec eux.” Soit dit en passant, les “combattants de la libertĂ©â€ avaient fait savoir aux frĂšres qu’ils n’avaient pas Ă  s’inquiĂ©ter pour leur assemblĂ©e. Rien ne viendrait entraver son dĂ©roulement. Et il en fut bien ainsi. LES JOURS LES PLUS SOMBRES DE LA GUERRE À prĂ©sent nous arrivions dans la pĂ©riode la plus critique de la guerre. Il n’y avait plus d’endroits sĂ»rs. À mesure que les forces du gouvernement subissaient des pressions de plus en plus fortes, le front pouvait se trouver n’importe oĂč dans le pays, dans les villes comme dans la campagne. Dans la premiĂšre partie de 1978, les villes Ă©taient le théùtre d’attentats Ă  la bombe et Ă  la grenade Ă  main. Dans la capitale, une bombe a dĂ©truit une façade d’un des bĂątiments de la Woolworth, faisant plusieurs morts et causant la mutilation de beaucoup. À Mutare, une femme est entrĂ©e dans un grand magasin une grenade fixĂ©e Ă  une jambe. La grenade a explosĂ©, tuant la femme ainsi que d’autres personnes. Pour faire face Ă  la situation, on a pris des mesures de sĂ©curitĂ© trĂšs strictes. Quiconque voulait entrer dans un grand magasin Ă©tait fouillĂ© au prĂ©alable. Les chemins ruraux Ă©taient minĂ©s et l’on ne pouvait voyager sur la plupart des grandes routes qu’en convoi, sous la protection de l’armĂ©e et pendant la journĂ©e. LES CONSÉQUENCES POUR LES CONGRÉGATIONS Naturellement, les activitĂ©s des congrĂ©gations ont Ă©tĂ© trĂšs perturbĂ©es, et dans beaucoup d’endroits elles ont mĂȘme cessĂ©. Parfois, les surveillants de circonscription ne pouvaient pas atteindre les congrĂ©gations qu’ils devaient visiter. Pour essayer de rĂ©soudre ce problĂšme, on a dĂ©signĂ© des frĂšres locaux dignes de confiance qui s’efforceraient de rester en contact avec ces congrĂ©gations. Ces frĂšres locaux avaient un avantage sur les surveillants itinĂ©rants qui souvent Ă©taient Ă©trangers Ă  la rĂ©gion. MalgrĂ© cette disposition, certaines congrĂ©gations Ă©taient coupĂ©es de tout, Ă  tel point que pendant deux ou trois ans on n’en a plus eu de nouvelles. Selon les rĂ©cits parvenus Ă  la filiale, des congrĂ©gations entiĂšres ont dĂ» fuir et ont vĂ©cu dans des cavernes jusqu’à ce que les circonstances permettent aux frĂšres et aux sƓurs de retourner chez eux. Bien sĂ»r, tout cela n’a pas Ă©tĂ© sans avoir une incidence sur les rapports reçus par la SociĂ©tĂ©. Le nombre de proclamateurs baissait rĂ©guliĂšrement. Ils Ă©taient en moyenne 12 127 en 1976 et seulement 10 087 en 1981. Cette baisse Ă©tait due en majeure partie aux conditions de vie qui existaient Ă  cette Ă©poque. DĂšs que cela a Ă©tĂ© possible, les surveillants de circonscription se sont mis en contact avec ces congrĂ©gations “perdues”. À ce propos, voici le rapport trĂšs encourageant qu’a envoyĂ© John Hunguka “À cause de la guerre, ces frĂšres et ces sƓurs n’ont pas eu la visite d’un surveillant de circonscription pendant deux ans. Mais il est rĂ©confortant de savoir comment ils ont fait face aux problĂšmes. Les parents tenaient ferme et protĂ©geaient leurs enfants contre l’intimidation, la violence et les violeurs armĂ©s. Ils restaient attachĂ©s aux principes Ă©levĂ©s de la Bible. Du reste, ils se conduisent toujours en TĂ©moins de JĂ©hovah, bien qu’ils soient sĂ©parĂ©s des autres depuis au moins deux ans.” FrĂšre Hunguka ajoute que certains sont devenus inactifs pendant cette pĂ©riode et que quelques-uns, ayant cĂ©dĂ© Ă  la crainte, ont fait des compromis en ce qui concerne la neutralitĂ©. Mais quelle joie d’apprendre que la grande majoritĂ© des frĂšres ont endurĂ© toutes ces Ă©preuves en gardant intactes leurs relations avec JĂ©hovah! ILS SE SONT CONFIÉS EN JÉHOVAH Quand on passe en revue ces annĂ©es critiques, une chose ressort trĂšs clairement. Ces fidĂšles serviteurs de JĂ©hovah se sont confiĂ©s en lui de tout leur cƓur’ et JĂ©hovah, Ă  son tour, leur a accordĂ© sa protection et l’aide nĂ©cessaire pour endurer Prov. 35. Quelques exemples nous aideront Ă  mieux comprendre cela. ConsidĂ©rons la situation d’Eric Hitz, un surveillant de circonscription qui, accompagnĂ© de sa femme Jane, a desservi les congrĂ©gations d’expression anglaise pendant la majeure partie de cette pĂ©riode. N’oubliez pas que, particuliĂšrement durant les derniĂšres annĂ©es de guerre, on ne pouvait voyager sur la plupart des routes principales qu’en convoi et que beaucoup de routes secondaires Ă©taient truffĂ©es de mines. De plus, des bandes de malfaiteurs pouvaient surgir Ă  tout moment. FrĂšre et sƓur Hitz devaient emprunter nombre de ces routes. Bien qu’on les ait fortement conseillĂ©s de porter des armes pour se protĂ©ger, ils ont refusĂ© de le faire. Ils se sont plutĂŽt confiĂ©s en JĂ©hovah. FrĂšre Hitz a dĂ©clarĂ© “Souvent on nous a dit que nous Ă©tions fous de voyager sur certaines de ces routes, que nous y laisserions notre vie. Mais JĂ©hovah nous a protĂ©gĂ©s. L’amour et la sollicitude des frĂšres que nous visitions Ă  cette Ă©poque Ă©taient vraiment remarquables, et nous pensions que les risques que nous prenions en valaient la peine.” SƓur Hitz expliquait qu’une fois, pour une raison quelconque, son mari et elle avaient quittĂ© la congrĂ©gation un jour plus tard que prĂ©vu. Le lendemain, en reprenant la route, ils ont vu les vĂ©hicules carbonisĂ©s d’un convoi qui avait Ă©tĂ© attaquĂ©. S’ils avaient voyagĂ© le jour prĂ©cĂ©dent, comme il avait Ă©tĂ© convenu, ils auraient fait partie de ce convoi. “Mais je pourrais vous raconter beaucoup d’autres faits semblables”, a ajoutĂ© notre sƓur. Plus tard, ces deux TĂ©moins fidĂšles ont suivi les cours de l’École de Galaad et Ă  prĂ©sent ils sont missionnaires en Suisse. Stephen Gumpo a lui aussi montrĂ© une totale confiance en JĂ©hovah. Lui et sa femme Gladys servent actuellement au BĂ©thel. Alors qu’il Ă©tait pionnier spĂ©cial, frĂšre Gumpo a subi, comme frĂšre Hunguka, la torture par l’électricitĂ©. “Dans des moments pareils, dit-​il, on ferait n’importe quoi on mentirait, on consentirait Ă  des compromis. On ferait n’importe quoi pour ne plus Ă©prouver cette douleur atroce. C’est uniquement grĂące Ă  la force que m’a donnĂ©e JĂ©hovah que j’ai pu endurer et rester fidĂšle.” FrĂšre Gumpo a ajoutĂ© que d’autres sont morts pour avoir subi le mĂȘme traitement. L’ESPOIR DE LA RÉSURRECTION AIDE À ENDURER Bien qu’il y ait de nombreux cas oĂč JĂ©hovah a protĂ©gĂ© et dĂ©livrĂ© miraculeusement ses fidĂšles, cela ne signifie pas qu’un serviteur de Dieu Ă©vitera toujours la mort. Parfois il devra prouver sa fidĂ©litĂ© Ă  JĂ©hovah jusqu’à la mort’; il sera ainsi assurĂ© de recevoir “la couronne de vie” par le moyen de la rĂ©surrection. — Jacq. 112. Ce qu’a racontĂ© Tembe Mtshiywa, un frĂšre fidĂšle qui a montrĂ© sa confiance en JĂ©hovah par une foi solide en la rĂ©surrection, est Ă  la fois triste et encourageant. Il a perdu trois fils Ă  cause de la guerre. Deux ont Ă©tĂ© tuĂ©s lorsque leur voiture a Ă©tĂ© attaquĂ©e; le troisiĂšme, Abutte, un jeune surveillant de circonscription, a Ă©tĂ© assassinĂ© alors qu’il se rendait d’une congrĂ©gation Ă  une autre Ă  bicyclette. Pour autant que nous le sachions, c’est le seul TĂ©moin de JĂ©hovah qui ait Ă©tĂ© tuĂ© pendant la guerre parce qu’il Ă©tait TĂ©moin. FrĂšre Mtshiywa a relatĂ© que ses amis, sa parentĂ© et mĂȘme le chef de la rĂ©gion ont fait pression sur lui pour qu’il apaise les esprits de ses ancĂȘtres. Ces gens prĂ©tendaient que s’il Ă©tait frappĂ© aussi durement, c’était pour avoir rejetĂ© le culte de ses ancĂȘtres. NĂ©anmoins, il a rĂ©sistĂ© fermement Ă  ces pressions, gardant une foi forte en la rĂ©surrection. Il a dĂ©clarĂ© que ses compagnons chrĂ©tiens et l’organisation de JĂ©hovah lui ont prodiguĂ© un grand rĂ©confort. Ce frĂšre est toujours pionnier et ancien dans sa congrĂ©gation. “JÉHOVAH SAIT DÉLIVRER” Comme ces paroles se sont rĂ©vĂ©lĂ©es exactes II Pierre 29! Jeremiah Mupondi est bien placĂ© pour en tĂ©moigner. C’est un jeune pionnier spĂ©cial qui n’a qu’une seule oreille. Comment cela est-​il arrivĂ©? Écoutons-​le “Nous venions juste de quitter le surveillant de circonscription ainsi qu’un groupe de proclamateurs et nous retournions chez nous [dans une rĂ©gion rurale]. Une troupe de soldats nous y attendaient. Ils nous avaient vus avec le surveillant de circonscription et pensaient que nous Ă©tions des vendus’. Ils nous ont dit qu’on les avait envoyĂ©s nous chercher. “Au cours de la discussion, ils ont voulu nous forcer Ă  crier des slogans tels que Vive la guerre’ et À bas JĂ©sus’. Nous avons fermement refusĂ©. Ensuite, avec du fil de fer, ils ont liĂ© les mains des frĂšres derriĂšre leur dos. Ils ont aussi pris nos publications et les ont brĂ»lĂ©es. “Il y avait une jeune sƓur avec nous. Ils ont essayĂ© de lui faire reconnaĂźtre qu’elle avait Ă©tĂ© obligĂ©e Ă  devenir TĂ©moin de JĂ©hovah. Comme elle refusait, les soldats l’ont battue jusqu’à ce qu’elle perde connaissance. Lorsqu’elle est revenue Ă  elle, elle les a entendu dire qu’elle avait admis avoir Ă©tĂ© forcĂ©e Ă  devenir TĂ©moin. Du sol oĂč elle gisait, elle a criĂ© C’est un mensonge, je n’ai jamais dit cela.’ De nouveau elle a Ă©tĂ© battue jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse. “Un autre frĂšre et moi-​mĂȘme avons Ă©tĂ© contraints de nous Ă©tendre sur le sol. Ce frĂšre a Ă©tĂ© si cruellement battu qu’il est devenu presque aveugle. Quant Ă  moi, ils m’ont saisi par l’oreille, ont brandi un couteau et m’ont dit qu’ils me la couperaient si je ne rĂ©pĂ©tais pas les slogans. Je suis restĂ© silencieux. Les soldats ont mis leur menace Ă  exĂ©cution, ils m’ont coupĂ© l’oreille. C’est alors que j’ai commencĂ© Ă  puiser beaucoup de force dans l’espoir de la rĂ©surrection. “Ensuite nos persĂ©cuteurs se sont tournĂ©s vers sƓur Muchini et l’ont menacĂ©e de couper en morceaux son bĂ©bĂ© de cinq mois si elle refusait de crier Vive la guerre’ et À bas JĂ©sus’. Face Ă  cette menace et sachant ce qu’ils avaient dĂ©jĂ  fait, cette sƓur fidĂšle a refusĂ©. Sans doute les soldats ont-​ils Ă©tĂ© impressionnĂ©s, car ils n’ont pas tuĂ© son bĂ©bĂ©. “Finalement, on nous a laissĂ©s partir. Cependant, dix jours plus tard, une autre bande nous a attaquĂ©s. Nous avons connu les mĂȘmes menaces et les mĂȘmes mauvais traitements. Tous les cinq, nous sommes restĂ©s fidĂšles.” En cette derniĂšre circonstance, frĂšre Mupondi a dĂ©clarĂ© aux hommes qui les avaient traitĂ©s si cruellement “Nous ne cesserons pas de prĂȘcher ni de nous rĂ©unir, mĂȘme si cela doit nous coĂ»ter la vie. Nous sommes dĂ©terminĂ©s Ă  mourir pour le nom de JĂ©hovah.” C’est alors que les frĂšres ont entendu certains de leurs persĂ©cuteurs dire en partant “JĂ©hovah est le vrai Dieu.” Peu aprĂšs, Jeremiah Mupondi ainsi que son frĂšre aĂźnĂ© sont devenus pionniers. Depuis lors, Jeremiah et son compagnon, Arnold Chamburuka, ont vĂ©cu des moments passionnants dans le service de pionnier spĂ©cial. LA RÉORGANISATION APRÈS LA GUERRE Enfin la guerre s’est arrĂȘtĂ©e. Tout d’abord placĂ© sous l’autoritĂ© d’un gouverneur britannique, de janvier 1980 jusqu’en avril de la mĂȘme annĂ©e, le pays a ensuite connu son premier gouvernement majoritaire. Il a aussi reçu son nouveau nom Zimbabwe. Alors a commencĂ© une pĂ©riode de rĂ©organisation, dans le pays en gĂ©nĂ©ral mais aussi chez le peuple de JĂ©hovah. Cependant, tandis que le programme de rĂ©organisation du nouveau gouvernement connaissait et connaĂźt encore beaucoup de problĂšmes, le peuple de JĂ©hovah, lui, enregistrait des progrĂšs constants. La situation faisait penser Ă  celle qu’avait vĂ©cue la congrĂ©gation chrĂ©tienne au premier siĂšcle. AprĂšs toute une pĂ©riode de troubles et de persĂ©cutions, voici ce que rapporte le rĂ©cit contenu en Actes 931 “Alors, vraiment, la congrĂ©gation, dans toute la JudĂ©e, la GalilĂ©e et la Samarie, connut une pĂ©riode de paix, et elle s’édifiait; et, comme elle marchait dans la crainte de JĂ©hovah et dans la consolation de l’esprit saint, elle se multipliait.” Il semblait en aller de mĂȘme au Zimbabwe. ConformĂ©ment au programme d’amnistie du gouvernement, nos frĂšres qui se trouvaient en prison ont Ă©tĂ© relĂąchĂ©s et ont pu reprendre leurs occupations normales. Les frĂšres qui avaient, pendant la guerre, envoyĂ© leur famille dans les villes pour les mettre Ă  l’abri ont pu ĂȘtre rĂ©unis Ă  leurs ĂȘtres chers. Les congrĂ©gations qui avaient Ă©tĂ© un moment dĂ©sorganisĂ©es ont retrouvĂ© leur stabilitĂ©. Dans une atmosphĂšre de paix, l’Ɠuvre consistant Ă  rendre tĂ©moignage au Royaume a alors connu un essor prodigieux; en l’espace de deux ans nous avons enregistrĂ© un excellent accroissement Moyenne Moyenne Assistance proclamateurs pionniers au MĂ©morial 1981 10 078 484 28 103 1983 11 552 671 33 914 Ainsi que vous pouvez le constater, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que nos frĂšres reprennent une excellente activitĂ© thĂ©ocratique. D’ailleurs, les moyennes par proclamateur ont connu un trĂšs bon accroissement, ce qui prouve que les frĂšres et les sƓurs, individuellement, font un meilleur travail qu’avant 1981. DAVANTAGE D’INTÉRÊT POUR LE MESSAGE DU ROYAUME Pendant une courte pĂ©riode aprĂšs la guerre, les gens n’avaient pas le temps d’écouter le message du Royaume. Au cours du conflit, beaucoup de promesses avaient Ă©tĂ© faites, et maintenant les gens espĂ©raient les voir se rĂ©aliser. Mais les choses ne se sont pas passĂ©es ainsi. BientĂŽt les rĂ©percussions de la guerre sont devenues Ă©videntes on notait un accroissement du crime et de la violence, choses presque inconnues dans le pays avant la guerre. Pour la premiĂšre fois, les pĂ©nuries devenaient un gros problĂšme. Les enlĂšvements et autres actions des dissidents rendaient certaines rĂ©gions dangereuses. Tout cela n’a pas Ă©tĂ© sans exercer une influence sur beaucoup, qui ont commencĂ© Ă  se demander sĂ©rieusement si l’homme Ă©tait capable de diriger ses propres affaires. Bon nombre de ces gens-​lĂ  se sont alors rappelĂ© la position des TĂ©moins de JĂ©hovah durant la guerre, leur fidĂ©litĂ© au Royaume messianique de Dieu, qui est le seul remĂšde aux maux de l’humanitĂ©. Voici ce qu’une personne a Ă©crit Ă  la SociĂ©tĂ© “Je m’opposais fortement Ă  vous Ă  cause de votre position pendant la guerre. Mais maintenant je me rends compte que vous ĂȘtes vraiment le peuple de Dieu.” D’ailleurs, la filiale n’avait jamais reçu autant de lettres demandant l’aide des TĂ©moins de JĂ©hovah que depuis la fin de la guerre. Par exemple, voici le contenu d’une lettre envoyĂ©e par une personne qui s’intĂ©ressait Ă  la vĂ©ritĂ© “J’ai Ă©tĂ© ravi d’apprendre une aussi bonne nouvelle, car avant qu’un ami me donne ce livre j’avais l’habitude de boire, de fumer et de m’occuper de politique. Je me sentais esclave de toutes ces choses. Maintenant je me sens libre. Je voudrais Ă©tudier la Bible avec vous, s’il vous plaĂźt. Pouvez-​vous m’envoyer une Bible pour que je puisse l’étudier avec l’aide des TĂ©moins de JĂ©hovah?” Les frĂšres dans les congrĂ©gations pourraient nous relater des faits semblables. Rabson Daniel, un surveillant de circonscription qui est dans le service Ă  plein temps depuis 34 ans, rapporte que dans certaines rĂ©gions les gens venaient chez les frĂšres Ă  la fin du mois pour leur demander des pĂ©riodiques. Une sƓur pionnier qui se prĂ©parait Ă  aller distribuer des pĂ©riodiques les a tous placĂ©s Ă  ceux qui Ă©taient venus Ă  sa porte pour en obtenir. Un directeur d’école a rĂ©cemment Ă©crit Ă  la SociĂ©tĂ© pour lui demander 45 exemplaires d’un livre ou d’une brochure qui pourrait servir pour l’enseignement religieux. D’une autre Ă©cole la filiale a reçu cette lettre “Je vous Ă©cris au nom du corps enseignant et des Ă©lĂšves de l’école secondaire de Nyangani. FondĂ©e en 1981, notre Ă©cole est en plein dĂ©veloppement, et au cours des derniers mois nous avons entrepris de former une bibliothĂšque. Naturellement, nous estimons que l’instruction religieuse est un aspect essentiel de l’enseignement. RĂ©cemment nous avons reçu en don quelques-unes de vos publications et nous avons constatĂ© qu’elles rĂ©pondaient trĂšs bien Ă  nos besoins. À prĂ©sent, nous aimerions avoir plus de renseignements. RĂ©veillez-vous!, notamment, est facile Ă  lire et contient des articles trĂšs divers. “Si vous avez des brochures contenant les prix courants, elles nous seraient certainement utiles dans l’avenir.” TOUJOURS DES PROBLÈMES Bien sĂ»r, mĂȘme si la situation Ă©voluait, cela ne signifiait pas que les serviteurs de Dieu n’avaient plus de problĂšmes. Ils devaient faire face aux mĂȘmes difficultĂ©s que les autres. Certaines rĂ©gions restaient dangereuses Ă  cause de l’action antigouvernementale, et le crime et les alertes Ă  la bombe n’avaient pas disparu. En outre, nos frĂšres devaient faire face Ă  d’autres problĂšmes qui mettaient leur foi Ă  l’épreuve. Les organisations politiques locales voulaient obliger les TĂ©moins Ă  s’occuper de politique. Notre refus constant nous valait d’ĂȘtre sans cesse harcelĂ©s, mais en contrepartie de nombreuses occasions s’offraient Ă  nous pour donner le tĂ©moignage devant les autoritĂ©s locales et devant diffĂ©rents groupes de gens. Ben Mapuranga, un surveillant de circonscription, nous explique que frĂšre Tauzen Brown a Ă©tĂ© amenĂ© devant une foule de plus de 400 personnes pour expliquer sa neutralitĂ©. En premier lieu, il a montrĂ© pourquoi il refusait de rĂ©pĂ©ter un slogan politique. Il a donnĂ© ensuite un excellent tĂ©moignage concernant le Royaume de Dieu et la neutralitĂ© chrĂ©tienne. AprĂšs quoi le prĂ©sident a demandĂ© Ă  tous les TĂ©moins de JĂ©hovah prĂ©sents de se lever, puis il leur a posĂ© cette question “Est-​il vrai que vous non plus vous ne voulez pas prendre la carte du parti?” “Oui!” ont-​ils tous dĂ©clarĂ© avec enthousiasme. Ils ont ajoutĂ© “Car nous aussi nous sommes des ministres de Dieu.” L’assistance a alors criĂ© qu’il fallait les battre, mais le prĂ©sident a rĂ©pondu “Il ne faut pas les battre, ces gens sont innocents. Qu’ils rentrent chez eux. Ils ont expliquĂ© leur position.” LA POSITION DU GOUVERNEMENT ENVERS LES TÉMOINS Partout dans le pays, les groupes politiques locaux, et surtout les mouvements de la jeunesse, essayaient de forcer nos frĂšres Ă  abandonner leur neutralitĂ©. NĂ©anmoins, la position officielle du gouvernement sur cette question Ă©tait trĂšs encourageante. La politique gĂ©nĂ©rale qu’il avait adoptĂ©e Ă©tait de laisser les TĂ©moins de JĂ©hovah poursuivre tranquillement l’Ɠuvre du Royaume. Dans la premiĂšre partie de 1983, un rassemblement politique s’est tenu dans une certaine ville, et un ministre d’État y Ă©tait prĂ©sent. AprĂšs son discours, on a donnĂ© au public la permission de poser des questions. L’une d’elles portait sur les TĂ©moins de JĂ©hovah et leur refus de prendre part Ă  des activitĂ©s politiques. Le ministre a demandĂ© Ă  la foule “Les TĂ©moins de JĂ©hovah ont-​ils combattu contre nous lors de notre lutte pour la libertĂ©?” “Non.” “Combattent-​ils contre nous Ă  prĂ©sent?” “Non.” “Alors laissez-​les tranquilles. Ils ne sont pas nos ennemis.” Dans d’autres parties du pays les mĂȘmes questions ont Ă©tĂ© soulevĂ©es et les rĂ©ponses ont Ă©tĂ© semblables Ă  celle du ministre. “QU’ILS POURSUIVENT LEUR ƒUVRE” Un fait rĂ©cent rapportĂ© par un surveillant de district, Caleb Mandiwanza, nous fera mieux comprendre l’attitude actuelle du gouvernement Ă  l’égard de l’Ɠuvre du Royaume. Deux frĂšres habitant la campagne avaient Ă©tĂ© amenĂ©s devant les fonctionnaires du parti politique local pour qu’ils expliquent pourquoi ils refusaient la carte du parti. On n’accepta pas leurs explications et on les conduisit au siĂšge du parti, dans une grande ville. De nouveau, les deux frĂšres ont pu exposer, Ă  l’aide de la Bible, les raisons de leur position. Une fois de plus, les fonctionnaires ne savaient que faire. Ils rĂ©solurent de les renvoyer au bureau principal de la police. LĂ , on dĂ©cida de tĂ©lĂ©phoner au siĂšge du gouvernement, Ă  Harare. Quelle fut la rĂ©ponse? “Le gouvernement connaĂźt cette organisation. Laissez partir ces hommes. Ne les accusez plus. Qu’ils poursuivent leur Ɠuvre de prĂ©dication. Ne les inquiĂ©tez pas et ne les convoquez pas Ă  vos rĂ©unions [politiques].” “PROGRÈS DE LA BONNE NOUVELLE” Dans sa lettre Ă  la congrĂ©gation de Philippes, l’apĂŽtre Paul disait que ce qui lui Ă©tait arrivĂ© avait “tournĂ© au progrĂšs de la bonne nouvelle”. Phil. 112. C’est Ă©galement vrai de nos jours. Le fait que nous venons de relater a rendu possible un excellent tĂ©moignage dans la rĂ©gion oĂč habitent ces deux frĂšres. Une personne a quittĂ© officiellement sa religion et a demandĂ© d’étudier la Bible avec les TĂ©moins de JĂ©hovah. Le rĂ©cit suivant est encore plus probant. Kenias Chemere, un pionnier spĂ©cial, conduisait des Ă©tudes de la Bible avec des professeurs et des directeurs d’école notamment. Parmi ces personnes, six se sont rendu compte que ce qu’elles apprenaient Ă©tait la vĂ©ritĂ©. Aussi ont-​elles dĂ©missionnĂ© du parti politique local. Cela a dĂ©clenchĂ© la fureur de certains. Le conseiller municipal a pris l’affaire en main et a ordonnĂ© Ă  tous les TĂ©moins de JĂ©hovah de quitter sa juridiction dans un dĂ©lai de quelques semaines. Suivant une suggestion de la filiale, le pionnier spĂ©cial et le surveillant de circonscription, Steyn Madakuchekwa, ont portĂ© l’affaire devant l’administrateur du district. Puis la police a Ă©tĂ© saisie de la question. Finalement, le conseiller qui avait ordonnĂ© aux TĂ©moins de quitter la rĂ©gion a Ă©tĂ© averti de les laisser tranquilles. La mĂȘme consigne a Ă©tĂ© donnĂ©e au prĂ©sident du parti politique. Celui-ci a dit Ă  frĂšre Chemere “Votre affaire est rĂ©glĂ©e. Nous avons reçu un sĂ©vĂšre avertissement.” Quel a Ă©tĂ© le rĂ©sultat de tout cela? Le “progrĂšs de la bonne nouvelle”. Plusieurs nouvelles Ă©tudes de la Bible ont Ă©tĂ© commencĂ©es. Ceux qui s’intĂ©ressaient dĂ©jĂ  Ă  la vĂ©ritĂ© se sont sentis poussĂ©s Ă  prendre fermement position et certains se sont mĂȘme prĂ©parĂ©s au baptĂȘme. Bien que le pionnier spĂ©cial ait Ă©tĂ© nommĂ© dans un autre territoire, le surveillant de circonscription a insistĂ© pour qu’il lui soit permis de rester Ă©tant donnĂ© que tout cela avait suscitĂ© beaucoup d’intĂ©rĂȘt pour le message du Royaume. Deux autres jeunes pionniers spĂ©ciaux qui ont connu rĂ©cemment une situation identique ont racontĂ© quels en ont Ă©tĂ© les rĂ©sultats. Ils ont Ă©crit “Un homme qui Ă©tait trĂšs hostile Ă  toute la congrĂ©gation Ă  cause de la question de la neutralitĂ© Ă©tudie Ă  prĂ©sent la Bible avec nous. Il fait d’excellents progrĂšs. Il a cessĂ© de fumer en une semaine, aprĂšs avoir fait usage du tabac pendant 25 ans. Quand il a appris que sa religion faisait partie de Babylone la Grande, il a rompu tout lien avec elle.” On pourrait relater bien d’autres rĂ©cits semblables qui attestent qu’une grande porte a Ă©tĂ© ouverte qui donne accĂšs Ă  l’activité’. I Cor. 169. Nous remercions JĂ©hovah de nous avoir offert un territoire aussi productif. Mais Paul disait aussi “Il y a beaucoup d’adversaires.” Il faut s’y attendre. Cependant, Ă©tant donnĂ© que le gouvernement nous protĂšge contre nos ennemis, la situation s’est beaucoup amĂ©liorĂ©e et nous jouissons d’une plus grande libertĂ©. ZÉLÉS POUR LES BELLES ƒUVRES Nos frĂšres ont rapidement tirĂ© parti des circonstances actuelles pour faire avancer les intĂ©rĂȘts du Royaume. Le Recueil d’histoires bibliques a joui d’une trĂšs grande popularitĂ© parmi les Ă©lĂšves et les professeurs. Sheva Mawasu, un frĂšre qui est instituteur, a dĂ©clarĂ© “Selon le directeur, le Recueil d’histoires bibliques est tout Ă  fait en accord avec le programme d’instruction religieuse. Je suis heureux de vous dire qu’à prĂ©sent il utilise ce livre dans sa classe.” Tirant parti de la situation, ce frĂšre a pris des dispositions pour qu’on se serve de la publication Comment apprendre Ă  lire et Ă  Ă©crire avec les Ă©lĂšves du cours Ă©lĂ©mentaire et du livre Votre jeunesse — Comment en tirer le meilleur parti avec ceux des classes supĂ©rieures. Un autre TĂ©moin plein d’initiatives a dĂ©couvert comment surmonter un problĂšme Ă  l’école. Ce jeune frĂšre refusait de chanter des chants patriotiques et de dire la priĂšre avec les autres. Il ne voulait pas non plus prendre part Ă  certaines distractions. Il nous raconte ce qui s’est passĂ© “Quand le directeur a appris que je refusais de chanter et de prier avec les autres, il m’a fait appeler dans son bureau. Je lui ai expliquĂ© les raisons de ma conduite. Je lui ai ensuite demandĂ© s’il voulait que nous chantions nos cantiques. Il a acceptĂ©. Peu aprĂšs, les enfants des TĂ©moins de JĂ©hovah, d’autres Ă©lĂšves et mĂȘme le professeur se sont mis Ă  chanter le cantique Adore JĂ©hovah durant ta jeunesse!’.” Ce jeune frĂšre, Jerasi Nyakurita, servait comme pionnier auxiliaire pendant qu’il Ă©tait Ă  l’école. À prĂ©sent il est pionnier permanent. UN INTÉRÊT ACCRU Toute cette activitĂ© dĂ©ployĂ©e par les proclamateurs, de mĂȘme que les excellents articles de La Tour de Garde et de RĂ©veillez-vous! ainsi que les autres publications ont Ă©veillĂ© un grand intĂ©rĂȘt pour le message du Royaume. Des lettres de remerciement ne cessent d’affluer Ă  la filiale. Voici par exemple ce qu’a Ă©crit un jeune Ă©lĂšve d’une Ă©cole secondaire “Je ne vous remercierai jamais assez pour la bontĂ© que vous m’avez tĂ©moignĂ©e. J’ai l’impression que c’est Dieu lui-​mĂȘme qui m’a bĂ©ni. Je vous suis reconnaissant de m’avoir envoyĂ© votre messager fidĂšle et plein d’amour. Je dĂ©sire encourager tous les TĂ©moins de JĂ©hovah Ă  poursuivre leur Ɠuvre, y compris ceux qui travaillent Ă  l’impression de livres aussi utiles que celui qui s’intitule Comment choisir le meilleur mode de vie. Je ne trouve rien Ă  critiquer dans aucun de vos ouvrages.” LĂ  oĂč il n’y a pas encore de TĂ©moins, certaines personnes qui s’intĂ©ressent depuis peu Ă  la vĂ©ritĂ© emploient elles aussi les publications pour enseigner autrui. L’une d’elles a envoyĂ© de l’argent pour recevoir quatre abonnements Ă  La Tour de Garde. Dans sa lettre elle dĂ©clare “Nous habitons une contrĂ©e reculĂ©e et nous avons commencĂ© Ă  lire Nharire [La Tour de Garde en chona]. Nous vous demanderons bientĂŽt de nous envoyer un responsable pour nous aider. Nous sommes Ă  peu prĂšs sept familles, soit environ 12 personnes.” MĂȘme les autoritĂ©s locales font Ă  prĂ©sent bon accueil aux TĂ©moins. DerniĂšrement, un pionnier spĂ©cial a Ă©tĂ© nommĂ© dans un territoire isolĂ©. FrĂšre Chinamhora, qui possĂšde une propriĂ©tĂ© dans la rĂ©gion, est allĂ© voir les autoritĂ©s locales pour leur parler de la venue de ce pionnier. Le prĂ©sident du parti politique du village a dit Ă  frĂšre Chinamhora “VoilĂ  une bonne nouvelle. Amenez-​le-​nous, nous dirons au parti que nous allons avoir un prĂ©dicateur qui ira de maison en maison et qu’il ne faut pas l’inquiĂ©ter.” L’adjoint du chef de la localitĂ© a fait ce commentaire “C’est une bonne chose. La rĂ©gion sera remplie d’amour et la criminalitĂ© baissera.” Si vous Ă©tiez pionnier spĂ©cial, n’aimeriez-​vous pas ĂȘtre nommĂ© dans un tel territoire? LA SÉCHERESSE Au cours des trois derniĂšres annĂ©es, un problĂšme d’un nouveau genre s’est posĂ©. Comme plusieurs autres pays de l’hĂ©misphĂšre austral, le Zimbabwe est durement frappĂ© par la sĂ©cheresse. Cette sĂ©cheresse est la pire que l’on ait jamais connue. Dans certains endroits, les bĂȘtes meurent comme des mouches. Les animaux sauvages dĂ©pouillent les arbres de leur Ă©corce puis la mangent, afin de trouver un peu d’humiditĂ©. Tous, y compris nos frĂšres, souffrent beaucoup de cette situation. Rapidement, des frĂšres et des sƓurs attentionnĂ©s ont pris des dispositions pour pourvoir aux besoins de leurs compagnons chrĂ©tiens durement touchĂ©s. C’est, entre autres, dans le cadre des circonscriptions que les secours sont maintenant organisĂ©s. Les surveillants de district discutent de la question avec les anciens aux assemblĂ©es de circonscription. Ils ont ensuite la responsabilitĂ© de rassembler les dons et de les faire parvenir lĂ  oĂč les besoins sont plus importants. Cette disposition permet d’éviter que des agents de la poste peu scrupuleux ne volent l’argent ou la nourriture envoyĂ©s. Plusieurs lettres exprimant la gratitude des frĂšres pour l’aide qu’ils ont reçue sont dĂ©jĂ  parvenues Ă  la filiale. À prĂ©sent que nous arrivons Ă  la fin de ce rapport, nous avons lieu de nous rĂ©jouir. En effet, au cours des 24 annĂ©es Ă©coulĂ©es, nous n’avions jamais pu dĂ©passer notre maximum de 13 493 proclamateurs. Cependant, en avril 1984 nous avons dĂ©passĂ© ce chiffre, puisque nous Ă©tions 13 621 Ă  prĂȘcher le Royaume. De plus, notre dernier maximum en pionniers permanents et auxiliaires Ă©tait de 1 191, mais en avril dernier il y en avait 2 114, presque le double. Au MĂ©morial de 1984, nous Ă©tions plus de 38 000 assistants, soit trois fois le nombre des proclamateurs et quelque 4 000 de plus qu’en 1983, oĂč nous avions atteint un maximum de 33 914 personnes prĂ©sentes pour cet Ă©vĂ©nement. Vraiment, JĂ©hovah donne l’accroissement. JÉHOVAH EST NOTRE SOUTIEN L’expression “Ah! le bon vieux temps!” n’a pas sa place dans le vocabulaire du peuple de JĂ©hovah qui, lui, regarde vers l’avant. Nous avons trop de choses devant nous pour regretter le passĂ©. NĂ©anmoins, nous pouvons tirer profit d’un rapide retour en arriĂšre. Nous aboutirons Ă  la mĂȘme conclusion que le roi David, qui dĂ©clarait en Psaume 3419 “Nombreux sont les malheurs du juste, mais de tous JĂ©hovah le dĂ©livre.” Comme ces paroles se sont rĂ©vĂ©lĂ©es vraies au Zimbabwe! Quand on Ă©voque les jours d’autrefois, alors que l’Ɠuvre du Royaume commençait seulement Ă  s’implanter dans le pays, on pense aux vaillants frĂšres et sƓurs comme Nason Mukaronda, Robin Manyochi, Wilson Stima, Willie McGregor, les McLuckie et bien d’autres. MalgrĂ© les annĂ©es, ils restent toujours fermes dans la foi. À n’en pas douter, ils doivent ĂȘtre remplis de joie lorsqu’ils voient comment JĂ©hovah a soutenu son peuple au milieu de toutes ses Ă©preuves et l’a amenĂ© Ă  goĂ»ter une telle prospĂ©ritĂ© spirituelle. Nous sommes reconnaissants aux autoritĂ©s gouvernementales qui ont adoptĂ© une excellente attitude envers notre Ɠuvre. Nous prions pour ces autoritĂ©s “afin que nous continuions Ă  mener une vie paisible et calme, avec piĂ©tĂ© et sĂ©rieux parfaits”. I Tim. 22. Mais en mĂȘme temps nous savons que c’est JĂ©hovah qui protĂšge son peuple et le conduit avec amour vers la dĂ©livrance finale, dans son nouvel ordre de choses oĂč rĂ©gnera la justice. Quoi qu’il puisse se passer, il sera notre “forteresse au temps de la dĂ©tresse” et en tout temps parce que nous nous rĂ©fugions en lui. — Ps. 3739, 40. [Cartes, page 173] Voir la publication ZIMBABWE Chinhoyi Chutes Victoria Harare Hwange Mutare Bulawayo ZAMBIE BOTSWANA MOZAMBIQUE Ulongue Tete Milange Mocuba Beira MALAWI Mt. Mlanje Blantyre OCÉAN INDIEN [Illustration, page 114] En 1924 Hamilton Maseko Ă  gauche commença Ă  prĂȘcher Ă  Bulawayo. Nason Mukaronda fut la premiĂšre personne Ă  ĂȘtre baptisĂ©e dans ce pays en 1924. [Illustration, page 117] Wilson Stima 76 ans et Robin Manyochi 85 ans connurent la vĂ©ritĂ© dans les annĂ©es 1920. Tous deux sont pionniers spĂ©ciaux. [Illustration, page 119] Quelques membres de la famille McLuckie, qui participĂšrent activement aux dĂ©buts de l’Ɠuvre de prĂ©dication au Zimbabwe et au Malawi. [Illustration, page 122] Willie McGregor arriva au Zimbabwe en 1929 et joua un grand rĂŽle dans l’affermissement de l’Ɠuvre du Royaume dans la rĂ©gion de Bulawayo. [Illustration, page 127] Eric Cooke ici avec sa femme, Myrtle devint le premier surveillant de la filiale du Zimbabwe. [Illustration, page 129] Une assemblĂ©e tenue au Zimbabwe lors de la visite de frĂšre Henschel en 1955. [Illustration, page 130] BaptĂȘmes Ă  l’assemblĂ©e de 1955. [Illustration, page 143] John Miles que l’on voit ici avec sa femme, Val fut surveillant de district puis membre de la filiale de 1960 Ă  1979, annĂ©e oĂč ils furent envoyĂ©s au Lesotho pour y servir comme missionnaires. [Illustration, page 145] Des diplĂŽmĂ©s de l’École de Galaad qui servent toujours au Zimbabwe. De gauche Ă  droite, au deuxiĂšme plan George Bradley, Irene McBrine, Lester Davey, Keith Eaton, Don Morrison; au premier plan Ruby Bradley, John McBrine, Anne Eaton, Marj Morrison. [Illustration, page 146] Sizulu Khumalo, diplĂŽmĂ© de l’École de Galaad, a apportĂ© une aide prĂ©cieuse aux frĂšres africains lorsqu’il servait en tant que surveillant de circonscription et surveillant de district. [Illustration, page 151] AprĂšs avoir servi au Malawi, Hal et Joyce Bentley furent nommĂ©s au Zimbabwe. [Illustration, page 164] Le bĂątiment de la filiale du Zimbabwe, achevĂ© en 1973. [Illustration, page 195] Jeremiah Chesa fut liĂ© Ă  un arbre oĂč on voulait le laisser mourir. [Illustration, page 203] John Hunguka qui fut torturĂ© avec un appareil Ă©lectrique et MichaĂ«l Chikara, tous deux surveillants itinĂ©rants. [Illustration, page 212] Lorsque Jeremiah Mupondi refusa de crier des slogans comme “À bas JĂ©sus!”, on lui coupa l’oreille. Leszimbabouin ? - Topic Comment appelle-t-on les habitants du Zimbabwe ? du 25-04-2019 13:44:49 sur les forums de jeuxvideo.com
Carte mentaleÉlargissez votre recherche dans UniversalisOrganisĂ© sans le concours de spĂ©cialistes diplĂŽmĂ©s et de techniciens patentĂ©s, l'habitat de l'Afrique noire est souvent considĂ©rĂ© comme primitif », dĂ©nuĂ© de qualitĂ©s ; pour beaucoup de nos contemporains, il doit, irrĂ©vocablement, cĂ©der la place aux architectures importĂ©es ; tout au plus accorde-t-on parfois quelque intĂ©rĂȘt au Sahel, en Afrique orientale, Ă  des formes de construction venues, dit-on, avec l'islam. Il a fallu trĂšs longtemps pour rendre aux Africains les Zimbabwe qui ponctuent le sud du continent voir Le Grand Atlas de l'architecture mondiale, EncyclopĂŠdia Universalis, pp. 80-81. Jusqu'Ă  une pĂ©riode trĂšs rĂ©cente, seuls quelques anthropologues, gĂ©ographes, quelques rares architectes ont prĂȘtĂ© attention aux demeures des Noirs ; archĂ©ologues et historiens ont tardĂ© encore plus ; dĂšs lors, le dĂ©sĂ©quilibre est immense entre l'information scientifique dont nous disposons, pour les constructions europĂ©ennes anciennes ou actuelles, et celle, encore trĂšs mince, qui peu Ă  peu dĂ©gage l'habitat africain d'une ombre millĂ©naire. La recherche archĂ©ologique a rĂ©vĂ©lĂ© que le souci de protĂ©ger les groupes humains par des abris construits remonte, en Afrique orientale, Ă  plus d'un million d'annĂ©es, que les techniques de la voĂ»te de briques, dite nubienne, Ă©taient dĂ©jĂ  connues sous l'Ancien Empire Ă©gyptien, que la fabrication des briques crues existait dans la boucle du Niger, dĂšs le dĂ©but de l'Ăšre chrĂ©tienne, que l'organisation concertĂ©e de l'espace d'habitation Ă©tait chose courante, du nord au sud du monde noir, longtemps avant tout contact avec l'islam. Il n'existe cependant, par dĂ©faut de recherches, aucune histoire complĂšte de l'habitat africain ; il serait prĂ©somptueux d'en esquisser ici les grandes lignes. MĂȘme les monographies ethnologiques » sont de valeur et de niveau trĂšs inĂ©gaux. On doit actuellement se contenter de dĂ©gager quelques traits gĂ©nĂ©raux clairs, et il faut souhaiter que les Ă©tudes progressent beaucoup dans les dĂ©cennies prochaines ; non sans souligner que l'habitude, paresseuse, qui consiste Ă  diviser le continent entre un nord – » blanc » – et un sud – » noir » – ne comporte pas que des avantages elle interdit, par exemple, d'effectuer des comparaisons entre les constructions de terre appartenant Ă  diffĂ©rentes constructions Ă©difiĂ©es sans technologies architecturales, Ă  l'aide de matĂ©riaux fragilesComme dans toutes les autres parties du monde, les Africains ont empruntĂ© leurs matĂ©riaux de construction Ă  l'environnement immĂ©diat, et les exemples de transport de matĂ©riaux sur de longues distances sont rares ; en Afrique, l'exploitation excessive de certains matĂ©riaux a probablement conduit Ă  des ruptures Ă©cologiques c'est certainement le cas Ă  Madagascar, oĂč la demande de bois pour les demeures est en partie responsable d'une dĂ©forestation chaleur, souvent accablante, interdit l'emploi d'accumulateurs de chaleur – comme la pierre nue ou mĂȘme le bĂ©ton et la tĂŽle ondulĂ©e – et conduit Ă  utiliser des matĂ©riaux calorifuges, largement disponibles, comme la terre et les vĂ©gĂ©taux. La chaleur impose en outre de rĂ©aliser une circulation intense de l'air, malgrĂ© la raretĂ© des ouvertures, en facilitant l'Ă©vacuation de l'air chaud par le haut des piĂšces. Les brusques et terribles tornades peuvent emporter les demeures ; elles rendent leur effondrement trĂšs dangereux si les matĂ©riaux de construction sont lourds et les Ă©tages nombreux c'est pourquoi la construction Ă  terre » est la rĂšgle, lĂ  oĂč l'espace n'est pas limitĂ©. Le ruissellement massif sape les murs de terre mal isolĂ©s ; il rend, dans tous les cas, trĂšs improbable une longue durĂ©e de la demeure. Les rapports sociaux, le dĂ©sir de concilier la vie des individus et la cohĂ©sion des groupes s'accommodent bien de piĂšces simples, dont le nombre est Ă  la mesure des besoins. Cette socialisation-dispersion de l'habitat revĂȘt, dans toute l'Afrique, l'allure de constructions groupĂ©es au milieu d'espaces verts, agglutinant de maniĂšre plus ou moins dense des milliers de personnes parfois ; elle s'accommode d'unitĂ©s de base de plan circulaire ou rectangulaire de quelques mĂštres carrĂ©s. L'entretien rĂ©gulier et la rĂ©fection pĂ©riodique de l'habitation assurent la durĂ©e nĂ©cessaire ; chaque piĂšce de ce jeu de construction » est relativement indĂ©pendante des autres et peut ĂȘtre modifiĂ©e Ă  a beaucoup insistĂ© dans les annĂ©es 1980 sur la terre, soit damĂ©e, soit modelĂ©e en gros colombins, soit façonnĂ©e en briques sĂ©chĂ©es au soleil il [...]1 2 3 4 5 
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] La devise poĂ©tique des ancĂȘtres fondateurs les appelle Équilibreurs de degrĂ©s », en hommage Ă  leur travail titanesque d'amĂ©nagement de ces chaos de rochers. Les grandioses constructions des Tellem, greniers en forme d'obus ou maisons flanquĂ©es de petites tours carrĂ©es, protĂ©gĂ©es par les auvents de la falaise, ont subsistĂ© jusqu'Ă  nos jours et sont rĂ©utilisĂ©es par les Dogon. Quant aux villages a [
] Lire la suiteALGÉRIEÉcrit par Charles-Robert AGERON, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN ‱ 42 226 mots ‱ 21 mĂ©dias Dans le chapitre Des densitĂ©s diffĂ©renciĂ©es avec une urbanisation renforcĂ©e » [
] Si, en 1966, la densitĂ© moyenne Ă©tait de 5 habitants/km 2 , elle atteignait 14 habitants/km 2 en 2008. Elle a augmentĂ© avec des Ă©volutions trĂšs contrastĂ©es les wilayas sahariennes, qui regroupent prĂšs de 11 p. 100 de la population en 2008 sur 84 p. 100 du territoire, ont une densitĂ© moyenne de 1,86 habitants/km 2 . Celles qui affichent les plus fortes densitĂ©s sont Biskra 34, Laghouat 18 et [
] Lire la suiteANDO TADAO 1941- Écrit par François CHASLIN ‱ 1 852 mots ‱ 1 mĂ©dia Dans le chapitre GĂ©omĂ©trie, Ă©lĂ©gance, sĂ©rĂ©nitĂ© » [
] Parmi ses premiĂšres Ɠuvres, celle qui lui valut sa rĂ©putation et que l'on peut considĂ©rer comme inaugurale restĂ©e d'ailleurs Ă  ce jour peut-ĂȘtre la plus forte consiste en une petite maison privĂ©e, de deux niveaux, bĂątie en 1976 Ă  Ìsaka dans le quartier de Sumiyoshi. SerrĂ©e sur un terrain de 3 mĂštres de largeur autour d'une courette d'un total dĂ©pouillement, elle est pourvue d'une façade plate, a [
] Lire la suiteARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALEÉcrit par Luc BOURGEOIS ‱ 4 882 mots ‱ 5 mĂ©dias Dans le chapitre ArchĂ©ologie du paysage et histoire de l’habitat rural » [
] TĂ©moignage le plus visible de l’emprise humaine, la trame des champs et des chemins, d’abord abordĂ©e Ă  partir de plans et de photographies aĂ©riennes par l’archĂ©ogĂ©ographie, a Ă©tĂ© progressivement documentĂ©e par des fouilles qui s’attachent Ă  l’étude des parcellaires et des pratiques culturales fosses de plantations de vignes, drainages, rotation des cultures, etc.. Polarisant ces espaces arpentĂ©s [
] Lire la suiteARCHITECTURE ThĂšmes gĂ©nĂ©raux - Notions essentiellesÉcrit par Antoine PICON ‱ 4 952 mots Dans le chapitre Distribution » [
] La rĂ©flexion sur les usages est aussi ancienne que l'art de bĂątir. Toutefois, les recommandations qui en rĂ©sultent sont restĂ©es longtemps sommaires. Qu'il s'agisse des temples, des basiliques ou des villas, Vitruve se contente par exemple de donner quelques conseils gĂ©nĂ©raux, sans jamais entrer dans le dĂ©tail de la disposition des espaces les uns par rapport aux autres. Les traitĂ©s d'architecture [
] Lire la suiteVoir aussiARTS DE L' AFRIQUE NOIREBOIS architectureCASE habitationGROUPES ethnologieMATÉRIAUX architectureTERRE architectureRecevez les offres exclusives Universalis
LedĂ©rapage d’un car de transport TSR a fait trois morts et 46 blessĂ©s, dans la nuit de vendredi Ă  samedi, vers Boromo, sur l’axe Ouaga-Bobo, a-t-on appris de sources concordantes proches de la localitĂ©, situĂ©e Ă  environ 180 km Ă  l’ouest de Ouagadougou. L’accident, a-t-on rapportĂ© Ă  l’AIB, a eu lieu trĂšs tĂŽt samedi,
ï»żQuestion 2198 ProposĂ©e par Answiki le 05/11/2021 Ă  192755 UTC Answer Submitted by Answiki on 11/05/2021 at 072802 PM UTC Question by Answiki 11/05/2021 at 072755 PM Comment appelle-t-on les habitants du Zimbabwe ? Question by Answiki 11/05/2021 at 072755 PM Comment nomme-t-on les habitants du Zimbabwe ? Question by Answiki 11/05/2021 at 072755 PM Comment s'appellent les habitants du Zimbabwe ? Question by Answiki 11/05/2021 at 072755 PM Quel est le gentilĂ© du Zimbabwe ? Icons proudly provided by Friconix. LesZimbabwĂ©ens? - Topic On appelle comment les habitants du Zimbabwe ? du 26-08-2018 11:48:33 sur les forums de jeuxvideo.com Table des matiĂšres Comment appelle T-ON les habitants de ? Comment s'appelle les gens qui habite Ă  Montcuq ? Comment Appelle-t-on quiz ? Comment Appelle-t-on les habitants de Matam ? Comment appel T-ON les habitants de Kolda ? Comment appel T-ON les gens de Valenciennes ? Quel est le code postal de Montcuq ? Comment Appelle-t-on les habitants de SĂ©dhiou ? Comment Appelle-t-on les habitants de Ziguinchor ? Comment appelle T-ON les habitants de ? GentilĂ© qui dĂ©cide ? Pour rappel, un gentilĂ© est la dĂ©signation des habitants d'un lieu ville, dĂ©partement, rĂ©gion, pays
. Comment s'appelle les gens qui habite Ă  Montcuq ? Comment s'appellent les habitants de Montcuq Lot? - Les Montculotais. - Les Montcuquois. Comment Appelle-t-on quiz ? Lorsqu'il ne s'agit pas d'un jeu, on parle plutĂŽt de questionnaire » ou de test » que de quiz. Comment Appelle-t-on les habitants de Matam ? Les habitants sont principalement des Peuls ou Halpoulaars. Comment appel T-ON les habitants de Kolda ? Kolda est une ville du SĂ©nĂ©gal situĂ©e en Haute-Casamance, au sud du pays, Ă  proximitĂ© de la frontiĂšre avec la GuinĂ©e-Bissau.... MandatAbdoulaye Bibi BaldĂ© DĂ©mographieGentilĂ©KoldoisPopulation65 573 hab. 200914 autres lignes Comment appel T-ON les gens de Valenciennes ? ValenciennesAdministrationCode postal59300Code commune59606DĂ©mographieGentilĂ©Valenciennois28 autres lignes Quel est le code postal de Montcuq ? 46800 Montcuq/Codes postaux Comment Appelle-t-on les habitants de SĂ©dhiou ? Sedhiou un sothiou. Comment Appelle-t-on les habitants de Ziguinchor ? ZiguinchorAdministrationMaire MandatAbdoulaye BaldĂ© DĂ©mographieGentilĂ©Ziguinchorois / ZiguinchoroisePopulation158 370 hab. 200714 autres lignes . 285 444 147 554 408 585 350 468

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